L’inflation en mai au plus haut depuis près de 14 ans

AWP

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L’indice des prix à la consommation (IPC) a accéléré de 2,9% sur un an en mai, après avoir crû de 2,5% en avril, de 2,4% en mars et de 2,2% en février.

Les prix à la consommation en Suisse ont poursuivi leur progression en mai, toujours portés par l’envolée des tarifs pour les hydrocarbures mais aussi de certains produits alimentaires. Cette accélération du coût de la vie est inédite depuis près de 14 ans. Certains économistes voient l’inflation allègrement franchir la barre des 3%.

L’indice des prix à la consommation (IPC) a accéléré de 2,9% sur un an en mai, après avoir crû de 2,5% en avril, de 2,4% en mars et de 2,2% en février. Comparé au mois précédent, l’IPC a augmenté de 0,7% à 104,0 points, a détaillé jeudi l’Office fédéral de la statistique (OFS) dans un communiqué.

Après plusieurs années d’inflation négative, l’IPC suisse a atteint en mai un plus haut depuis septembre 2008. Il se situe aussi clairement au-dessus de l’objectif de stabilité des prix de la Banque nationale suisse (BNS), qui est défini comme étant inférieur à 2%.

Ces chiffres dépassent aussi les prévisions des économistes interrogés par l’agence AWP, qui tablaient pendant le mois sous revue sur une évolution annuelle entre 2,5% et 2,7% et mensuelle de 0,2% à 0,4%.

Les goulets d’étranglement dans les chaînes logistiques internationales continuent de peser sur le secteur des véhicules. Le prix des voitures d’occasion a pris 16,4% sur un an et ceux des voitures neuves 4,6%.

L’envolée des prix du pétrole, en raison de la guerre en Ukraine et des sanctions internationales contre la Russie, continue d’avoir des répercussions sur les tarifs des hydrocarbures en Suisse. Impact majeur pour les propriétaires et locataires, les prix du mazout ont décollé de 81,9% et ceux du gaz de 40,7% comparés à mai 2021.

Les banques centrales à la manoeuvre

Le transport souffre aussi. Les tarifs du diesel ont bondi de 30,4% et l’essence de 25,3%. L’effet se fait également ressentir pour les voyages à forfait internationaux dont les tarifs ont progressé d’un quart. Le transport aérien affiche lui un renchérissement de 57,6%.

Cette hausse se répercute en outre par ricochet sur certains produits alimentaires, en raison du renchérissement du transport et des engrais. Les prix des melons et raisins ont ainsi bondi de 15,6%. Mais d’autres produits alimentaires affichent des baisses comme les fruits à noyaux (-4,1%), les légumes-salades (-2,9%), ainsi que les agrumes et les baies (-10,2%).

Autre baisse remarquée, la parahôtellerie a affiché une décrue de 15,4%.

Si l’accélération de l’inflation est importante en Suisse, la force du franc protège la Confédération d’une augmentation encore plus forte. Dans la zone euro, la hausse des prix a en effet atteint 8,1% en mai sur un an. Les Etats-Unis affichent par contre de premiers signes de ralentissement, l’inflation s’étant élevée à 6,3% sur un an en avril après 6,6% en mars selon l’indice PCE.

Face à ce phénomène, encore décrit l’année dernière comme transitoire, les banques centrales sont sur le qui-vive. Alors que la Réserve fédérale américaine (Fed) a relevé ses taux directeurs en mars et prévoit d’autres hausses, la Banque centrale européenne (BCE) pourrait suivre en juillet.

Quant à la BNS, qui affiche un taux directeur négatif depuis 2015, elle pourrait suivre à l’automne, de l’avis des économistes.

Un taux d’inflation à 3,5%

Il n’y a cependant pas urgence d’agir pour l’institut d’émission helvétique, a indiqué à AWP Alexander Koch de Raiffeisen. Les hausses de prix anticipées par le commerce de gros et de détail devraient cependant conduire l’inflation à franchir la barre des 3%, même si la Suisse devrait rester épargnée par les fortes accélérations constatées dans les pays voisins, a-t-il averti.

«Les entreprises suisses se voient obligées de transmettre la forte hausse des coûts de l’énergie et des transports aux consommateurs», a souligné Jörg Angelé, économiste senior auprès de Bantleon. Des accélérations de prix sont notamment attendues pour l’alimentaire et d’autres denrées. Le taux d’inflation devrait ainsi monter à 3,5% d’ici la fin de l’été.

Mais à partir de l’automne, les prix devraient commencer à refluer, grâce à des effets de base sur les carburants. Un recul rapide n’est cependant pas attendu, a ajouté M. Angelé.

Alessandro Bee, économiste senior auprès d’UBS, s’attend lui aussi à un ralentissement sur les prochains trimestres. Ce dernier s’attend en effet à une stabilisation des prix de l’énergie. «La hausse de l’inflation renforce certes la pression sur la BNS, mais cette dernière aura en septembre plus de certitudes sur la politique monétaire de la BCE», ce qui permettrait à la banque centrale suisse d’agir, a-t-il ajouté.

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