L’assemblée de Credit Suisse promet d’être très animée

AWP

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Suite aux affaires Archegos et Greensill, des investisseurs de poids ont d’ores et déjà annoncé qu’ils vont refuser la réélection d’administrateurs, à commencer par Andreas Gottschling.

Les nombreuses affaires dans lesquelles est empêtré Credit Suisse vont sans doute marquer la tenue de l’assemblée générale de la grande banque, vendredi. Même en leur absence, COVID oblige, certains actionnaires importants vont exprimer leur mécontentement. L’élection du nouveau président figure à l’ordre du jour.

Les membres du conseil d’administration - son président Urs Rohner en tête - s’épargneront les coups d’éclats à la tribune des petits actionnaires très remontés, qui resteront à la maison comme l’année dernière. Les motifs de colère sont nombreux, à commencer par la débâcle du fonds spéculatifs américain Archegos qui a coûtera quelque 5 milliards de dollars au numéro deux bancaire helvétique, sans oublier la faillite de la société d’investissement Greensill et ses conséquences.

Des investisseurs de poids ont d’ores et déjà annoncé qu’ils vont refuser la réélection d’administrateurs. Président du comité des risques de Credit Suisse, Andreas Gottschling est tout particulièrement visé. Le géant du conseil aux actionnaires Glass Lewis, l’association Actares et la Fondation Ethos estiment que la banque a failli dans sa gestion des risques et souhaitent sanctionner celui qui chapeaute cette fonction de contrôle.

Actionnaire de référence avec une part de 5,2%, Harris Associates n’en pense pas moins. Dans les circonstances actuelles, il est surprenant que Andreas Gottschling n’ait pas démissionné de sa propre initiative, a déclaré David Herro, l’un des associé de Harris, au Financial Times.

Certains vont encore plus loin. Pour le fonds souverain norvégien, l’heure est au grand ménage. Cet actionnaire - à hauteur de 3% - refuse non seulement de reconduire M. Gottschling mais également le vice-président Severin Schwan, par ailleurs patron de Roche, ainsi que les administrateurs Michael Klein, Shan Li, Seraina Macia et Richard Meddings.

Le conseil d’administration sortant de Credit Suisse trouvera en revanche du soutien auprès de l’influent conseiller aux actionnaires ISS, qui va approuver l’ensemble des propositions à l’ordre du jour, dont les réélections.

Bonus biffés

L’assemblée ne devra pas se prononcer sur la décharge au conseil et à la direction, un point retiré afin que les actionnaires puissent voter ultérieurement en connaissance de cause, une fois la lumière faite sur les récentes affaires.

Les bonus attribués à la direction ont également été biffés, ce qui préservera les responsables de Credit Suisse d’un énième vote controversé et à l’issue incertaine. Il restera à découvrir quel sort l’assemblée réservera à la rémunération fixe de la direction et celle du conseil d’administration pour les 12 prochains mois. Actares et Ethos ont annoncé leur opposition à la copie présentée aux actionnaires.

La question du dividende pourrait également diviser. Le numéro deux bancaire helvétique a décidé de le rogner à 0,10 franc par action, contre 0,2926 proposé initialement, en raison les pertes en milliards causées par l’affaire Archegos. Pour Actares et Ethos, verser n’importe quelle somme aux actionnaires serait contraire à la prudence élémentaire prévalant dans périodes aussi troublées.

Ces controverses feraient presque oublier que l’assemblée devra valider l’élection du nouveau président António Horta-Osório, sur qui reposent passablement d’espoirs de redressement de la banque. Visé par des critiques depuis de nombreuses années, Urs Rohner, qui ne peut plus se représenter, quittera la grande banque en plein coeur de la tempête.

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