Nestlé mise sur les jeunes pousses pour conquérir le créneau végétarien

AWP

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Le géant de l’agroalimentaire lance un incubateur de start-up dans un de ses centres de R&D en région bernoise.

Nestlé met les bouchées doubles sur les alternatives végétariennes aux produits laitiers: pour conquérir ce marché en pleine expansion, le géant suisse de l’alimentation a lancé lundi un incubateur de start-up dans un de ses centres de recherche et développement près de Berne.

Les micro-entreprises, étudiants ou chercheurs peuvent venir y développer des projets pendant une durée de six mois en partenariat avec le groupe suisse, a-t-il indiqué dans un communiqué.

Au sein de ce centre spécialisé dans la recherche sur les produits laitiers, les jeunes pousses peuvent s’appuyer sur ses équipements, bénéficier de son expertise dans les procédés de fabrication mais aussi dans les techniques de commercialisation pour comprendre comment placer au mieux leurs produits en rayon.

«L’innovation dans les produits laitiers et alternatives lactées à base de plantes sont au coeur de la stratégie du portefeuille de Nestlé», a déclaré son directeur général Mark Schneider lors de l’inauguration de cet incubateur.

Le groupe, qui présentait notamment un lait végétal à base de pois jaunes élaboré entre ses murs par une jeune pousse, compte répliquer la formule dans une douzaine d’autres centres, avec pour objectif de contribuer à terme à entre 100 et 200 projets par an, a indiqué Stefan Palzer, son directeur de la technologie, à l’AFP.

Inspiration pour ses produits végétariens

«Le secteur est en train de changer rapidement», a-t-il reconnu, avec l’évolution rapide des habitudes alimentaires. Ces projets «sont une grande source d’inspiration pour nos équipes», a-t-il ajouté, au moment même où le groupe multiplie lui les lancements de produits végétariens.

Pour relancer la croissance du groupe, M. Schneider, l’ancien patron du groupe allemand de santé Fresenius, a mis l’accent sur les produits dits à base de plantes.

Quelques mois après son arrivée aux commandes, début 2017, Nestlé avait été pris pour cible par le fonds activiste américain Third Point, qui reprochait au groupe de s’être laissé distancer par des entreprises plus petites et plus en phase avec les nouvelles tendances de consommation.

Dès ses premières transactions, le nouveau patron avait toutefois déjà donné le ton, notamment en prenant une participation dans Freshly, une entreprise américaine de livraison de plats à domicile incluant une large gamme de produits sans gluten, à faible teneur en glucides ou végétariens. Peu après, Nestlé avait racheté l’entreprise californienne Sweet Earth, spécialisée dans les plats végétariens.

Historiquement, le groupe est parfois «passé à côté de certaines tendances de consommation ou a été lent à réagir», a fait valoir Jon Cox, analyste chez Kepler Cheuvreux, dans un courriel à l’AFP.

Mais, cette fois, «Nestlé semble vraiment avoir pris de l’avance sur le marché des alternatives à base de plantes», a-t-il jugé. Et compte tenu de ses ressources illimitées, le groupe est bien placé pour figurer parmi les grands gagnants sur ce segment, a-t-il estimé.

Le groupe s’est depuis lancé sur le segment en pleine croissance des alternatives à la viande, avec un burger végétarien, avant de compléter sa gamme de produits avec des saucisses végétariennes et plus récemment avec un produit végétarien répliquant le goût du thon.

Dans les produits laitiers, Nestlé s’apprête à lancer en Europe une boisson à base de lait végétal, produit à partir d’avoine et de pois, pour sa marque de lait chocolaté Nesquik.

Basé à Konolfingen, au pied des Alpes bernoises, le site où se trouve cet incubateur fait partie des grands centres de recherche du groupe, où il a collaboré dans les années 1950 à la mise au point du procédé de stérilisation à haute température, dit UHT, pour le lait en brique, en partenariat avec l’entreprise suédoise Tetra Pak.

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