Selon l’OIT, la moitié des rémunérations du travail est percue par 10% des travailleurs les plus riches.
Les 10% des travailleurs les plus pauvres dans le monde devraient être actifs plus de trois siècles pour atteindre les revenus qu’obtiennent en un an les plus riches. Ceux-ci se répartissent 48,9% des rémunérations du travail, a affirmé jeudi l’OIT à Genève.
Selon ces données qui portent sur 2017, les 50% des personnes aux salaires les moins élevés doivent se contenter de 6,4%. Pire encore, les 20% de travailleurs aux plus bas revenus, environ 650 millions de personnes, se partagent moins d’1% des rémunérations. Un chiffre quasiment inchangé en 13 ans.
Plus largement, les inégalités mondiales des revenus du travail ont reculé, grâce à la situation des économies émergentes comme la Chine, relève l’Organisation internationale du travail (OIT). Alors même qu’elles augmentent au niveau national si tous les pays sont pris en compte, selon ces données portant sur 189 d’entre eux.
Récemment, l’OIT a décidé une politique qui place en priorité les êtres humains face aux nouvelles technologies, notamment les plates-formes numériques. Pour la première fois, des données comparent les revenus des auto-entrepreneurs par rapport à ceux des salariés.
Selon les estimations, les revenus des premiers semblent plus importants dans certains cas dans les pays riches, alors que ces travailleurs sont en revanche «très pénalisés» dans les Etats pauvres, a noté devant la presse un responsable de l’organisation.
Pour la première fois également, des chiffres comparent la part du Produit intérieur brut (PIB) qui revient aux travailleurs, plutôt qu’au capital. La part est passée en 13 ans de 53,7 à 51,4%. Cette situation est observée davantage en Allemagne, en Indonésie, en Italie, au Pakistan et aux Etats-Unis.
Les Etats pauvres affichent des niveaux d’inégalités de rémunération beaucoup plus élevés que les plus riches. En Afrique subsaharienne, 50% de travailleurs rassemblent à peine plus de 3% des revenus du travail. Dans l’UE, la part du même groupe atteint près d’un quart.
Le second nouvel indicateur porte sur le mode dont les revenus du travail sont distribués. Les plus hauts revenus augmentent alors que les autres segments reculent, fait remarquer un autre responsable de l’OIT. Une croissance des rémunérations des premiers semble faire reculer celles des autres travailleurs, alors qu’une amélioration des salaires du groupe intermédiaire bénéficie à toutes les personnes.
Les revenus de nombreux travailleurs sont insuffisants, affirme l’OIT. Le salaire moyen des 50% les plus pauvres n’est que de 198 dollars par mois.
Les 10% aux plus bas revenus, environ 1,6 milliard de personnes, peuvent s’appuyer sur à peine plus de 20 dollars. Alors que le même pourcentage des plus riches, environ 300 millions de personnes, bénéficie de plus de 7400 dollars. Les nouvelles données seront utilisées pour évaluer les avancées sur les Objectifs de développement durable (ODD), explique encore l’OIT.