Nestlé: 40 millions par an contre le travail des enfants

AWP

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Greenpeace a reconnu les «gros efforts» du groupe «ces dix dernières années pour être plus transparent» sur ce sujet et sur d’autres, comme celui de la déforestation.

Nestlé injecte chaque année 40 millions de francs dans un programme visant notamment à éradiquer le travail d’enfants dans sa chaîne d’approvisionnement du cacao. Mais la problématique reste d’actualité, alors que la votation sur l’initiative pour des multinationales responsables s’approche.

Chaque année, le groupe veveysan achète 400’000 tonnes de cacao pour ses confiseries et autres produits chocolatés, dont la très grande majorité provient de la Côte d’Ivoire et du Ghana, a expliqué Darrell High, lors d’une table ronde. Le chef du «Plan Cacao» de Nestlé a indiqué que «la plupart (des plantations) est tenue par de petits agriculteurs, qui possèdent autour de trois hectares, et c’est cela qui entraîne un certain nombre d’enjeux».

Depuis 2012, le géant de l’alimentaire a identifié 18’000 enfants travaillant dans des plantations lui fournissant du cacao. Nestlé a affirmé que ses initiatives ont depuis permis à 55% d’entre eux d’arrêter «ces activités dangereuses», mais elle s’est refusée à apporter davantage de précisions chiffrées ou à divulguer le nombre actuel d’enfants faisant toujours partie de ses chaînes d’approvisionnement.

Une problématique qui subsiste, alors que le chef du «Plan Cacao» estime que beaucoup de producteurs flirtent avec le seuil de pauvreté et peinent à tirer un revenu de leur exploitation. Selon M. High, ils ne gagnent en moyenne que 2000 dollars (1824 francs) par année, l’équivalent d’un peu moins de 5 francs par jour.

L’initiative «Plan Cacao» et les 40 millions de francs qui y sont injectés chaque année visent à améliorer leurs conditions de vie et leur productivité. Greenpeace, pourtant habitué à tacler le groupe, a reconnu «de gros efforts ces dix dernières années pour être plus transparent» sur ce sujet et sur d’autres, comme celui de la déforestation.

Votation populaire

Cette table ronde, organisée à Lausanne, a été reproduite à Zurich et dans d’autres villes. Une opération transparence, alors que le soutien à l’initiative pour des multinationales responsables progresse. 78% des personnes interrogées par un sondage d’Institut Link en mai se déclarent favorables au texte, soit 11 points de plus qu’en février 2019.

Ce texte, soumis au vote le 29 novembre, veut faire en sorte que les grands groupes suisses respectent les droits humains et l’environnement à l’étranger. Il donnerait la possibilité à quiconque ayant subi un dommage par une multinationale dont le siège est en Suisse de demander réparation auprès de la juridiction helvétique.

Paul Bulcke, président de Nestlé, a été très clair: cette initiative n’est pas une bonne idée. Récemment invité au Swiss Economic Forum (SEF) à Montreux, le dirigeant a affirmé aux 900 participants présents que la proposition «ne va pas dans le bon sens. Les entreprises vont devoir prouver leur innocence constamment».

«Vous allez devoir consacrer une quantité immense de ressources à cette défense au lieu de les utiliser pour faire ce que vous faites de mieux, renforcer des communautés» a-t-il affirmé.

Contacté par AWP, Christophe Barman, membre du comité d’entrepreneurs pour l’initiative, a pourtant expliqué que la présomption d’innocence est respectée puisque «c’est à la victime de prouver que la multinationale est responsable du dommage subi». Elle doit entre autres apporter la preuve du contrôle qu’exerce la multinationale sur l’entreprise à l’étranger, s’il s’agit d’une filiale. Les simples fournisseurs ne sont donc pas concernés par l’initiative.

Reste que chez Nestlé, l’initiative inquiète. Le travail d’enfants, mais aussi la déforestation ou la pauvreté endémique chez les agriculteurs sont des problématiques pour lesquelles le groupe est régulièrement épinglé.

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