Le fondateur d’Archegos mis en examen pour fraude boursière

AWP

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Bill Hwang, ainsi que le CFO Patrick Halligan, sont accusés par un tribunal fédéral de Manhattan d’avoir cherché à manipuler le marché et à tromper les investisseurs.

Le fondateur du fonds américain Archegos, ainsi que son directeur financier, ont été arrêtés et mis en examen mercredi pour fraude boursière et extorsion par un tribunal fédéral de Manhattan, les déboires de l’organisation ayant fait perdre des milliards de dollars à de grandes banques en 2021.

Bill Hwang, qui a créé Archegos, et Patrick Halligan, qui a géré ses finances, sont accusés d’avoir cherché à manipuler le marché et à tromper les investisseurs.

Les deux hommes ont été appréhendés par le FBI dans la matinée. Une audience devant le tribunal new-yorkais est prévue plus tard dans la journée.

La révélation du scandale Archegos avait provoqué l’implosion du fonds en mars 2021 et créé une onde de chocs à Wall Street.

Le procureur du district sud de New York, Damian Williams, explique, dans un document judiciaire de 59 pages, que le capital d’Archegos, constitué essentiellement de la fortune personnelle de M. Hwang, a grossi de 1,5 milliard à plus de 35 milliards de dollars entre mars 2020 et mars 2021.

M. Williams explique que pour parvenir à ces chiffres M. Hwang et ses collaborateurs ont eu recours à des «méthodes manipulatoires et frauduleuses qui ont laissé le portefeuille d’Archegos vulnérable aux fluctuations de prix d’une poignée d’actions.»

Archegos avait utilisé des produits dérivés, les «total return swaps», pour miser gros sur certaines actions, notamment celles de ViacomCBS, Discovery ou des entreprises chinoises Baidu et GSX, sans avoir à les acheter directement.

Cela lui avait permis d’accumuler des paris dans quelques entreprises via plusieurs banques, qui n’avaient pas connaissance de l’exposition totale d’Archegos aux groupes concernés.

Quand les actions avaient commencé à reculer, ces banques avaient dû liquider en urgence leurs positions et, pour certaines, enregistrer de lourdes pertes, d’un montant total de 10 milliards de dollars.

«Château de cartes»

Credit Suisse, UBS, Morgan Stanley et Nomura avaient fait partie des institutions les plus affectées. Archegos avait pour sa part implosé à la suite de ce scandale.

Les faits reprochés à M. Hwang et M. Halligan «ont mis en péril non seulement leur propre entreprise mais aussi des investisseurs innocents et des institutions financière à travers la planète», a asséné lors d’une conférence de presse Lisa Monaco, la ministre-adjointe de la Justice.

Les deux hommes font également l’objet d’une plainte déposée auprès du même tribunal new-yorkais par le gendarme de la Bourse américaine, la Securities and Exchange Commission (SEC).

L’agence américaine en charge des produits dérivés, la CFTC, a pour sa part déposé une plainte au civil.

L’ex-courtier en chef d’Archegos et l’ancien directeur de la gestion de risque du fonds spéculatif ont également été inculpés. Ils ont tous les deux plaidé coupable et ont accepté de collaborer à l’enquête fédérale.

«La débâcle d’Archegos souligne l’importance du travail que nous menons pour réformer le marché des +swaps+ et renforcer les protections, l’intégrité et la transparence de ce marché pour les investisseurs», a déclaré dans un communiqué le patron de la SEC, Gary Gensler.

Pour le responsable de la mise en oeuvre des règles à la SEC Gurbir Grewal, «Archegos a construit un château de cartes de 36 milliards de dollars en se lançant dans un cycle de manipulation boursière, en mentant aux banques pour obtenir des moyens supplémentaires et en se servant de ces moyens pour se lancer dans davantage de manipulation boursière».

Homme d’affaires sud-coréen, Bill Hwang a émigré aux États-Unis et effectué ses études en Californie avant d’être pris sous l’aile du célèbre patron du fonds spéculatif Tiger Management.

Avant le scandale Archegos, il avait été déjà été mêlé à une affaire de délit d’initiés. Il avait accepté de payer 44 millions de dollars en 2012 pour mettre fin aux poursuites de la SEC.

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