Certains analystes avancent le chiffre d’une réduction des quotas de production de l’ordre d’un million de barils par jour pour le mois de novembre.
L’Opep+, qui se réunit mercredi à Vienne, se prépare-t-elle à une réduction drastique de sa production de pétrole? A mesure que les perspectives économiques s’assombrissent, et avec elles, celles de la demande en brut, les murmures s’intensifient.
Les treize membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), menés par l’Arabie saoudite, et leurs dix partenaires conduits par la Russie seront de retour physiquement dans la capitale autrichienne, siège du cartel, pour la première fois depuis mars 2020.
Le signe peut-être d’une décision majeure: «De nombreuses rumeurs circulent sur la façon dont l’alliance va réagir à la détérioration du contexte économique», souligne Craig Erlam, chez Oanda.
Certains analystes avancent le chiffre d’une réduction des quotas de production de l’ordre d’un million de barils par jour pour le mois de novembre.
Ce serait la baisse la plus significative depuis les coupes historiques de près de 10 millions décidées au printemps 2020, devant l’effondrement de la demande liée à la pandémie de COVID-19.
En réaction, les cours de l’or noir bondissaient lundi de plus de 5%, avant de se stabiliser aux environs de 83 dollars pour le WTI américain et 88 dollars pour le Brent de la mer du Nord.
Les prix des deux références mondiales du brut restent toutefois encore loin de leurs sommets enregistrés en mars, à près de 140 dollars le baril, au début de la guerre en Ukraine.
Déjà en septembre, face aux craintes de récession, l’Opep+ avait légèrement abaissé son objectif (de 100.000 barils), pour la première fois depuis plus d’un an, et s’était dit prête à faire plus.
«Le groupe de producteurs a perdu le contrôle du marché pétrolier ces dernières semaines et voudra réaffirmer son influence», estime Stephen Brennock, analyste chez PVM Energy.
La question est désormais de savoir quelle sera l’ampleur de la coupe. Selon la banque UBS, une baisse d’au moins 500.000 barils serait nécessaire pour «stopper la dynamique négative des prix».
Un soulagement pour l’alliance, qui échoue presque tous les mois - à quelques rares exceptions près - à atteindre ses quotas.
Une coupe, même sévère, serait «très facile à mettre en oeuvre», «étant donné que la plupart des membres sont à la limite de ce qu’ils peuvent produire», confirme Bjarne Schieldrop, de Seb.
L’analyste note que l’Arabie saoudite produit actuellement 11 millions de barils par jour, une production si élevée qu’elle n’a été capable de la maintenir que «deux fois dans son histoire», et pas plus d’un mois ou deux.
Reste enfin à voir comment vont réagir les Occidentaux, plutôt satisfaits de l’actuel repli des cours, alors que la montée des prix à la pompe pèse sur les automobilistes.
«Toute réduction frustrera sans aucun doute les pays consommateurs qui sont au bord de la récession après avoir passé une année à faire face à la flambée des coûts énergétiques en raison de la reprise post-pandémique et de la guerre en Ukraine», avertit M. Erlam.
Ils réclament une ouverture plus large des vannes depuis plusieurs mois. Le président américain Joe Biden s’était même rendu mi-juillet en Arabie saoudite pour tenter d’influer sur la stratégie de Ryad.
Las, la décision de l’Opep+ de resserrer le robinet sonne comme un camouflet pour la Maison Blanche. Pour M. Erlam, «l’ampleur de la réduction déterminera l’ampleur de la réaction».