La Chine lâche du lest monétaire pour relancer son économie

AWP

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Le gouvernement entend relancer la croissance, paralysée par la prudence des ménages et la crise dans l’immobilier, qui a fait chuter les prix des logements et a donc refroidi les investissements.

La Chine a assoupli mercredi certains de ses principaux instruments de politique monétaire dans l’espoir de relancer son économie, minée par une consommation faible et les effets de la guerre commerciale avec les Etats-Unis.

Le gouvernement entend relancer la croissance, qui ne s’est jamais complètement remise de la pandémie, paralysée par la prudence des ménages et la crise dans l’immobilier, qui a fait chuter les prix des logements et a donc refroidi les investissements.

Cette situation déjà morose s’est aggravée avec la guerre commerciale lancée par Donald Trump.

Le président américain a imposé des droits de douane allant jusqu’à 145% sur de nombreux produits chinois, auxquels Pékin a répondu par des surtaxes douanières de 125% sur les importations de biens fabriqués aux Etats-Unis.

Dans ce contexte, les autorités ont annoncé mercredi qu’elles allaient réduire un taux d’intérêt clé et abaisser le montant des réserves obligatoires des banques, dans le but notamment de stimuler les prêts.

«Le taux de réserve obligatoire va être réduit de 0,5 point de pourcentage», a expliqué le gouverneur de la banque centrale chinoise, Pan Gongsheng, lors d’une conférence de presse à Pékin.

Ce ratio est la part des dépôts que les banques commerciales sont tenues de garder dans leurs coffres. Toute baisse est censée inciter les établissements bancaires à accorder davantage de prêts.

«Stimuler la consommation»

Pan Gongsheng a ajouté que le taux de repo inversé à sept jours diminuait lui aussi, de 1,5 à 1,4%. Il s’agit du taux d’intérêt dont doivent s’acquitter les banques commerciales empruntant des fonds à court terme auprès de la banque centrale.

La crise persistante dans l’immobilier - autrefois moteur clé de la croissance chinoise - continue également de peser sur l’économie.

Dans l’espoir de stimuler la demande, Pan Gongsheng a annoncé mercredi que la banque centrale abaisserait le taux des prêts pour les primo-accédants à la propriété.

Le taux pour les premiers achats immobiliers avec des prêts d’une durée supérieure à cinq ans sera ainsi réduit de 2,85% à 2,6%, a-t-il souligné.

Toutes ces mesures figurent parmi les plus importantes prises par la Chine depuis septembre pour relancer son économie.

Elles visent notamment à «soutenir l’innovation technologique» et à «stimuler la consommation», a déclaré Pan Gongsheng.

Mais des analystes soulignent le manque persistant de fonds de relance, nécessaires selon eux pour remettre l’économie sur les rails.

«Les mesures annoncées aujourd’hui sont positives pour le marché et l’économie», souligne dans une note Zhiwei Zhang, économiste en chef du cabinet Pinpoint Asset Management.

«Ce qui manque (...), ce sont de nouvelles mesures de politique budgétaire», c’est-à-dire de soutien financier concret, note-t-il. Mais elles seront probablement prises «plus tard, si l’économie souffre de la guerre commerciale et montre des signes évidents de ralentissement», ajoute M. Zhang.

Pas assez?

Economiste pour l’Asie-Pacifique chez Natixis, Gary Ng estime auprès de l’AFP qu’il «en faudra davantage pour soutenir la croissance».

«Si les chiffres économiques ne s’améliorent pas, les autorités prendront probablement d’autres actions à l’avenir», prédit-il.

Nombre d’économistes ont averti que les perturbations dans les échanges commerciaux entre les Etats-Unis et la Chine, deux économies étroitement imbriquées, pourraient menacer la survie d’entreprises, augmenter les prix pour les consommateurs voire provoquer une récession mondiale.

Les exportations de la Chine ont bondi de plus de 12% en mars, au moment où les entreprises se précipitaient pour anticiper les lourds droits de douane de Donald Trump contre les produits chinois.

Pékin a annoncé viser une croissance annuelle «d’environ 5%» cette année. Un objectif identique à celui de l’année dernière et jugé ambitieux par de nombreux économistes dans un tel contexte.

L’année dernière, la Chine avait déjà dévoilé une série de mesures pour relancer son économie, dont des baisses de taux d’intérêt, la suppression de restrictions à l’achat de logements, ainsi que le relèvement du plafond d’endettement des collectivités locales.

Mais après une envolée en Bourse, alimentée par l’espoir d’un grand plan de relance, l’optimisme était retombé devant des politiques jugées insuffisantes par les marchés.

Des analystes estiment désormais que les répercussions de la guerre des droits de douane pourraient conduire Pékin à revoir sa prudence et à intensifier ses mesures de relance.

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