La Fed ouvre la porte à une baisse des taux

AWP

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«Les incertitudes entourant les perspectives se sont clairement accrues depuis notre dernière réunion», résume Jerome Powell à l’issue de deux jours de réunion du comité monétaire.

La Banque centrale américaine (Fed) a ouvert la porte mercredi à une possible baisse des taux d’intérêt pour soutenir l’économie face à la persistance des tensions commerciales et au ralentissement de la croissance mondiale.

«Les incertitudes entourant les perspectives se sont clairement accrues depuis notre dernière réunion», a résumé Jerome Powell, citant la guerre commerciale lors d’une conférence de presse à l’issue de deux jours de réunion du comité monétaire.

Il y a donc plus d’arguments en faveur d’une politique monétaire «un peu plus accommodante», a-t-il jugé.

Observant que les indicateurs de croissance du monde entier ont été décevants, il a relevé l’inquiétude grandissante sur la vigueur de l’économie mondiale.

A la question de savoir si un accord mettant fin à la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine était de nature à remettre en question la perspective d’une baisse des taux, Jerome Powell a rétorqué que les membres de la Fed «ne se concentraient pas uniquement sur un événement donné ou une seule donnée économique».

Le dirigeant, qui a fait état de sa volonté d’aller au bout de son mandat de quatre ans malgré les critiques de Donald Trump, a également expliqué que si les risques venaient à persister, la Fed utiliserait «les outils appropriés pour soutenir l’expansion américaine».

Pour l’heure, dans une décision – toutefois pas unanime –, la Fed a maintenu les taux entre 2,25% et 2,50%.

Comme attendu, la Fed a aussi retiré le mot «patience» vis-à-vis d’un prochain ajustement des taux dans son communiqué. De plus, elle a relevé que l’économie avait progressé à un rythme «modéré» et non plus «solide».

«Vu ces incertitudes et l’atonie de l’inflation, le Comité va surveiller de près les implications des données économiques à venir» et se tient prêt à «agir», c’est-à-dire à baisser les taux.

La prochaine réunion monétaire est prévue les 30 et 31 juillet et déjà une écrasante majorité d’acteurs financiers prévoit une baisse des taux, d’après l’évolution des produits à terme.

Cette annonce s’est traduite par un repli du dollar face à l’euro et aux principales devises.

La Fed a par ailleurs abaissé sa prévision d’inflation pour cette année à 1,5% au lieu de 1,8% projeté en mars mais laissé sa prévision de croissance en l’état à 2,1%.

Un membre du comité monétaire (FOMC), James Bullard de l’antenne régionale de Saint Louis (Missouri), a voté contre la décision de maintenir les taux car il aurait préféré les abaisser d’un quart de point dès maintenant.

C’est la première fois depuis décembre 2017, qu’un participant s’oppose à la décision du Comité.

Pressions

Depuis quelques mois non seulement les marchés financiers et l’administration Trump font pression pour une baisse des taux, mais encore la première économie mondiale a montré des signes mitigés, notamment du côté de l’inflation qui ne parvient toujours pas à la cible de 2% que la Fed juge saine pour l’économie.

Aux yeux de nombreux économistes, comme ceux de JPMorgan Chase, il y a près d’une chance sur deux (45%) pour que la première économie mondiale entre en récession l’année prochaine. La Fed prévoit pourtant 2% d’expansion en 2020 au lieu de 1,9% il y a trois mois.

L’industrie manufacturière commence à montrer des signes de faiblesse, selon de récents indicateurs, et les créations d’emplois ont ralenti en mai.

Surtout le regain de tensions commerciales avec la Chine assombrit grandement l’horizon.

Le président Donald Trump a toutefois fait état d’une reprise de dialogue et il doit rencontrer son homologue chinois Xi Jinping au cours du sommet du G20, la semaine prochaine au Japon.

A ces grandes tendances, s’ajoutent les invectives de Donald Trump vis-à-vis d’une banque centrale dont il conteste la politique monétaire depuis la fin de l’année.

Peu avant cette réunion monétaire, on a appris que la Maison Blanche avait activement exploré en février la possibilité de priver Jerome Powell de son titre de président pour en refaire un simple gouverneur. Un projet qui n’est «pas d’actualité maintenant», a assuré l’économiste en chef de Donald Trump, Larry Kudlow.

Mais mardi M. Trump a laissé planer le doute lorsque des journalistes lui ont demandé s’il avait l’intention de rétrograder M. Powell: «voyons ce qu’il va faire», a-t-il lancé.

Le président Trump a aussi reproché à la Banque centrale européenne (BCE) de faire chuter l’euro par rapport au dollar en projetant de stimuler à nouveau l’économie poussive, ce qui est, selon lui, «injuste» pour les Etats-Unis.

Le patron de la BCE Mario Draghi s’est immédiatement défendu de vouloir agir sur les taux de change.

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