Les USA s’acharnent sur le Canada pour un accord sans le Mexique

AWP

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Les tractations pour moderniser le traité de libre-échange «s’éternisent», déplore le principal conseiller économique de la Maison Blanche, Larry Kudlow.

Les Etats-Unis espèrent convaincre le Canada de conclure un traité bilatéral de libre-échange en lieu et place de l’accord Aléna qui lie Washington, Mexico et Ottawa depuis 1994 et dont la renégociation, imposée par Donald Trump, peine à aboutir.

Le principal conseiller économique de la Maison Blanche, Larry Kudlow, a indiqué mardi matin qu’il avait informé Ottawa de la volonté du président américain de négocier un accord séparé pour remplacer le traité de libre-échange nord américain (Aléna).

«J’attends d’avoir un retour. J’ai discuté hier avec un de leurs plus hauts responsables, proche du premier ministre (Justin Trudeau). Il reviendra sans doute vers moi aujourd’hui» mardi, a-t-il déclaré sur la chaîne américaine Fox News.

Il espère en outre avoir «une réponse dès que possible pour faire avancer l’ensemble du processus» vers un nouvel accord.

Le président, Donald Trump, avait lui-même évoqué vendredi la possibilité de négocier finalement des accords séparés avec le Canada et le Mexique, mettant alors en avant les différences marquées entre les deux pays et qualifiant une nouvelle fois l’Aléna d’«accord calamiteux».

Le président américain martèle depuis des mois qu’il préfère les négociations bilatérales aux discussions multilatérales.

Les tractations pour moderniser l’Aléna, entamées en août 2017, «s’éternisent», a en outre observé Larry Kudlow. Par conséquent, des accords séparés «pourraient être conclus plus rapidement», a-t-il insisté.

«Il est hors de question pour l’instant» de conclure un accord bilatéral entre le Canada et les États-Unis, a toutefois affirmé de son côté à l’AFP un haut responsable canadien sous couvert d’anonymat alors que Donald Trump et Justin Trudeau doivent se retrouver vendredi et samedi au Québec à l’occasion du sommet du G7.

Ce haut fonctionnaire est en grande partie revenu, sans pour autant les démentir, sur des propos précédemment tenus par une source gouvernementale canadienne indiquant que le Canada n’excluait pas de signer un accord commercial bilatéral séparé avec les Etats-Unis face à l’enlisement de la renégociation de l’Aléna.

«On n’est pas rendu à un point où une demande a été faite pour un accord bilatéral (...) On demeure fortement concentré sur une renégociation trilatérale de l’Aléna», a souligné cette source.

Blocages

Canada, Etats-Unis et Mexique n’ont actuellement pas prévu de nouveau cycle de renégociation pour l’Aléna, après l’échec de la semaine dernière, a ajouté ce haut responsable canadien, notant cependant que «le contact» était maintenu entre les trois pays «par téléphone et par courriel».

Ce n’est pas la première fois que Donald Trump suggère de conclure un tel accord commercial direct. Il en avait ainsi fait part à Justin Trudeau il y a un an, lors de sa visite à la Maison Blanche.

Mais Ottawa a, jusqu’alors, répété qu’il voulait aboutir à un Aléna modernisé qui profite aux trois pays.

Le ministre de l’Economie mexicaine, Ildefonso Guajardo, a de son côté réaffirmé mardi la volonté de son pays de maintenir un accord trilatéral «très productif pour l’intégration de l’Amérique du nord et qui est déjà une étiquette mondialement connue pour les investisseurs».

Si l’Aléna cessait d’exister, cela conduirait à «une perte de valeur», a-t-il également estimé.

Ce traité est vital pour le Mexique qui exporte près de 80% de ses produits vers le marché américain.

Washington et Ottawa sont eux aussi intimement liés. Quelque 9 millions d’emplois américains dépendent du commerce et des investissements avec le Canada.

Chaque jour, près de 2 milliards de dollars de marchandises et services traversent la frontière américano-canadienne. Et le Canada est le plus gros client des Etats-Unis.

Les tractations sur l’Aléna achoppent actuellement sur les exigences de l’administration Trump qui veut imposer une «clause crépusculaire» («Sunset») qui, tous les cinq ans, permettrait aux parties de mettre fin à l’accord.

Les négociations sont en outre perturbées par les échéances politiques: les élections présidentielles le 1er juillet au Mexique puis celles de mi-mandat aux Etats-Unis le 6 novembre.

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