La Fed en «exercice d’équilibriste», entre prévisions optimistes et inflation

AWP

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La Fed va constater l’amélioration de l’économie grâce à l’accélération de la vaccination ainsi qu’au plan Biden, laissant présager des choix difficiles en matière de politique monétaire.

La Fed, la Banque centrale américaine, va constater mercredi l’amélioration de l’économie grâce à l’accélération de la vaccination ainsi qu’au plan Biden, laissant présager des choix difficiles en matière de politique monétaire dans les prochains mois.

Plus d’un Américain sur dix est désormais entièrement vacciné contre le Covid-19, les chèques de 1400 dollars ont commencé à être envoyés ce week-end aux Américains, et le printemps est presque là.

Bars et restaurants s’apprêtent à retrouver leurs habitués, les avions devraient se remplir de nouveau. Quant aux usines, elles ont mis les bouchées doubles ces derniers mois pour se préparer à répondre à une demande accrue des clients avides de consommer après une année de privations.

En décembre, la Fed tablait sur une croissance de 4,2% et un taux de chômage de 5% pour 2021. Mais c’était avant l’adoption à la fin du même mois d’un plan de relance de 900 milliards de dollars, suivi d’un plan de 1900 milliards dont la loi a été signée par Joe Biden la semaine dernière.

«Les améliorations se reflèteront dans les prévisions économiques du comité monétaire de la Fed, qui seront publiées à l’issue de la réunion», anticipe Diane Swonk, économiste pour Grant Thornton, dans une note. Pour 2021, elle s’attend à voir «une amélioration significative de la (prévision de) croissance, une inflation un peu plus élevée et un chômage plus faible».

Car après un coup d’arrêt en février en raison de la tempête hivernale qui a paralysé une partie du pays, l’économie américaine devrait fortement rebondir ce mois-ci avec un bond des dépenses de consommation.

«De l’huile sur le feu»

Les perspectives économiques sont pour la Fed «un délicat exercice d’équilibriste», résume William De Vijlder, chef économiste du Groupe BNP Paribas, dans une note.

D’un côté, «ne pas tenir compte de ces évolutions positives dans la perspective de taux d’intérêt, qui s’étend jusqu’en 2023, pourrait nuire à leur crédibilité».

De l’autre, «ajuster à la hausse les projections (...) risque de jeter de l’huile sur le feu», et ainsi «provoquer une nouvelle poussée des rendements» des bons du Trésor.

Pour l’heure, la Banque centrale américaine maintiendra mercredi ses taux d’intérêt, entre 0 et 0,25%, et ne devrait pas réduire ses achats d’actifs.

Avec des spéculations sur un retour de l’inflation dans les prochains mois, les marchés avaient misé sur une possible hausse des taux d’intérêt pour éviter cet emballement des prix.

Mais le président de l’institution Jerome Powell a clairement signifié que c’était prématuré. Relever les taux trop rapidement ralentirait la reprise et donc le retour au plein emploi, l’une des missions de la Fed.

Unanimité ou non

La Fed estime que 2% d’inflation est un objectif optimal pour atteindre le plein emploi sans surchauffe de l’économie.

Pour autant, avant la pandémie de Covid-19, l’inflation est restée en sourdine malgré la bonne santé économique.

Pour Jerome Powell, il est donc peu probable que les prix suivent une courbe ascendante hors de contrôle.

La puissante institution s’est déjà dite prête à tolérer une inflation un peu supérieure à 2% pendant un certain temps.

Mais «la question (...) est de savoir quel type d’inflation la Fed jugera temporaire et pendant combien de temps les membres du (comité monétaire) la toléreront réellement. Est-ce 3-5% pendant quelques mois? Ou moins?», s’interroge Diane Swonk.

Les observateurs guetteront surtout le moindre signe que pourra donner la Fed sur ses intentions. Un indice pourrait se trouver dans l’unanimité, ou non, des membres du comité monétaire (FOMC) sur le moment où il semblera opportun de relever les taux.

«Nous pourrions également voir davantage de participants voter pour augmenter les taux en 2023», quand ils étaient auparavant plutôt enclins à attendre davantage, poursuit Diane Swonk.

En décembre, seuls six des 16 membres votants du FOMC prévoyaient une ou plusieurs hausses de taux d’ici 2023. «Ce nombre pourrait passer à au moins sept sur 17 lors de la réunion de mars», poursuit Diane Swonk. Depuis décembre, Christopher Waller a rejoint les membres votants.

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