Marché du travail: la Suisse épinglée pour les cadres féminins

AWP

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En terme de décalage salarial hommes-femmes, la Suisse est le troisième plus mauvais élève, derrière l’Autriche et Israël, affirme l’Organisation internationale du travail.

Plus de 60% des entreprises dans le monde attentives à la diversité entre hommes et femmes dans des postes à responsabilités étendent leurs bénéfices. La Suisse fait partie des mauvais élèves sur le décalage salarial, dit un rapport de l’OIT publié mercredi à Genève.

En Europe et en Asie centrale, seuls l’Italie, le Kazakhstan et Israël paient encore moins bien les femmes cadres par rapport à leurs homologues masculins. Sur l’ensemble des employés, la Suisse est la troisième plus mauvaise, derrière l’Autriche et Israël, affirme l’Organisation internationale du travail (OIT) après un sondage auprès de 13’000 entreprises de 70 pays au total.

Elle arrive aussi en milieu de liste, à la 21e place, pour la part de femmes parmi les cadres, environ un tiers. Elle est également l’un des pays où le pourcentage de femmes diplômées du supérieur par rapport aux hommes est le plus bas.

Dans le monde, malgré les engagements des entreprises, les avancées pour davantage de femmes aux postes à responsabilités sont «partagées», a expliqué devant la presse une responsable de l’OIT. Le nombre de patronnes n’a pas vraiment augmenté récemment et s’établit toujours à moins d’un quart.

Certains pays font mieux, d’autres ont vu la situation se détériorer. Autre donnée, les femmes dirigent plutôt des PME. Elles constituent 26% des chefs de ces entreprises.

Loi suisse votée

En Suisse, pour les entreprises cotées d’au moins 250 employés, la loi prévoit désormais des quotas de 30% de femmes dans les conseils d’administration et de 20% des cadres. Elle a été votée après les indications rassemblées pour le rapport de l’OIT.

Or, celui-ci précise que les effets bénéfiques de la diversité sont observés dès qu’au moins 30% de femmes comme dirigeantes ou hautes responsables oeuvrent dans une entreprise. Près de 60% des sociétés n’atteignent pas cette part.

Pour autant, l’OIT ne recommande pas formellement des quotas. La culture d’entreprise est cruciale plutôt que d’imposer un dispositif, estime la responsable de l’organisation. Certes, la part a augmenté en Norvège mais les mêmes femmes se retrouvaient souvent dans les conseils d’administration.

Les intérêts pour les entreprises qui affichent une politique de diversité, près de trois quarts de celles interrogées, sont importants, montre le rapport. Près de trois quarts de ces sociétés observent une extension de leurs résultats de 5 à 20%. La majorité atteignent une augmentation de 10 à 15%.

Elles ont 9% de possibilités supplémentaires d’améliorer leur succès par rapport aux autres sociétés. Près de 58% des personnes interrogées admettent que les initiatives pour davantage de diversité entre hommes et femmes y contribuent.

Femmes peu nombreuses dans les conseils d’administration

Le même nombre considère qu’il est plus facile d’attirer des collaborateurs de qualité. Quasiment autant ajoutent que la marque de l’entreprise a été renforcée.

Plus de la moitié disent être plus innovantes. Et autre indication, selon des chiffres sur près de 30 ans jusqu’en 2017 auprès de plus de 185 pays, l’augmentation du taux d’activité des femmes, partout sauf en Asie/Pacifique, et la croissance du Produit intérieur brut (PIB) sont liées.

Les bénéfices sont aussi plus importants en cas de parité au conseil d’administration, avec 20% de possibilités supplémentaires de les étendre, et si celui-ci est piloté par une femme. Mais moins d’un tiers des entreprises honorent le seuil minimal d’un tiers de femmes à ces fonctions. Environ une société sur huit n’en rassemble même aucune dans son organe de surveillance.

Les tâches familiales constituent toujours un obstacle et une culture d’entreprise établie sur les hommes ne favorise pas non plus la diversité. L’organisation souhaite des politiques plus favorables comme la diminution des écarts de rémunération entre hommes et femmes, de la flexibilité et des congés paternité. Selon la responsable de l’OIT, les entreprises modifient leur attitude parce qu’elles veulent refléter davantage leurs marchés et la société plus large.

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