Les banques suisses ont investi 19,8 milliards dans le charbon

AWP

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Parmi les établissements suisses, Credit Suisse arrive en tête des sommes prêtées ou aidées à lever avec 13,5 milliards. Viennent ensuite UBS (5,2 milliards) et Habib Bank (500 millions). Les banques réagissent.

Depuis 2019, les banques suisses ont prêté ou aidé à lever 19,8 milliards de dollars pour des entreprises actives dans la filière du charbon. Au niveau mondial, les instituts financiers ont apporté 1,5 billion de dollars aux entreprises actives dans le domaine, selon des données publiées mardi par des ONG.

Les ONG Urgewald, Reclaim Finance, 350.org Japan et 25 autres partenaires ont comptabilisé différents types de financements (prêts, émissions d’actions et obligations) accordés par les acteurs financiers entre janvier 2019 et novembre 2021 aux entreprises de la Global Coal Exit List (GCEL), qui rassemble les 1'032 entreprises les plus actives dans la filière du charbon dans le monde.

Parmi les établissements suisses, c’est Credit Suisse qui arrive en tête des sommes prêtées ou aidées à lever avec 13,5 milliards. Viennent ensuite UBS (5,2 milliards), Habib Bank (500 millions) et la Banque cantonale de Zurich (255 millions), indique l’association les Artisans de la Transition dans un communiqué diffusé mardi et mettant en avant les chiffres pour la Suisse.

Ce total de près de 20 milliards représente un peu moins de 1,3% des sommes prêtées ou aidées à lever au niveau mondial. La Suisse se classe 8e au niveau international.

Actions et obligations 

Les ONG ajoutent en outre que les banques suisses continuent d’investir dans les entreprises actives dans la filière du charbon. Fin 2021, elles détenaient plus de 22 milliards de dollars d’actions et d’obligations d’entreprises figurant sur la GCEL.

C’est UBS qui en détient le plus avec 7,6 milliards, suivie par le Groupe Pictet (6,1 milliards), Credit Suisse (2,6 milliards), la Banque nationale suisse (2,5 milliards) et la Banque cantonale de Zurich (0,6 milliard). Cela représente 1,44% des actions et obligations au niveau mondial. En comparaison internationale, la Suisse figure au 9e rang.

Dans une prise de position transmise à Keystone-ATS, UBS dit appliquer des normes «strictes» en matière de développement durable et de risque climatique à toutes ses transactions commerciales. Elle encourage les entreprises à s’aligner sur l’Accord de Paris.

De son côté, la Banque nationale suisse dit avoir exclu dès décembre 2020 de ses placements les titres de toutes les entreprises principalement actives dans l’extraction du charbon comme source d’énergie. Credit Suisse dit lui viser un niveau net zéro dans ses opérations, sa chaîne d’approvisionnement et ses activités de financement d’ici 2050, avec des objectifs intermédiaires d’ici 2030.

Banques japonaises et chinoises 

Au niveau mondial, 376 banques ont prêté 363 milliards à des entreprises actives dans la filière du charbon, mais 12 banques sont responsables de 48% des prêts, notent Urgewald et ses partenaires dans leur communiqué. Le top 5 des banques qui ont prêté le plus est composé des trois banques japonaises Mizuho Financial, Mitsubishi UFJ Financial et SMBC Group, suivies par la britannique Barclays et l’américaine Citigroup.

En outre, 484 banques ont versé 1,2 billion de dollars à ces promoteurs du charbon via l’émission de titres, poursuivent les associations. Ici, ce sont les banques chinoises qui ont été les principaux émetteurs de titres: Industrial Commercial Bank of China, China International Trust and Investment Corporation et Shanghai Pudong Development Bank. La banque américaine JPMorgan Chase est le seul établissement non chinois parmi les 12 premiers émetteurs de titres, notent les associations.

Elles pointent également du doigt les investisseurs qui achètent les titres mis sur le marché par les banques. En novembre 2021, 4900 investisseurs institutionnels détenaient pour 1,2 billion de dollars liés à l’industrie du charbon, les 24 investisseurs les plus importants détenant 46% de cette somme. Les gestionnaires d’actifs américain BlackRock (109 milliards) et Vanguard (101 milliards) sont ici en tête, suivi par Capital Group, State Street et le fonds de pension et d’investissement du gouvernement japonais.

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