La BoE maintient sa politique, coincée entre le COVID-19 et l’inflation

AWP

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La Banque d’Angleterre signale que l’inflation «remonterait rapidement autour de son objectif de 2% au printemps».

La Banque d’Angleterre (BoE) a maintenu jeudi sa politique monétaire inchangée, prise entre la crainte d’une remontée de l’inflation qui a bousculé les marchés et une reprise post-pandémie qui s’amorce à peine.

L’institution a jugé dans un communiqué les perspectives pour le deuxième trimestre «légèrement meilleures» qu’en février, alors que le Royaume-Uni entame un déconfinement.

Elle y souligne que l’inflation «remonterait rapidement autour de son objectif de 2% au printemps». Le programme de rachats d’actifs reste inchangé à 895 milliards de livres.

Le passage d’un plan géant de relance aux Etats-Unis et une campagne de vaccination qui avance à grands pas au Royaume-Uni permettent d’être légèrement plus optimiste pour le deuxième trimestre, expliquent les membres du Comité de politique monétaire.

Ils précisent cependant que «les implications sur le moyen terme sont moins claires».

En février, la BoE s’attendait à une croissance de 5% en 2021. Pour l’instant, la relance n’est pas acquise: l’économie s’est contractée de 2,9% en janvier et se trouve encore 9% sous son niveau de février 2020, avant le choc de la pandémie.

Le Royaume-Uni est le pays le plus endeuillé d’Europe avec plus de 125’000 morts dus au COVID-19 mais également celui dont l’économie a été le plus affectée par la pandémie (chute de 9,9% du PIB en 2020).

Craintes sur l’inflation

L’institution était très attendue sur l’inflation. La crainte d’un retour de l’inflation a fait grimper les taux sur le marché obligataire, ce qui pourrait coûter cher au gouvernement britannique, qui s’est endetté pour soutenir l’économie en pleine pandémie.

Malgré une hausse prévue de l’inflation au printemps, en raison notamment «de la chute des prix du pétrole il y a un an qui pèsent sur la comparaison annuelle», le Comité ne «compte pas resserrer sa politique monétaire, au moins jusqu’à ce qu’il y ait des preuves concrètes d’avancées solides dans l’élimination des capacités disponibles (de production) et d’un retour à notre objectif d’inflation de 2% sur la durée».

En revanche, en cas de faiblesse de l’inflation, «le comité se tient prêt à prendre toute action supplémentaire pour atteindre son objectif».

Alors que le marché tablait encore fin 2020 sur une possible utilisation de taux négatifs pour doper l’économie britannique, les investisseurs misent désormais sur des hausses du taux directeur dans les prochaines années.

Les autres banques centrales sont également confrontées à une hausse des taux obligataires provoquée par les inquiétudes sur l’inflation.

Si la Réserve fédérale américaine (Fed) a maintenu sa politique monétaire inchangée, la Banque centrale européenne (BCE) a accéléré la semaine précédente le rythme de son programme de rachats d’actifs.

La BoE a maintenu que son programme de rachats s’achèverait fin 2021. «C’est en ligne avec l’idée que rythme des rachats va ralentir, ce qui signifie que la Banque n’est pas trop inquiète de la hausse des taux», commente dans une note Ruth Gregory, analyste chez Capital Economics.

La livre britannique s’est légèrement affaiblie après la publication de la BoE (-0,28% face au dollar à 1,3927 dollar pour une livre vers 12H40 GMT).

«La BoE a adopté le même ton très accommodant que la Fed», a commenté Naeem Aslam, analyste chez AvaTrade.

Les programmes de relance de l’économie rendent les monnaies moins attractives, ce qui fait baisser leurs cours. La perspective d’une reprise économique britannique, avec peut-être une hausse des taux à la clef, a toutefois fait monter la livre depuis le début de l’année face à l’euro et au dollar.

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