Selon Yves Mersch, membre du directoire de la Banque centrale européenne, un crash pourrait affecter la stabilité du système financier au sens large si les grandes banques détenaient d’importantes positions non couvertes de monnaies virtuelles.
Les banques devraient séparer à leur bilan toute activité de négoce avec des cryptomonnaies comme le bitcoin. Elles devraient aussi les couvrir avec suffisamment de fonds propres, a déclaré lundi un membre du directoire de la Banque centrale européenne (BCE).
«En raison de la forte volatilité des monnaies virtuelles, il semblerait approprié d’exiger (des banques) que les opérations avec ce type de monnaies soient soutenues par des niveaux adéquats de capitaux et séparées des autres activités de négoce et d’investissement», a déclaré Yves Mersch lors d’une conférence en Turquie.
L’institution gardienne de l’euro effectue sa mise en garde alors que certains établissements ne cachent pas leur intention de proposer de nouveaux services impliquant le bitcoin, donnant de la légitimité à cette cryptomonnaie opaque et qui divise les milieux financiers.
Prenant le contre-pied des grandes institutions financières américaines, Goldman Sachs, a annoncé en mars se lancer dans le courtage de produits financiers liés au bitcoin.
En Suisse, les géants UBS et Credit Suisse se sont tenus à distance des monnaies virtuelles, mais un acteur plus modeste, Vontobel, a émis le premier produit structuré sur le bitcoin, un certificat de participation coté en Bourse (tracker) qui permet de participer aux mouvements sur la monnaie virtuelle sans avoir à l’acheter directement.
Un jeu très risqué, alors que de décembre à février, «le prix du bitcoin est passé de près de 20’000 dollars à moins de 7000 dollars», a estimé M. Mersch.
Le négoce utilisant de la cryptomonnaie reste de son côté embryonnaire, avec 200’000 transactions en bitcoin dans le monde par jour, contre 330 millions de paiements en monnaie courante dans la zone euro.
Mais si le marché des monnaies virtuelles devait gagner en taille, un «crash pourrait affecter la stabilité du système financier au sens large si les grandes banques détenaient d’importantes positions non couvertes de monnaies virtuelles», a prévenu Yves Mersch lundi.