Inflation galopante: Joe Biden reçoit Jerome Powell pour une rare entrevue

AWP

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Le président américain a assuré que son «plan» pour contrôler les prix «commençait par un postulat simple: respecter la Fed, respecter l’indépendance de la Fed».

Le président américain Joe Biden a reçu mardi pour une rare entrevue le patron de la banque centrale américaine Jerome Powell, sur fond d’inflation galopante, mais il a promis de préserver l’indépendance de la puissante «Fed».

Le démocrate de 79 ans, avec Jerome Powell et la ministre des Finances Janet Yellen dans le Bureau ovale, a dit vouloir discuter avec eux de sa «plus grande priorité: répondre à l’inflation pour réussir la transition d’une économie de reprise à une croissance soutenue» et durable.

La réunion est inhabituelle car l’administration Biden est restée généralement à l’écart de cette institution indépendante.

Joe Biden a toutefois assuré, dans une courte déclaration à la presse, que son «plan» pour contrôler les prix «commençait par un postulat simple: respecter la Fed, respecter l’indépendance de la Fed».

Il a estimé par ailleurs que les membres de la banque centrale étaient «totalement concentrés» sur le contrôle des prix qui est, avec le soutien à l’emploi, leur mission.

Jerome Powell n’a lui pas pris la parole devant les journalistes.

«Rabaissé»

Dans une tribune publiée lundi par le Wall Street Journal, quotidien de référence des marchés, le président américain avait déjà tenu à se démarquer de son «prédecesseur» Donald Trump qu’il a accusé d’avoir «rabaissé» la Fed.

L’ancien président républicain s’en est pris à plusieurs reprises pendant son mandat à la Fed en général et en particulier à Jerome Powell, qui était pourtant son candidat pour diriger la puissante banque centrale, et que Joe Biden a choisi de garder à son poste.

Le Sénat américain l’avait confirmé le 12 mai pour un second mandat, par 80 voix contre 19.

L’inflation est du pain bénit pour l’opposition républicaine, à quelques mois d’élections législatives qui risquent de coûter aux démocrates leur très mince majorité parlementaire.

«Quoiqu’en disent Biden et les démocrates, l’économie décline constamment sous leur houlette pendant que les familles peinent à s’acheter quoi que ce soit, de l’essence comme de la nourriture», a commenté mardi la présidente du Comité national républicain (RNC), Ronna McDaniel.

Selon un sondage réalisé entre le 25 avril et le 1er mai par l’institut Pew Research, 70% des Américains estiment que l’inflation est un problème très important, une proportion bien plus importante que pour leurs autres sujets de préoccupation (coût de la santé, criminalité et violence par armes à feu).

Cette enquête a été menée avant qu’une fusillade dans une école au Texas ne choque l’Amérique et ne relance le débat sur les armes à feu.

Taux en hausse

La Fed a assuré qu’elle ferait tout pour ramener l’inflation dans les clous.

Elle a commencé à relever avec vigueur ses taux directeurs, et devrait continuer.

Cela a pour effet de faire également grimper les taux demandés aux emprunteurs - entreprises et particuliers - par les banques commerciales. Cela tempère la demande et, in fine, les prix.

Le phénomène de flambée des prix, attisé par la guerre en Ukraine et portant aussi les marques du redémarrage parfois chaotique de l’activité économique après la pandémie de Covid-19, est mondial.

Le taux d’inflation dans la zone euro a battu un nouveau record en mai, à 8,1% sur un an, selon une statistique publiée mardi.

Pour toutes les banques centrales mondiales, l’équation est délicate: il faut calmer les prix sans étrangler la croissance et faire flamber le chômage.

Aux Etats-Unis, les économistes s’attendent à ce que l’économie américaine florissante, dont Joe Biden se vante à la moindre occasion, ralentisse considérablement d’ici la fin de l’année.

Les experts surveillent aussi de près les comportements des ménages américains. Ces derniers puisent désormais dans leurs économies pour pouvoir continuer de consommer, ce qui soutient la première économie mondiale, du moins jusqu’ici.

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