Le FMI craint pour la croissance chinoise

AWP

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Le Fonds estime qu’une escalade des tarifs douaniers entamerait fortement la croissance de la Chine.

Une escalade des tarifs douaniers dans le bras de fer commercial entre la Chine et les Etats-Unis risque d’entamer considérablement la croissance économique chinoise, a affirmé vendredi le FMI.

Dans son avis annuel sur l’économie chinoise (Article IV), le Fonds monétaire international avertit qu’»une escalade dans les tensions commerciales, notamment l’imposition de tarifs douaniers de 25% sur le reste des importations de Chine, pourrait réduire la croissance de 0,8 point de pourcentage sur 12 mois».

Le FMI a confirmé pour l’instant ses prévisions de croissance pour la Chine qui devrait marquer le pas à 6,2% en 2019 puis se porterait à 6% en 2020 contre 6,6% l’année dernière.

Ces projections s’entendent à droits de douanes constants, alors que pour l’instant 25% de tarifs supplémentaires américains sont appliqués sur plus de 250 milliards de dollars d’importations chinoises.

Mais le président américain Donald Trump a promis d’infliger 10% de taxes supplémentaires sur les 300 milliards de dollars de marchandises restantes, soit la quasi-totalité des importations américaines venues de Chine.

En conséquence, James Daniel, le responsable de la mission du FMI en Chine, estime que «de grandes incertitudes demeurent» et que «les risques sont à la détérioration» des perspectives économiques chinoises.

Si cette augmentation des droits de douane intervient en septembre, ce responsable a précisé que la croissance chinoise serait grevée de 0,3 point de pourcentage.

En cas d’affaissement de la croissance, la Chine devra prendre des mesures budgétaires de taille pour stabiliser l’économie.

Le FMI craint en outre une contagion des effets négatifs des tensions commerciales plus largement dans la région asiatique, sur la confiance des entreprises et les échanges.

Garder le yuan flexible

Sur le front des devises, alors que les Etats-Unis ont formellement accusé cette semaine Pékin de «manipuler» le yuan pour le faire baisser et rendre les marchandises chinoises plus compétitives, le FMI demande «davantage de transparence» sur la politique des changes.

«Certains directeurs» du conseil d’administration du Fonds ont aussi appelé à ce que les autorités chinoises «dévoilent leurs interventions» sur le marché des changes.

Le Fonds rappelle avoir décelé «peu» d’interventions de la Banque populaire de Chine sur le marché des changes même si le renminbi (l’autre nom du yuan) s’est déprécié d’environ 2,50% par rapport à un panier de monnaies, depuis un an.

Il invite la Chine à «conserver un taux de change flexible et déterminé par les marchés pour absorber le choc des tarifs douaniers».

Si une dépréciation plus importante de la devise chinoise devait intervenir, accompagnée d’une fuite potentielle de capitaux, Pékin devrait «communiquer clairement et possiblement intervenir sur le marché des changes pour contrer des conditions de marché désordonnées».

Lundi, le yuan a franchi le seuil de 7 yuans pour un dollar, son plus faible niveau en une décennie. Les Etats-Unis ont immédiatement appelé à la «manipulation» de devise.

Le secrétaire au Trésor Steven Mnuchin a en effet officiellement dénoncé mardi, sur ordre de Donald Trump, une manipulation du yuan par la Chine via des interventions «concrètes» sur le marché des changes, une interprétation contestée par de nombreux économistes. Il a aussi expliqué avoir pris langue avec le FMI sur la question.

En tant qu’institution monétaire internationale surveillant les balances de paiement des pays membres, le FMI est en effet l’autorité chargée de surveiller que ses pays membres ne s’adonnent pas à des dévaluations compétitives pour chercher artificiellement des avantages commerciaux.

Mais si le FMI peut encourager et encadrer des consultations bilatérales sur la question, il n’est pas clair qu’il puisse édicter des sanctions.

«On discute avec le Trésor américain sur un large éventail de questions», a seulement répondu James Daniel du FMI interrogé sur la suite que l’institution peut donner aux accusations américaines de manipulation de la monnaie chinoise.

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