Exxonmobil s’offre le géant du gaz de schiste Pioneer pour 60 milliards

AWP

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L’opération donnera à la major américaine une assise nouvelle dans le bassin permien, immense région pétrolifère qui couvre l’ouest du Texas et le sud-est du Nouveau-Mexique.

Le géant pétrolier américain ExxonMobil prend un virage décisif pour renforcer sa position dans le pétrole et le gaz de schiste, avec l’achat annoncé mercredi de son compatriote Pioneer Natural Resources, poids lourd du secteur, pour environ 60 milliards de dollars.

C’est la plus importante acquisition pour ExxonMobil depuis sa méga-fusion avec sa compatriote Mobil en 1999.

Cette acquisition gigantesque, qui devrait être finalisée au cours du premier semestre 2024, donnera à ExxonMobil, déjà l’un des plus gros pétroliers au monde, une assise renforcée dans le bassin permien, une immense région pétrolifère qui couvre l’ouest du Texas et le sud-est du Nouveau-Mexique. La production dans cette région représente 5,8 millions de barils de pétrole par jour, soit environ 45% de la production américaine.

Dans le détail, ExxonMobil paiera entièrement en actions et rachètera la société texane Pioneer pour 59,5 milliards de dollars, sur la base du cours de clôture d’ExxonMobil du 5 octobre. La transaction globale, dette comprise, est évaluée à environ 64,5 milliards de dollars, ont indiqué les sociétés.

En mettant la main sur Pioneer, ExxonMobil entend plus que doubler le volume de sa production journalière de barils d’équivalent pétrole dans le bassin permien, pour atteindre 1,3 million de barils par jour à la finalisation de l’acquisition, avant environ 2 millions en 2027.

A titre de comparaison, ExxonMobil avait affiché en 2022 une production totale de 3,7 millions de barils équivalent pétrole par jour.

La superficie de forage «hautement contiguë» des deux sociétés permettra «de plus grandes opportunités de déploiement de nos technologies, assurant une efficacité opérationnelle et financière ainsi qu’une augmentation significative de la production», a souligné Darren Woods, le patron d’ExxonMobil, cité dans le communiqué.

Environnement

Les deux entreprises ont mis en avant dans leur communiqué leur l’objectif d’accélérer l’ambition d’une production neutre en carbone dans le bassin permien pour Pioneer dès 2035, plutôt qu’en 2050.

Toutefois, elles pourraient s’attirer les foudres des défenseurs de l’environnement, à l’heure où les appels à sortir des énergies fossiles se multiplient dans le monde, sur fond de changement climatique.

De grandes compagnies pétrolières privées mondiales (dont Shell, ExxonMobil, ou BP) sont la cible de critiques, voire de procès, pour leurs investissements continus dans les hydrocarbures.

Une étude parue en janvier cette année dans la revue Science a enfoncé le clou, montrant que dès les années 1980, ExxonMobil disposait de prévisions sur le réchauffement climatique d’une justesse remarquable, réalisées par ses propres scientifiques.

Malgré cela, l’entreprise a durant des années publiquement jeté le doute sur l’état des connaissances scientifiques en la matière.

Fracturation controversée

La production pétrolière dans le bassin permien a une longue histoire, les premiers puits datant de 1920. La région a ensuite connu un essor considérable lors des années 1970 avant de connaître un déclin constant au cours des décennies suivantes.

Le boom du schiste dans les années 2010 a relancé l’économie régionale, grâce à la fracturation hydraulique et à de nouvelles techniques de forage qui rendent l’exploitation des gisements plus abordable.

Les défenseurs de l’environnement font toutefois valoir de longue date que la fracturation hydraulique («fracking» en anglais), provoque des tremblements de terre et comporte des risques de pollution, pour un potentiel de production énergétique immédiat limité.

Ce rapprochement survient alors que le pétrole se négocie actuellement autour de 85 dollars le baril, un niveau élevé historiquement.

ExxonMobil a engrangé en 2022 un bénéfice net record de près de 56 milliards de dollars grâce à la forte hausse des cours des hydrocarbures liée à la reprise de la demande et au tarissement de l’offre russe.

De son côté, Pioneer Natural Resources, dont le siège est à Dallas (Texas), a dégagé l’an dernier un bénéfice net de 7,8 milliards de dollars pour un chiffre d’affaires de plus de 24 milliards.

Dans les échanges électroniques précédant l’ouverture de la Bourse de New York, le titre d’ExxonMobil reculait de 3% mercredi, tandis qu’à l’inverse celui de Pioneer gagnait 1,6%.

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