La BRI met en garde contre les risques de la finance décentralisée

AWP

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Selon la Banque des règlements internationaux, les protocoles blockchain automatisés risquent de devenir une menace pour la stabilité financière.

La Banque des règlements internationaux (BRI) observe avec scepticisme l’engouement du marché pour les solutions de finance décentralisées (DeFi) utilisant des cryptomonnaies. Selon la banque centrale des banques centrales, les protocoles blockchain automatisés risquent de devenir une menace pour la stabilité financière.

Les applications DeFi, qui ont connu en 2021 un essor sans pareil, comprennent notamment les cryptobourses décentralisées, ainsi que l’octroi automatisé de crédits en monnaies virtuelles ou en produits dérivés.

Selon la plateforme de données DeFi Llama, la somme des cryptomonnaies conservées dans les DeFi - appelées dans le jargon cryptographique «Total Value Locked» ou TVL - s’élève à ce jour à quelque 250 milliards de dollars.

L’engouement pour ce segment a été l’un des principaux moteurs de la récente flambée de certaines cryptodevises comme l’éther (ETH), le solana (SOL) ou encore l’avalanche (AVAX). La dernière nommée, qui s’échangeait encore à moins de 4 dollars il y a un an, a atteint fin novembre le plus haut cours de son histoire, frôlant les 145 dollars.

Avec une TVL avoisinant les 12 milliards, elle reste cependant loin du leader du secteur DeFi, l’éther, qui affiche une TVL d’environ 163 milliards. Le cours du solana a quant à lui plus que centuplé, passant en un an de moins de 2 dollars à près de 260 dollars.

Risque de sape de la stabilité financière

L’explosion du marché DeFi, pour l’essentiel non réglementé, est cependant tout sauf réjouissante, selon la BRI. Dans son point de situation trimestriel, le régulateur international met en garde contre un secteur qu’elle qualifie de «peu mature». Selon lui, les risques sont considérables, et la décentralisation n’est en fin de compte qu’une «illusion».

La BRI explique cette «illusion de la décentralisation» de la DeFi par le besoin de disposer d’administrateurs de systèmes, ainsi que d’autres caractéristiques structurelles qui conduisent à une «concentration du pouvoir», y compris dans les solutions dites décentralisées. Et de conclure qu’en cas de «large propagation de la DeFi, les faiblesses du secteur pourraient saper la stabilité financière».

Les critiques portent notamment sur le «degré d’endettement élevé» des investisseurs, les importantes «incongruités en matière de liquidité» et «l’absence d’amortisseurs de chocs» comme les banques. Le rapport de la BRI soulève par ailleurs des grands points d’interrogation au niveau de la protection des investisseurs et l’éventualité d’activités illégales.

Si les solutions financières d’un nouveau genre ont «en principe» le potentiel de compléter leurs homologues traditionnelles, elles ne rencontrent actuellement que peu d’écho dans l’économie réelle, constate le régulateur, qui souligne que le secteur se nourrit essentiellement de la spéculation et de l’arbitrage entre quelques crypto-valeurs.

Pour la BRI, il n’y a toutefois pas encore lieu d’agir: compte tenu de la portée encore limitée d’un système toujours très fermé, le potentiel de perturbation de la DeFi pour le système financier au sens large et l’économie réelle reste «limité pour le moment».

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