La Banque d’Angleterre navigue entre Omicron et inflation croissante

AWP

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L’institution monétaire annoncera dans la journée si elle maintient son taux d’intérêt directeur à un plus bas historique de 0,1% depuis le début du choc de la pandémie, ou si elle le relève pour tenter de freiner l’inflation.

La Banque d’Angleterre (BoE) devrait selon une majorité d’économistes maintenir une politique monétaire très souple jeudi pour protéger l’activité économique britannique de la propagation du variant Omicron malgré l’envolée de l’inflation, au plus haut en dix ans.

L’institution monétaire annoncera à 12h00 GMT si elle maintient son taux d’intérêt directeur à un plus bas historique de 0,1% depuis le début du choc de la pandémie, ou si elle le relève pour tenter de freiner l’inflation.

Celle-ci a atteint un record en dix ans en novembre, à 5,1% sur un an, alors que la banque centrale ne s’attendait à ce qu’elle ne dépasse pas 5% avant le mois d’avril.

«Cela rend la décision un peu plus compliquée, mais dans l’ensemble nous pensons que la BoE va probablement maintenir son taux directeur avant d’en apprendre plus sur Omicron», estime Paul Dales, analyste chez Capital Economics.

Pour contrecarrer l’accélération des prix, qui a porté leur hausse bien au dessus de son objectif de 2%, la BoE pourrait juger logique de relever son taux directeur.

Le Fonds monétaire international (FMI) a d’ailleurs appelé mardi dans un rapport le Royaume-Uni à resserrer sa politique monétaire et fiscale, même s’il invite les dirigeants britanniques à «pondérer les risques en choisissant le rythme».

Selon le ministre de la Santé, le variant Omicron contaminerait 200.000 personnes chaque jour, cinq fois plus que les près de 60’000 cas officiellement détectés quotidiens ces jours-ci.

Croissance terne

Le Premier ministre Boris Johnson a annoncé le rétablissement de mesures sanitaires.

«Avec de nouvelles mesures possibles, la fermeture des restaurants et des magasins envisagée si les hospitalisations se multiplient, les dépenses pourraient prendre un coup», commente Susannah Streeter, analyste chez Hargreaves Lansdown.

La directrice générale du FMI Kristalina Georgieva a estimé lors d’une conférence de presse mardi que si l’impact du nouveau variant était sévère, notamment s’il était moins sensible aux vaccins, il pourrait avoir un effet déflationniste et non inflationniste.

Or, l’économie britannique montre déjà des signes de faiblesse: la croissance a stagné en octobre à 0,1% après avoir déjà ralenti au troisième trimestre, et l’activité reste à 0,5% en dessous de son niveau d’avant la pandémie. Des données qui datent d’avant la propagation du variant Omicron.

La plupart des observateurs du marché estiment donc que les «faucons», comme sont surnommés les partisans d’une politique monétaire stricte, patienteront encore en décembre et attendront la réunion de février pour défendre un durcissement.

En novembre, une très large majorité des investisseurs tablaient sur un relèvement et avaient été surpris de voir la BoE passer son tour.

Le mois dernier, le comité monétaire avait justifié sa décision par l’incertitude qui planait sur l’économie britannique: les aides d’État à l’emploi s’étaient arrêtées fin septembre, mais les dernières données officielles ne portaient que jusqu’au mois d’août.

Depuis, le taux de chômage a continué de reculer, pour atteindre 4,2% en octobre, soit 0,2 point seulement de plus qu’avant la pandémie.

«Si les taux ultra-bas sont maintenus cette fois-ci, avec des prix qui grimpent aussi rapidement, il n’y aura pas énormément de suspense pour février avec une hausse très probable des taux», estime Mme Streeter.

Après la Réserve fédérale américaine (Fed) mercredi soir, la Banque centrale européenne (BCE) doit également dire jeudi comment elle entend répondre au dilemme d’une inflation élevée conjuguée à une nouvelle vague de Covid-19.

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