France: reprise de la consommation au détriment du commerce extérieur

AWP

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La consommation des ménages a été plus forte au mois de juin qu’avant la crise du coronavirus.

Le déficit commercial de la France s’est envolé au deuxième trimestre: la reprise de la consommation intérieure après le confinement fait repartir les importations, mais les exportations restent plombées par un marché mondial en berne, suite à la pandémie de COVID-19.

Les importations ont été supérieures aux exportations de 20,4 milliards d’euros au deuxième trimestre, proche du niveau record de 2011, soit 6,9 milliards de plus qu’au premier trimestre 2020, ont indiqué les Douanes dans un communiqué publié vendredi.

Au cours du deuxième trimestre, les exportations ont dégringolé de 28,9% par rapport à celles du premier, après une baisse de 7,3% au premier trimestre par rapport au précédent. Les importations ont chuté de 20,7% sur la même période, après une baisse de 6,4% entre janvier et mars.

Signe positif de rebond, la consommation des ménages en France a été plus forte au mois de juin qu’avant la crise du coronavirus, après un net repli durant le confinement, selon l’Insee.

Alors qu’aux Etats-Unis, par exemple, les dépenses de consommation des ménages en mai restaient toujours inférieures de 11% à leurs niveaux d’avant-crise, malgré une importante augmentation mensuelle.

Pour le président des conseillers du commerce extérieur français, Alain Bentejac, les politiques de relance de l’économie par la demande provoquent généralement une détérioration du solde commercial.

«La reprise de la consommation est une bonne chose, évidemment, mais cela se traduit par une hausse des importations, alors que la France a plus de difficultés à augmenter ses exportations du fait de sa spécialisation industrielle, notamment dans l’aéronautique», secteur fortement touché par la crise du COVID-19, note M. Bentejac.

Les Douanes indiquent que «près de la moitié de la baisse des exportations s’explique par la chute dans le secteur des transports (-59,9%)» : les exportations de produits aéronautiques et spatiaux continuent de s’effondrer (-64,2 % au 2e trimestre) et celles d’automobiles, d’équipements et de bateaux participent également de cette contraction.

«Au cours du premier semestre 2020, nos échanges de biens se sont progressivement dégradés avec l’ensemble des régions du monde, au fil de l’évolution de la pandémie de COVID-19, d’abord avec la Chine, puis avec l’Europe et plus tardivement avec les Etats-Unis», note le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères.

Plan de relance de l’export

Les échanges commerciaux avec les pays de l’Union européenne (déficit commercial creusé de 0,4 milliard d’euros) ont cependant mieux résisté qu’avec d’autres zones, notamment la Chine, avec qui l’écart entre importations et exportations s’est accru de 3,1 milliards d’euros.

«L’enjeu principal du commerce international pour la France c’est l’Europe, donc un solde commercial dégradé de 0,4 milliard d’euros, c’est plutôt une bonne nouvelle, cela signifie qu’il n’y a pas eu de forte dégradation de la compétitivité des produits français sur les marchés européens», analyse M. Bentejac.

L’importation massive de masques de protection en provenance de Chine et la baisse des exportations de vêtements aggravent le solde du secteur textile et habillement.

La Chine connaît d’ailleurs une balance commerciale totalement inversée par rapport à celle de la France: les exportations ont flambé contre toute attente en juillet, mais le recul des importations est de mauvais augure pour la solidité de la demande.

Globalement, sur les produits manufacturés, le solde français des échanges est déficitaire de 18,8 milliards d’euros, malgré la reprise de l’économie et un rebond de la production manufacturière au moins de juin (+14,4%). La tendance sur l’ensemble du deuxième trimestre reste très en repli (-18,9%).

Pour aider les entreprises exportatrices, le gouvernement a mis en place des mesures exceptionnelles dans le cadre du plan d’urgence lancé dès le mois de mars. «Elles ont ainsi pu bénéficier d’un accompagnement renforcé par la Team France Export et par les dispositifs d’assurance-crédit à l’export», précise le Quai d’Orsay.

L’Etat entend bien faire redémarrer les exportations au moyen de dispositifs spécifiques, intégrés au plan de relance du gouvernement qui sera présenté le 25 août.

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