Geberit comble les attentes mais ne dissipe pas les inquiétudes

AWP

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Le groupe de Rapperswil-Jona se prépare à une année difficile dans un contexte plus que jamais volatil. Le titre clôture en nette hausse.

Le spécialiste des techniques sanitaires Geberit a soulagé le marché jeudi en franchissant la barre des 3 milliards de francs de recettes annuelles et confirmant ses projections de rentabilité opérationnelle pour l’exercice écoulé. Toutefois, le groupe de Rapperswil-Jona se prépare à une année difficile dans un contexte plus que jamais volatil.

Le chiffre d’affaires en 2018 s’est monté à 3,08 milliards de francs, en hausse de 5,9%. Ajustée des effets de change positifs, la croissance est ramenée à 3,1%, selon un communiqué. Les premiers chiffres dévoilés par la multinationale saint-galloise s’inscrivent dans le haut des projections des analystes consultés par AWP.

Les recettes annuelles réalisées sur le marché helvétique ont progressé de 1,5%. En Allemagne, principal débouché qui compte pour près d’un tiers des ventes du groupe, elles ont progressé de 3,1% en monnaies locales.

Sur le Vieux Continent, la croissance a été particulièrement marquée dans la Péninsule ibérique (+9,5%) et en Europe centrale et orientale (+9,0%), ainsi que dans les pays du Benelux (+4,6%). Les ventes ont en revanche légèrement fléchi dans les Pays nordiques (-1,9%), ainsi qu’en Grande-Bretagne/Irlande (-1,7%), à deux mois et demi de l’échéance du Brexit.

Les régions Extrême-Orient/Pacifique (+13,9%), Amériques (+3,5%) et Proche-Orient/Afrique (+1,4%) ont également apporté leur pierre à l’édifice, même si leur part cumulée représente moins d’un dixième des recettes du groupe.

Croissance en berne pour le mobilier

Par secteur, la principale division Installation & Flushing (systèmes d’évacuation) a généré 1,13 milliard de francs, en hausse de 4,9%. Piping Systems (canalisation) a vu ses revenus progresser de 4,3% à 928 millions, alors que ceux de Bathroom Systems (mobilier de salle de bain) ont quasiment stagné à 1,02 milliard.

Forte de cette performance, la direction de Geberit a réaffirmé ses pronostics de marge brute d’exploitation (Ebitda) pour 2018, attendue «autour de 28%», à la faveur de l’augmentation des volumes écoulés, de hausses de prix, des effets de la fermeture de deux usines en France, ainsi que de mesures d’amélioration de l’efficience, qui devraient plus que compenser le renchérissement des matières premières et la hausse des coûts de personnel.

La croissance de certains marchés risque de ralentir, mais «les perspectives pour le secteur de la construction en Europe restent positives», a assuré le directeur général Christian Buhl en téléconférence. Dans l’ensemble, les prévisions n’ont pas fondamentalement changé depuis octobre et l’année 2019 s’annonce comme un exercice difficile.

Si le marché allemand manque toujours de main d’oeuvre spécialisée, la situation sur ce front ne s’est «ni améliorée, ni détériorée», selon le patron de Geberit. Les carnets de commandes des installateurs sanitaires sont remplis à douze semaines, comme cela était déjà le cas trois mois auparavant.

M. Buhl attend beaucoup d’une nouvelle gamme de produits qui combine l’expertise technique de la maison-mère et de sa filiale scandinave Sanitec. Baptisée «Geberit One» et censée permettre d’économiser de l’espace et être plus facile à nettoyer, elle devrait être commercialisée à partir de fin mars.

Hausses de prix au printemps

Les prix des matières premières se sont légèrement contractés au 1er trimestre 2019, comparés au dernier trimestre de l’année écoulée. Comme à l’accoutumée, l’entreprise va procéder à des hausses de prix au printemps. Celles-ci devraient avoisiner en moyenne 1% mais pourront présenter de légères différences selon les pays.

Dans leurs commentaires, la plupart des analystes ont accueilli non sans soulagement des premiers chiffres conformes aux prévisions. Geberit a comblé la plupart des attentes, et ce malgré une base de comparaison élevée, signale UBS.

Certains instituts se montrent cependant plus circonspects, à l’image de Goldman Sachs, qui pointe du doigt la pression sur les marges induite par l’inflation des charges de personnel et met en garde contre la décélération du secteur qui menace certains marchés européens.

Vontobel relève pour sa part que le ralentissement en Allemagne, la faiblesse du marché italien et la chute des ventes de Bathroom Systems sont préoccupants par rapport aux perspectives de croissance future.

Les premiers chiffres publiés par le groupe saint-gallois - les résultats détaillés sont attendus pour le 12 mars - ont été plébiscités par le marché. La nominative Geberit a terminé en hausse de 2,9% à 379,30 francs, dans un SMI en progression de 0,45%.

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