L’Allemagne relève légèrement sa prévision de croissance pour cette année

AWP

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Tout en reconnaissant une «perte de compétitivité», Berlin indique tabler dorénavant sur une progression du PIB de 0,3% en 2024, contre 0,2% précédemment.

Le gouvernement allemand a annoncé mercredi un relèvement de sa prévision de croissance pour l’année en cours, qu’il porte de de 0,2% à 0,3%, mais a reconnu une «perte de compétitivité» de la première économie européenne.

Le produit intérieur brut (PIB) allemand avait l’an dernier reculé de 0,3%, du fait notamment du contrecoup de la guerre en Ukraine et de la flambée des prix de l’énergie.

L’activité économique bénéficie du recul «plus rapidement que beaucoup ne le prévoyaient» des prix de l’énergie, après leur flambée dans le sillage de la guerre russe en Ukraine, freinant l’industrie et la consommation, a dit à la presse le ministre de l’Economie, Robert Habeck.

L’inflation doit en outre retomber à 2,4% en moyenne cette année après 5,9% l’an dernier.

L’activité économique allemande pourrait donc avoir atteint le fond en fin d’année dernière, à en croire plusieurs indicateurs récents, avec un rebond en cours au printemps.

L’indice de l’institut IFO a aussi montré mercredi une hausse pour le troisième mois d’affilée du moral des entrepreneurs allemands, après l’indice PMI des directeurs d’achat publié mardi, en nette hausse.

Faiblesse structurelle

Néanmoins, la croissance restera très faible en Allemagne, qui est en queue de peloton des grandes économies.

Le relèvement de la prévision pour 2024 reste «modéré» en raison de l’environnement géopolitique toujours incertain, avec notamment les tensions au Moyen-Orient, qui pèsent sur les échanges commerciaux et la conjoncture, a dit M. Habeck.

En outre, si une première baisse des taux en zone euro «est peut-être attendue» dès juin, qui sera profitable à la relance du crédit et donc de l’activité, la suite de l’assouplissement monétaire reste hypothétique, a-t-il ajouté.

Et dans le même temps la «pression pour consolider les budgets publics est également forte», limitant la marge de manoeuvre du gouvernement pour soutenir de grands projets, comme la transition énergétique.

Au-delà, Berlin continue de prévoir une croissance modeste du PIB en volume, à 1,0 % en 2025.

L’activité «montre des signes printaniers», mais cela se voit surtout dans le secteur des services, tandis que l’industrie reste en prise avec des problèmes de croissance, selon Robin Winkler, économiste chez Deutsche Bank.

Le patronat allemand ne cesse de se plaindre de la politique du gouvernement d’Olaf Scholz, accusé d’inaction et jugée responsable de la morosité ambiante.

Pour l’avenir, le potentiel de croissance et de production reste faible : «nous devons le formuler durement, l’Allemagne a perdu sa compétitivité par rapport aux autres pays», a reconnu M. Habeck.

L’économie allemande a cédé son rôle de locomotive de la zone euro qu’elle avait depuis deux décennies, au point que ressurgit le spectre de l’»homme malade de l’Europe» qui fut employé à la fin des années 1990 après le contrecoup économique de la réunification du pays.

«Si nous voulons retrouver une croissance plus élevée, nous avons donc besoin de mesures structurelles» favorisant l’innovation et réduisant la bureaucratie, a martelé M. Habeck.

Divisions

Le pays doit aussi faire en sorte qu’un plus grand nombre de personnes «travaillent volontairement plus et plus longtemps», alors que la génération nombreuse des baby-boomers part progressivement à la retraite sans voir autant de jeunes entrer sur le marché du travail.

Reste que la coalition hétéroclite au pouvoir, alliant la gauche (SPD, sociaux-démocrates de Scholz et écologistes) et la droite (avec les Libéraux du FDP) affiche au grand jour ses divisions sur la marche à suivre face au marasme économique, la rendant très impopulaire dans l’opinion.

Dernier accroc, le FDP a présenté cette semaine un plan en 12 points pour un «redressement économique» appelant à des coupes dans les aides sociales, suscitant l’irritation au SPD.

Le «travail du gouvernement est quelque chose de différent» d’un document de parti, a commenté le ministre Vert devant la presse.

L’opposition conservatrice voit dans ses tiraillements le début de la fin de la coalition et appelé à des élections anticipées.

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