Les craintes pour l’économie font reculer l’euro

AWP

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La possibilité de sanctions sur le pétrole russe a fait reculer l’euro à son plus bas depuis mai 2020 à 1,0806 dollar en début de séance. Vers 20h45, la devise européenne lâchait 0,59% à 1,0863 dollars.

Le conflit en Ukraine pesait lourdement sur l’euro et les devises européennes lundi, tandis que le dollar atteignait un plus haut en presque deux ans, les investisseurs craignant pour l’économie du Vieux Continent et redoutant l’inflation.

La possibilité de sanctions sur le pétrole russe a fait reculer l’euro à son plus bas depuis mai 2020 à 1,0806 dollar en début de séance. Vers 19H45 GMT, la devise européenne lâchait 0,59% à 1,0863 dollars.

Depuis le début du conflit, l’euro a perdu presque 4% par rapport au dollar qui joue le rôle de valeur refuge.

Le dollar index, qui mesure la valeur du billet vert par rapport à six autres grandes devises, avançait de 0,49% à 99,12 points, un plus haut depuis mai 2020.

La monnaie américaine était d’autant plus soutenue que, vu l’inflation dopée par l’envolée des prix du brut et des matières premières, la Banque centrale américaine (Fed) devrait relever les taux plusieurs fois cette année.

En revanche, du côté de la BCE, les tours de vis monétaires s’éloignent, estiment les analystes, ce qui plombe la monnaie européenne.

«L’incertitude économique élevée, du fait de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, a entraîné une forte réévaluation des anticipations de politique monétaire du côté de la Banque centrale européenne (BCE)», notait Shaun Osborne de Scotiabank.

«Les dommages économiques causés par la guerre en Ukraine pourraient maintenant repousser une première hausse des taux de la BCE à début 2023 et peut-être au-delà, selon l’évolution de la situation», a ajouté le stratège en chef pour le marché des changes chez Scotiabank.

«Entre-temps, la dynamique de l’emploi et de l’inflation aux Etats-Unis va maintenir la Fed sur la voie du resserrement», a-t-il relevé.

Alors que la Fed tient sa réunion de politique monétaire la semaine prochaine, celle du Conseil des gouverneurs de la BCE intervient jeudi.

L’institution européenne n’a pas énormément de marges de manoeuvre face au double risque d’un choc d’inflation et d’un ralentissement de la croissance en zone euro.

«Malgré la hausse des prix, la BCE va probablement retarder son calendrier de resserrement monétaire», juge aussi Han Tan, analyste chez Exinity.

Sur le marché des changes, la première victime du conflit restait le rouble.

La monnaie russe fondait de 16%, à 139,29 roubles pour un dollar, après avoir touché 177,26 roubles, un nouveau plus bas historique. Depuis le 1er janvier, le rouble a dégringolé de 51%.

Les monnaies des pays frontaliers de l’Ukraine souffraient également: -2,5% pour la devise polonaise à 4,58 zlotys pour un dollar, après avoir un nouveau plus bas depuis novembre 2000 à 4,62 zlotys.

Le forint hongrois évoluait lui à 364 forints pour un dollar, après avoir atteint un plus bas historique à 367,94 forints.

Effet ricochet sur l’Ouest

Des sanctions sur les exportations de pétrole russe «feraient ricochet sur les économies» européennes, «diminuant l’offre sur le marché mondial, augmentant les prix pour les industries et rendant encore plus douloureuse la hausse du coût de la vie», détaille Susannah Streeter, analyste chez Hargreaves Lansdown.

L’Europe est bien plus dépendante du gaz russe que les États-Unis. L’impact attendu sur la croissance du Vieux continent est donc plus important que sur l’économie américaine, moins liée à celles de la Russie et l’Ukraine.

Les cambistes ont également limité leurs achats de livre britannique, alors que la Banque d’Angleterre se réunira la semaine prochaine.

La livre britannique, moins directement touchée pour l’instant (-3% depuis le 1er janvier), reculait fortement lundi (-0,94% à 1,3106 dollar), un niveau plus vu depuis plus d’un an.

Dans ce contexte morose, l’or, valeur refuge, grimpait à 1.994 dollars vers 19H45 GMT après avoir atteint un nouveau sommet depuis août 2020 à 2.002,59 dollars.

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