«Il y a encore 12 millions de personnes au chômage (...), il y a encore beaucoup de petites entreprises qui ont besoin d’aide», déplore la CFO de JPMorgan Chase Jennifer Piepszakr.
Les banques américaines JPMorgan Chase et Citigroup ont profité au troisième trimestre d’une certaine stabilisation de la santé financière de leurs clients malgré la persistance de la pandémie.
Mais leurs patrons ont prévenu que sans nouveau plan de soutien à l’économie américaine, la situation pourrait rapidement se dégrader.
Les deux établissements ont mis beaucoup moins d’argent de côté de juillet à septembre pour couvrir les éventuels impayés des particuliers et entreprises dans les prochains mois.
JPMorgan Chase a provisionné 611 millions de dollars au troisième trimestre, soit bien moins que les 10,5 milliards du deuxième trimestre, tandis que Citigroup a provisionné 2,2 milliards de dollars, contre 7,9 milliards au précédent trimestre.
Ceci suggère que les deux banques n’anticipent pas une cascade d’impayés supplémentaires, en dépit d’un ralentissement marqué de l’économie américaine handicapée par le COVID-19.
Après un pic en avril, le chômage aux Etats-Unis reste à un niveau élevé tandis que de nombreuses sociétés ont dû baisser le rideau, temporairement ou définitivement.
Si les responsables politiques à Washington ne parviennent pas rapidement à se mettre d’accord sur de nouvelles mesures de soutien, cela pourrait entraver la reprise, a averti le patron de JPMorgan Jamie Dimon. Et si la croissance repart à la baisse, sa banque pourrait avoir besoin de jusqu’à 20 milliards de dollars de réserves supplémentaires.
«Un bon programme, bien pensé, de soutien à l’économie augmentera simplement les chances d’une amélioration de la situation. Mais il y a tellement d’incertitudes», a-t-il commenté lors d’une conférence téléphonique avec des journalistes.
«Il y a encore 12 millions de personnes au chômage (...), il y a encore beaucoup de petites entreprises qui ont besoin d’aide. Il est important d’avoir une nouvelle vague d’aides», a renchéri la directrice financière, Jennifer Piepszakr.
Les précédentes mesures de soutien à l’économie, qu’il s’agisse des allocations aux chômeurs ou des prêts accordés aux petites entreprises, ont permis à de nombreux clients de garder la tête hors de l’eau, a affirmé de son côté le directeur financier de Citigroup, Mark Mason.
Si un nouveau plan de soutien n’est pas adopté rapidement, «on commencera à voir plus de pression avec des défauts de paiements qui arriveront à un rythme beaucoup, beaucoup plus élevé», a-t-il prédit lors d’une conférence téléphonique.
Les discussions sur un nouveau plan de relance entre la Maison Blanche et les démocrates sont dans l’impasse après moult volte-face de la part de l’administration Trump.
Au troisième trimestre, les deux banques ont dégagé des résultats meilleurs que prévu.
JPMorgan Chase a vu son bénéfice net augmenter de 4% sur un an, à 9,4 milliards de dollars.
Son chiffre d’affaires s’est stabilisé à 29,1 milliards de dollars.
Les recettes générées par les échanges d’actions, d’obligations et de matières premières ont bondi de 30% sur la période, les marchés financiers continuant de se redresser après de fortes secousses au printemps.
Les revenus tirés des prêts aux particuliers et aux entreprises ont en revanche baissé de 9%. La Réserve fédérale (Fed) gardant les taux d’intérêt près de zéro pour soutenir l’économie réduit l’argent que les banques peuvent gagner en prêtant.
Le bénéfice net de Citigroup a de son côté fondu de 34% à 3,2 milliards de dollars, mais il est supérieur aux attentes des analystes.
Son chiffre d’affaires a reculé de 7% à 17,3 milliards de dollars.
La banque a, comme JPMorgan, profité de la bonne santé des marchés financiers, le chiffre d’affaires des activités de courtage grimpant de 16%.
Mais les revenus générés par la banque de détail ont baissé de 13%.
Les détenteurs de cartes de crédit Citi en Amérique du Nord ont par exemple réduit leurs dépenses et augmenté leurs remboursements, faisant chuter les recettes de 12%.
Citigroup a aussi dû inclure dans ses comptes l’amende de 400 millions de dollars infligée récemment par les autorités américaines pour sa mauvaise gestion des risques.
Le directeur général Michael Corbat a été pressé de questions à ce sujet lors d’une conférence avec des analystes souhaitant savoir comment il comptait remédier à ce problème.
Les investisseurs «s’attendaient sans doute à ce que la banque prenne de nouvelles initiatives pour améliorer ses activités, améliorer ses systèmes de conformité et de gestion des risques», a souligné Kenneth Leon, spécialiste du secteur bancaire chez CFRA.
L’action de l’établissement reculait de 4,6% vers 19H00 GMT. Celle de JPMorgan perdait 1,7%.