La monnaie unique a reculé jusqu’à 1,0144 dollar, après avoir déjà enregistré la veille un plus bas de 19 ans. Vers 20h40, elle restait proche de ce niveau, à 1,0158 dollar.
L’euro est descendu jeudi à un niveau plus vu depuis décembre 2002, coincé par la conjonction d’une crise énergétique, d’une inflation galopante et d’un ralentissement économique en cours, un casse-tête pour la Banque centrale européenne (BCE).
La monnaie unique a reculé jusqu’à 1,0144 dollar, après avoir déjà enregistré la veille un plus bas de 19 ans. Vers 18H40 GMT, elle restait proche de ce niveau, à 1,0158 dollar.
L’euro a aussi glissé à son plus faible cours depuis plus de sept ans face au franc et au dollar canadien.
«Il y a très peu de raisons d’acheter de l’euro en ce moment», a commenté Juan Manuel Herrera, de Scotiabank. A l’inverse, les vents contraires s’accumulent face à la devise commune à 19 pays européens, les tensions sur l’approvisionnement en énergie ayant actuellement l’ascendant.
«Il y a beaucoup d’incertitude», explique l’analyste, en particulier «sur le fait de savoir si la Russie va ou non suspendre ses livraisons de gaz à l’Europe». Un tel scénario «signifierait que la zone euro ferait face à des rationnements au second semestre», ce qui aggraverait encore l’état de l’économie, déjà fragile.
«Est-ce que la BCE (Banque centrale européenne) peut monter ses taux pour contenir l’inflation, tout en gardant les rendements obligataires bas et en prévenant un retournement de l’économie ? C’est un tâche difficile et il semble que le marché ne l’en croit pas capable», a fait valoir Christopher Vecchio, de DailyFX.
«Aux niveaux actuels, si proches du seuil psychologique de la parité, le cours va être principalement orienté par son élan, l’humeur et les nouvelles», a anticipé, dans une note, Boris Kovacevic, de Western Union.
Pour lui, la monnaie unique pourrait basculer sous le dollar si les marchés actions se remettaient à baisser, si les approvisionnements de gaz à l’Europe se réduisaient encore ou si les cambistes se mettaient à croire à une BCE moins agressive.
La dégringolade de l’euro et la volatilité hors norme des marchés sont accentuées par un manque de liquidité, qui amplifie les variations des cours.
A cela s’ajoute la forte demande de dollar dans ce contexte d’incertitude généralisé, ainsi qu’une vague de spéculation contre la principale devise européenne.
Egalement malmenée ces derniers jours, la livre sterling s’offrait, elle, un répit jeudi, après l’annonce de la démission du premier ministre Boris Johnson, au terme d’une longue crise politique.
Même si le départ du chef du parti conservateur britannique peut contribuer à stabiliser le paysage politique, le Royaume-Uni «a toujours à faire face à de l’inflation et des problèmes de croissance», a tempéré Christopher Vecchio.
En outre, souligne l’analyste, les cambistes s’attendent à ce que la Banque d’Angleterre se montre un peu moins dure dans son resserrement monétaire que d’autres banques centrales, en premier lieu la Réserve fédérale américaine (Fed), ce qui désavantage la livre, par crainte de provoquer une récession.