La crainte d'une faillite s'insinue dans l'esprit des CFO

Communiqué, Deloitte

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«Notre enquête montre que la situation de précarité dans laquelle un grand nombre d'entreprises se sont retrouvées au printemps s'est désormais améliorée», explique Michael Grampp.

Pour la première fois, les CFO suisses désignent les défaillances de paiement et de crédit comme étant un risque que leurs entreprises doivent prendre au sérieux. Parallèlement, le thème de la cyber-sécurité a nettement gagné en importance parmi les points qui préoccupent les CFO suisses. Ceci s'explique principalement par l'avancée de la numérisation observée depuis le début de la pandémie et la multiplication des cyber-attaques. Les CFO sont moins pessimistes pour l'avenir qu'ils ne l'étaient encore au printemps dernier. Une majorité relative estime toutefois que les perspectives économiques n'évolueront pas favorablement au cours des 12 prochains mois. La plupart des entreprises s'attendent à retrouver des chiffres d'affaires au niveau d'avant la crise au plus tôt au troisième trimestre 2021.

La pandémie continue de dicter sa loi : tant en termes de perspectives économiques que de risques pour leurs entreprises, les CFO suisses considèrent que l'évolution à court et plus long terme de la pandémie reste le facteur crucial de leur planification. Ils tablent certes sur une rapide amélioration de la conjoncture par rapport aux données du printemps passé, mais une majorité relative de 42% juge les perspectives économiques de la Suisse comme négatives pour les 12 prochains mois. Seuls 28% nourrissent des attentes positives et 30% émettent un avis neutre.

Les attentes économiques se sont néanmoins clairement améliorées. Au printemps, quelque 96% des CFO interrogés au moment de la mise en place des mesures pour lutter contre la propagation du coronavirus tablaient encore sur une évolution négative de l'économie pour les 12 mois à venir. «Notre enquête montre que la situation de précarité dans laquelle un grand nombre d'entreprises se sont retrouvées au printemps s'est désormais améliorée», explique Michael Grampp, économiste en chef de Deloitte Suisse. «La situation reste toutefois instable, comme le montre l'évolution récente de la pandémie. La forte hausse du nombre d’infections en Europe est au centre des préoccupations de la population. Beaucoup dépend désormais des décisions politiques à venir - ceci est le cas aussi bien pour la Suisse que pour nos plus gros marchés d'exportation.»

Les mesures de soutien mises en place par la Confédération ont permis de stabiliser la situation économique en Suisse. Ce sont principalement les mesures de chômage partiel et les crédits rapidement octroyés et versés au titre de la lutte contre le coronavirus qui ont permis aux entreprises de surmonter la crise sans avoir à payer un trop lourd tribut. «Nul doute que les mesures d'aide de l'Etat étaient absolument nécessaires au début de la crise», déclare Michael Grampp. «Toutefois, le plus longtemps elles seront dispensées, le plus elles risqueront de faire naître des effets pervers. En effet, il ne faut pas que les entreprises ne générant pas de profit ou ne créant pas de valeur soient artificiellement maintenues la tête hors de l'eau de façon durable. On assisterait alors à une zombification de l'économie», précise Michael Grampp.

Le retour au niveau d'avant la crise n'est pas pour bientôt

Plus de la moitié (54%) des CFO interrogés ont indiqué que la situation financière de leur entreprise s'est clairement améliorée par rapport aux trois derniers mois. En juin de cette année, un peu plus des deux-tiers (67%) tablaient sur des perspectives maussades et seulement 9% pensaient que leur situation allait s'améliorer. «Ce net renversement est fort réjouissant», développe Jean-François Lagassé, Associé et responsable du secteur des services financiers chez Deloitte Suisse. «Il semble que l'économie suisse se stabilise nettement plus vite qu'après la crise de l'Euro ou le choc monétaire du franc.»

Les CFO interrogés sont cependant plus réservés en ce qui concerne les perspectives de croissance pour les 12 prochains mois : ils ne sont que 36% à miser sur la croissance, tandis que 29% s'attendent à une contraction. Le problème se situe au niveau des détails : tandis que les chiffres d'affaires en hausse de 51% sont les plus rapides à se rétablir, les marges (en hausse de 21%) et les effectifs (en hausse de 1%) restent à la peine car, bien qu'en faible amélioration, ils restent clairement dans le rouge.

Les CFO font preuve d'un optimisme plus modéré que pour les trois derniers mois en ce qui concerne leur chiffres d'affaires : «Pendant l'été, les CFO étaient encore plus optimistes et tablaient majoritairement sur un rattrapage du chiffre d'affaires au niveau d'avant-crise dès le premier trimestre 2021», déclare Jean-François Lagassé. «Désormais, la plupart d'entre eux estiment qu'ils n'égaleront ces chiffres d'affaires qu'au troisième trimestre 2021, soit un semestre plus tard.»

L'avancée de la numérisation propulse la cyber-sécurité au rang de préoccupation première

Pour la première fois depuis plus de dix ans, les défaillances de crédit et de paiement sont désignées par les CFO comme étant l'un des trois risques majeurs qu'ils redoutent pour leurs entreprises. «Le fait que les défaillances de crédit et de paiement soient considérées comme l'un des plus gros risques encourus montre clairement que les CFO prennent ce risque très au sérieux. Les défaillances de crédit pourraient donc également avoir des répercussions dans le milieu bancaire», déclare Jean-François Lagassé. «Pour l'instant, les difficultés de paiement sont encore masquées par les mesures de soutien apportées par l'Etat pour faire face à l'urgence.»

La pandémie reste indétrônée à la première place du palmarès des risques, suivie de la faiblesse de la demande, elle aussi directement liée à la pandémie. La cyber-sécurité a observé le bond en avant le plus important, et remonte ainsi allègrement dans le classement. L'avancée numérique attendue durant la pandémie, et que l'enquête de printemps auprès des CFO avait prédite, a eu pour conséquence l'accroissement des effectifs en télétravail, ce qui a toutefois contribué à accroître le risque de cyber-attaques. «Les CFO ont compris que le flux de données initié par le télétravail se devait d'être mieux protégé», explique Jean-François Lagassé. «C'est maintenant aux entreprises qu'il revient de prendre les mesures ciblées afin que le télétravail ne constitue pas un point d'entrée pour les cyber-criminels. Cela implique notamment que les collaborateurs soient mieux formés et que des investissements ciblés dans des solutions informatiques sécurisées soient réalisés.»

Réduction des effectifs et des surfaces de bureau

Sans surprise, de nombreuses entreprises se sont imposées de nouvelles mesures d'économie. Celles-ci sont déjà très avancées dans la plupart des firmes. Effectivement, 85% des entreprises ont en premier lieu réduit les frais de déplacement ou les dépenses de marketing, suivi des heures supplémentaires et des soldes des vacances (70%). Comme très souvent en période de crise, un grand nombre d'entreprises interrogées prévoit une réduction des effectifs – 33% de celles qui ont été interrogées y ont déjà eu recours.

La situation a également été évaluée au regard des surfaces de bureau. 31% des entreprises réfléchissent à l'espace de bureaux dont elles auront effectivement besoin à l'avenir et 17% ont déjà procédé à des ajustements. «Un nombre plus important de collaborateurs sont en télétravail, un phénomène qui va s'inscrire dans la durée», déclare Jean-François Lagassé. «Cela permet d'un côté aux entreprises de réaliser des économies en termes de surfaces de bureau. D'un autre côté, une surface plus importante est requise afin de respecter la distanciation sociale et d'exploiter d'une façon différente l'espace disponible. Il faudra par exemple plus d'espace pour les lieux d'échange et de rencontre, et moins d'espace pour les bureaux classiques.»

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