Le coronavirus met la Suisse sur la tête et l’économie en danger

AWP

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Un appel romand à l’arrêt de toutes les activités de production et de service non socialement nécessaires et urgentes a été lancé.

Alors que l’épidémie de coronavirus a franchi mercredi la barre des 3000 cas, la situation de l’économie inquiète beaucoup de monde. Un appel romand à l’arrêt de toutes les activités de production et de service non socialement nécessaires et urgentes a été lancé.

La demande venant des syndicats de Suisse romande est adressée au Conseil fédéral. «Nos vies valent plus que leurs profits», justifient les signataires. A quoi bon interdire l’accès aux parcs publics si des centaines de milliers de salariés doivent travailler les uns aux côtés des autres sur les chantiers, dans des entreprises industrielles, voire dans des bureaux?, s’interrogent-ils.

Les syndicats exigent aussi l’interdiction des licenciements et la prolongation des indemnités de chômage. Tout le personnel en arrêt devrait bénéficier du maintien de son salaire.

La Fédération vaudoise des entrepreneurs s’est jointe au syndicat Unia pour demander au Conseil d’Etat vaudois l’arrêt de tous les chantiers et ateliers pour lesquels les mesures de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) ne peuvent pas être garanties. Le gouvernement vaudois a donné suite dès mercredi soir, tout comme son voisin genevois dès vendredi.

Patronat divisé

La mesure divise. La Société suisse des entrepreneurs juge qu’il faut regarder au cas par cas. Alors que le canton de Vaud a décidé de débloquer 150 millions de soutien, le Conseil fédéral a de nouveau discuté sur des mesures supplémentaires à l’économie. Il tranchera vendredi.

Pour offrir un répit aux entreprises qui ont dû fermer à cause de l’épidémie, le gouvernement a toutefois décidé de suspendre les poursuites dans toute la Suisse dès jeudi et jusqu’au 4 avril inclus. Impossible de notifier jusque-là des actes de poursuite à des débiteurs.

Pas de votation le 17 mai

Le Conseil fédéral a également annulé la votation populaire du 17 mai. Sont ainsi en suspens l’initiative de l’UDC visant à résilier la libre circulation des personnes avec l’UE, la réforme de la loi sur la chasse et celle sur l’augmentation des déductions fiscales pour la garde d’enfants. Des cantons comme Fribourg et le Tessin ont du coup reporté leurs échéances électorales.

L’initiative sur les multinationales responsables attendra aussi: les délais associés aux initiatives populaires et aux référendums seront temporairement suspendus par ordonnance du gouvernement.

Plus de 3000 cas

Les mesures n’empêchent pas l’épidémie de continuer à progresser en Suisse. Le bilan actuel se monte à 3028 cas testés positifs et 21 décès selon l’OFSP. D’après un décompte de Keystone-ATS il y a eu au moins 35 morts depuis le 5 mars, principalement des personnes âgées ou souffrant déjà d’autres maladies. La couverture médicale reste toutefois assurée pour l’instant, selon les cantons.

Douze cantons (dont NE côté romand) ont demandé l’aide de l’armée. Les militaires soutiennent les autorités civiles en priorité dans le domaine de la santé.

Le Conseil fédéral a décidé de limiter l’achat de médicaments à base de paracétamol, aspirine ou ibuprofène. Les pharmacies ne pourront délivrer qu’un seul paquet par client.

Les interdictions fédérales d’ouverture de magasins non essentiels et de rassemblement ne sont pas suivies partout. Les polices cantonales et municipales ont renforcé leur présence sur le terrain et les premières dénonciations pour désobéissance sont tombées mardi en Valais, à Haute-Nendaz, Steg et Sion. Elles concernaient deux restaurants et un magasin de vêtements restés ouverts.

Suisses bloqués

Des centaines de Suisses sont bloqués à travers le monde à cause du coronavirus. Les voyagistes font de leur mieux pour les rapatrier. La Helpline du DFAE reçoit plusieurs centaines d’appels par jour. La situation est délicate au Maroc, en Afrique du Sud ou en Ukraine et le DFAE s’efforce de faciliter les choses.

Elle n’est pas seule à surchauffer. Les infrastructures des télécommunications sont à leurs limites. Swisscom n’exclut pas des surcharges ponctuelles. Il n’y a pas eu de panne majeure mercredi. Le comportement des clients en matière de communications n’est pas complètement prévisible, a expliqué mercredi Swisscom à Keystone-ATS.

Ils passent de plus en plus d’appels, que ce soit sur le réseau fixe ou mobile. Swisscom surveille étroitement l’état du réseau et s’adapte en continu et fixe des priorités.

La Suisse étend par ailleurs les contrôles aux frontières. Les restrictions d’entrée déjà valables aux frontières italiennes, allemandes, françaises et autrichiennes s’appliquent désormais aussi à l’Espagne et à une partie du trafic aérien.

Côté réconfort, les actions de solidarité se multiplient en Suisse entre voisins et sur les réseaux sociaux. De l’aide est proposée notamment aux personnes âgées et aux parents. Certains se proposent pour prêter une chambre à du personnel soignant frontalier par exemple.

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