L’Union patronale suisse veut revenir à un temps de travail plus long

AWP

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Contre la pénurie de personnel qualifié, l’UPS préconise des horaires de travail plus longs, de taxer les parcours universitaires qui s’éternisent ou de repousser l’âge de la retraite.

L’Union patronale suisse (UPS) a présenté lundi huit «mesures concrètes» contre la pénurie de personnel qualifié. Parmi elles: retourner à des horaires de travail plus longs, taxer les parcours universitaires qui s’éternisent ou repousser l’âge de la retraite.

«Le manque de personnel qualifié est devenu la principale entrave à l’économie suisse. Aujourd’hui déjà, quelque 120’000 postes restent non pourvus», écrit l’UPS dans un communiqué. La faîtière des associations patronales table en outre sur un manque de 500’000 travailleurs d’ici 2030 en raison de la baisse progressive du taux de natalité.

L’UPS déplore aussi «l’essor du temps partiel et l’introduction de nouvelles formes de vacances» qui ont pour résultat que la population travaille 14 jours de moins par an qu’il y a dix ans.

Pour inciter les Suisses à travailler davantage, l’UPS appelle donc à «renforcer le financement des crèches et des écoles de jour». Mais attention, «chaque franc déboursé par l’Etat pour subventionner les structures d’accueil des enfants doit ensuite être utilisé pour travailler plus, et non plus pour les loisirs», prévient-elle.

L’UPS demande aussi l’introduction de l’imposition individuelle et la fin de la «pénalisation fiscale» des couples mariés afin de «supprimer une bonne fois pour toutes (...) les mesures qui n’incitent pas à travailler».

Serrage de vis pour les universitaires

Les formations universitaires se trouvent également dans le viseur des patrons. «La tendance aux mini-emplois perdure en particulier parmi les universitaires, leur formation coûteuse n’est plus rentable au niveau économique et sociétal», poursuit l’UPS.

Pour y remédier, la faîtière des patrons préconise de revaloriser l’image de la formation professionnelle et de «responsabiliser les universitaires afin qu’ils amortissent le coût de leurs études». Elle envisage ainsi que les frais d’écolage universitaire augmentent de manière «exponentielle» si les études venaient à dépasser 10 semestres.

«De tels instruments permettraient de guider le choix des études vers des filières demandées sur le marché du travail, afin que la société n’ait pas à financer des frais de formation inutiles», estime l’UPS.

Immigration et horaires flexibles

Les patrons suisses estiment encore que d’autres plusieurs outils seront nécessaires pour vaincre la pénurie de personnel qualifié. Parmi les «huit mesures concrètes» proposées, ils citent notamment la venue de travailleurs étrangers ainsi que l’insertion de personnes avec un handicap physique ou mental dans le marché du travail.

L’UPS se dit également en faveur d’une augmentation générale de l’âge du départ à la retraite. Enfin, elle préconise des horaires de travail plus flexibles, «afin par exemple que des parents actifs puissent interrompre leur travail en journée pour s’occuper de leurs enfants et le reprendre en soirée, en dehors des heures de bureau habituelles».

Les syndicats pour des hausses de salaires

L’Union syndicale suisse (USS) rejette pour sa part l’allongement des horaires de travail exigé par l’UPS. A la place, les conditions et l’environnement de travail devraient être améliorés, a-t-elle estimé lundi dans un communiqué.

La politique suisse de l’emploi se doit d’être progressiste, poursuit-elle. Elle n’aura d’avenir que lorsque famille et travail seront compatibles, que ce dernier ne rendra pas malade et que tous pourront bien en vivre.

Il faut en outre des horaires de travail ainsi que des salaires modernes, estime la faîtière syndicale. Des hausses de salaire sont toujours attendues, en particulier par des personnes ayant terminé leur apprentissage. Par ailleurs, les employeurs devraient améliorer l’organisation du travail dans leurs entreprises, conclut l’USS.

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