Kudelski: le programme de réduction des coûts s’est poursuivi en 2018

AWP

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Le groupe a essuyé une perte nette d’environ 20 millions de dollars, en raison des très importants coûts de restructuration. Pour 2019, le groupe s’attend à une légère hausse du chiffre d’affaires.

La mue de Kudelski continue à se faire dans la douleur. Le groupe technologique vaudois, qui cherche à se profiler davantage dans la cybersécurité et l’internet des objets (IoT), a fait état mercredi d’une perte nette de 20 millions dollars (quasiment la même somme en francs), en raison notamment de frais de restructuration élevés.

«L’exercice 2018 s’est avéré difficile, malgré une évolution favorable en fin d’année dans la télévision numérique», a résumé pour AWP le patron du groupe André Kudelski. Ce domaine, qui reste le coeur d’activités du groupe malgré la cession l’an dernier du secteur des décodeurs, a vu ses recettes baisser de 72 millions de dollars, en particulier à cause de la perte d’abonnés subie par quelques clients importants.

Les résultats ont été largement inférieurs aux prévisions. Ils reflètent surtout un premier semestre difficile, marqué par une perte sèche de 36 millions de dollars. Au final, pour les douze mois, Kudelski limite les «dégâts» à 20 millions, une perte nette qui reste cependant près de deux fois supérieure à celle de 2017.

Les coûts de restructuration, à hauteur de 40 millions de dollars, expliquent largement cette sous-performance. Le chiffre d’affaires, qui a atteint 920 millions de francs, est lui aussi resté nettement en deçà du consensus AWP (991 millions), et en recul de 14% sur un an. Des reports de commandes en fin d’année dans le secteur Public Access (systèmes d’accès, par exemple pour les parkings) ont, entre autres, eu un effet négatif.

Le résultat opérationnel hors coûts de restructuration a atteint 33 millions (-25%), pour une perte opérationnelle (Ebit) de 7,3 millions, environ deux fois plus importante qu’anticipé.

Les recettes dans la cybersécurité et l’IoT, considérés comme les relais de croissance, ont aussi connu un impact défavorable à hauteur de 58 millions de dollars en raison du changement vers la norme comptable IFRS 15. Il faudra attendre «encore quelques années» avant que l’IoT puisse atteindre le seuil de rentabilité, prévoit le groupe. Pour la cybersécurité, l’équilibre financier, hors coûts de recherche & développement (R&D), est attendu pour 2020, a précisé M. Kudelski.

En attendant, les efforts de réductions de coûts et les frais de restructuration sont appelés à impacter également l’exercice 2019. De nouvelles baisses d’effectifs sont à attendre. Entre fin juin et fin décembre 2018, le nombre d’employés à l’échelle globale est passé de 3900 à 3740, pour un total stable d’environ 700 en Suisse.

Retour dans les chiffres noirs en 2019

Le groupe a mis en place un programme d’économies pérenne à hauteur de 75 millions de dollars pour la télévision numérique. La majeure partie des mesures de restructuration en France a été finalisée au deuxième semestre, avec notamment la vente des opérations de SmarDTV et la fermeture d’un site dans l’Hexagone.

La part des ventes réalisées aux Etats-Unis - où le groupe possède son deuxième siège à Phoenix dans l’Arizona, en plus de celui de Cheseaux-sur-Lausanne - s’est affichée en recul, à moins de 40%. Le marché américain est qualifié de très prometteur et à la fois très volatil.

«Nous sommes confrontés au défi d’assurer la rentabilité de la télévision numérique de manière à favoriser les investissements dans l’IoT et la cybersécurité», a relevé André Kudelski.

Pour l’exercice 2018, un dividende de 10 centimes par action est proposé. Par ailleurs, le groupe enregistre le départ du conseil d’administration d’Alexandre Zeller, qui devient associé gérant chez Lombard Odier.

Pour 2019, Kudelski prévoit le retour dans les chiffres noirs au niveau du résultat net. Le bénéfice opérationnel (Ebitda) est attendu entre 80 et 95 millions de dollars, tandis que les ventes sont prévues «en légère hausse» (autour de 920 millions de dollars, estiment les analystes).

Sans surprise, les chiffres ont été accueillis très fraîchement par le marché. Après avoir ouvert en baisse de plus de 5% et un plus bas de séance à 5,78 francs, l’action au porteur a quelque peu limité les dégâts. Le titre a néanmoins clôturé en forte baisse de 3,9% à 5,95 francs, alors que l’indice SPI a perdu 0,59%.

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