La croissance suisse a nettement ralenti en 2019

AWP

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Le PIB a progressé de 0,9% l’année dernière, selon la première estimation du Secrétariat d’Etat à l’économie. En 2018, la croissance avait atteint 2,8%.

Après des années de nette croissance, la Suisse a connu un ralentissement conjoncturel en 2019. Le produit intérieur brut (PIB) a ainsi progressé de 0,9% l’année dernière, selon la première estimation du Secrétariat d’Etat à l’économie (Seco). En 2018, la croissance avait atteint 2,8%.

L’économie helvétique a par conséquent retrouvé le faible niveau de croissance de 2015 et 2016, indique mardi le Seco dans un communiqué. Apurée des effets des manifestations sportives, la progression s’est élevée à 1,4%, contre 2,3% en 2018.

L’industrie manufacturière a largement contribué à la modeste hausse de l’année dernière, avec toutefois énormément de disparités parmi les branches qui la composent. Les services ont affiché une bonne santé, mais moins éclatante qu’en 2018. La croissance a été soutenue par les exportations et la demande intérieure.

Au quatrième trimestre, le PIB a crû de 0,3%, à comparer à la progression de 0,4% du précédent partiel. L’économie domestique a pris le relais d’une industrie d’exportation souffreteuse. La situation internationale défavorable continue de grever les branches de l’industrie sensibles à la conjoncture, comme l’industrie des machines et des métaux, qui ont connu un nouveau recul des chiffres d’affaires, note le Seco dans son communiqué.

Le niveau de croissance du quatrième trimestre s’est révélé cependant supérieur aux prévisions des économistes interrogés par AWP, qui s’attendaient à une écrasante majorité à une progression de 0,2%. En comparaison annuelle, les estimations étaient comprises entre +1,1% et +1,4%, moins que les +1,5% publiés mardi.

Fin de série

Le dernier partiel 2019 a mis un terme à une série de trimestres où la croissance s’était avérée supérieure à la moyenne. Ainsi, l’industrie manufacturière a fait du surplace entre octobre et décembre (valeur ajoutée de 0%). Du côté des marchandises, les exportations (-0,5%) tout comme les importations (-2,7%) se sont contractées.

Les investissements dans les machines et équipements électriques ont maintenu un niveau honorable (+2,4%) grâce à la demande «volatile» dans les aéronefs. La construction a vu ses investissements légèrement progresser - de 0,4% - mais moins que le bâtiment et le génie civil (+0,9%). Les dépenses privées et celles de l’Etat ont évolué de manière presque identique, avec des hausses respectives de 0,4% et 0,5%.

Dans les services, presque toutes les branches ont profité de cette situation, à l’exception notable des transports et de la communication (-0,3%) et de la finance (-0,4%), plombés par les litiges commerciaux à l’international. Les exportations de services se sont bien développées, avec une croissance moyenne de 0,8%. Le Seco a constaté un net repli pour les importations de services (-1,8%).

L’épidémie de coronavirus jette cependant un voile sur les perspectives 2020, de l’avis des spécialistes. L’institut bâlois BAK a raboté mardi ses prévisions de croissance à 1,3% pour 2020, contre 1,5% jusqu’ici. Cette année, la crise sanitaire devrait coûter moins de 0,3 point de croissance à la Suisse, selon les calculs des économistes du BAK. Au premier trimestre, le PIB devrait progresser de 0,2% et une stagnation est attendue pour le deuxième.

Pour 2021, un effet de rattrapage devrait intervenir en Suisse. L’institut bâlois a ainsi revu ses estimations à la hausse, prédisant une progression du PIB de 1,4%, davantage que le 1,3% escomptés jusqu’ici. La condition préalable à toutes ces prévisions est que le virus soit contenu avec succès dans les mois à venir, préviennent cependant les spécialistes du BAK.

Credit Suisse a annoncé un rabotage des estimations de PIB pour l’année en cours. La croissance sera plus faible qu’attendu initialement, précise Claude Maurer. Chez VP Bank, la réaction de la Banque nationale suisse (BNS) face aux effets économiques du coronavirus est guettée. L’institution va vraisemblablement temporiser, selon le chef économiste de l’établissement liechtensteinois.

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