La productivité britannique «sinistre» inquiète les économistes

AWP

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Elle a atteint 0,1% entre juillet et septembre comparé à la même période sur un an. L’industrie manufacturière subit une chute de 1,9%.

La productivité britannique «sinistre» trimestre après trimestre et bien inférieure à son niveau d’avant la crise financière il y a plus de dix ans inquiète les économistes au Royaume-Uni, d’autant que l’activité ralentit.

D’après des chiffres du Bureau national des statistiques mercredi, la productivité, soit la production moyenne d’un travailleur britannique par heure, a atteint 0,1% entre juillet et septembre comparé à la même période sur un an, une progression anémique qui fait suite à quatre trimestres consécutifs de contraction.

Si elle stagne dans les services, elle a chuté de 1,9% au troisième trimestre dans l’industrie manufacturière, talon d’Achille de l’économie britannique, notamment à cause de la paralysie provoquée par trois ans de blocage parlementaire sur le Brexit.

«Une productivité un tout petit peu meilleure au troisième trimestre ne masque pas un panorama globalement sinistre», commente le cabinet de conseil EY.

La faiblesse endémique cette année fait suite à «une performance médiocre en 2018» et reste «sous la moyenne annuelle de 2% de croissance de la productivité observée avant la récession de 2008-2009», ajoute EY.

Au cours des dix dernières années, la productivité britannique n’a progressé que d’un poussif 0,3% en moyenne par an, ce qui a été qualifié de «statistique de la décennie» le mois dernier par l’institut Royal Statistical Society, pour mettre l’accent sur ce que les économistes considèrent comme un problème majeur, et qui ne présage rien de bon pour l’évolution de l’activité du pays.

«La productivité est le principal moteur de la croissance économique et détermine la santé économique de long terme d’une nation», insiste ainsi l’ONS.

Quant au ministre britannique des Finances Sajid Javid, il a réagi mercredi en déplorant que «la faible productivité freine notre économie depuis trop longtemps», promettant que son budget, le premier post-Brexit, et qui sera dévoilé le 11 mars, «décrira nos projets ambitieux pour réduire les inégalités dans le pays et débloquer le potentiel de la Grande-Bretagne».

Howard Archer, économiste d’EY Item Club, estime que ces chiffres montrent que, face aux incertitudes autour de la sortie de l’UE, qui sera effective fin janvier, «beaucoup d’entreprises ont préféré embaucher» plutôt que de se lancer dans de coûteux investissements sur lesquels il est difficile de revenir.

C’est ce qui explique en partie la résilience du marché de l’emploi mais aussi une grande pauvreté et de fortes inégalités dans le pays, car beaucoup de ces emplois sont précaires, mal payés, peu qualifiés et la productivité y est donc «limitée» poursuit M. Archer.

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