Enquête CFO: le possible ralentissement conjoncturel en tête des craintes

Communiqué, Deloitte

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«La cybersécurité est revenue dans le top 10 des risques, principalement en raison des menaces croissantes», explique Jean-François Lagassé, Responsable du secteur des services financiers chez Deloitte Suisse.

Si les CFO se montraient encore optimistes au printemps à propos des perspectives conjoncturelles, cet état d’esprit positif n’est plus de mise aujourd’hui. En effet, ils considèrent que la conjoncture s’est nettement dégradée pour la Suisse et ses principaux partenaires commerciaux. Et les perspectives pour les entreprises sont moins bonnes qu’au printemps, comme en témoigne la récente enquête auprès des CFO menée par Deloitte. Désormais, c’est le ralentissement économique qui arrive en tête des préoccupations, toujours suivi par la pénurie de main-d’œuvre et l’inflation. La cybersécurité a effectué une très forte remontée et se classe dans le top 10 des risques pour la première fois depuis deux ans.

La baisse des températures va s’accompagner d’un refroidissement économique. Telle est en tout cas la prévision des CFO en Suisse, comme le montre la récente étude menée par la société d’audit et de conseil Deloitte. Pour les CFO interrogés, la situation conjoncturelle de la Suisse et de ses principaux partenaires commerciaux s’est nettement dégradée (voir illustration 1): 22% d’entre eux prévoient un ralentissement conjoncturel, mais ils sont toujours 41% à tabler sur le maintien de la croissance économique (au printemps: 57% positifs ou très positifs, 8% négatifs). La Suisse se positionne ainsi relativement bien. Les prévisions sont nettement plus pessimistes pour les partenaires commerciaux allemands (65% négatifs ou très négatifs. Au printemps: 37% négatifs ou très négatifs) et chinois (65% négatifs ou très négatifs. Au printemps: 24% négatifs ou très négatifs). Pour la Chine, les prévisions du niveau de croissance sont déjà en forte baisse depuis un an. S’agissant des États-Unis, la principale destination des exportations suisses, les CFO interrogés font montre d’un optimisme retenu (41% positifs ou très positifs contre 27% négatifs) mais ici aussi, les perspectives positives sont en recul de 15%.

Illustration1: Prévisions conjoncturelles pour la Suisse et ses principaux partenaires commerciaux

Outre les perspectives conjoncturelles assombries pour l’ensemble de l’économie, les entreprises sont également plus pessimistes pour leur propre évolution. Mais globalement, l’optimiste reste de rigueur. La moitié des personnes interrogées (50%) se disent optimistes pour l’avenir de leur entreprise. Cependant, on note un recul par rapport au printemps, où ce chiffre était encore de 62%. Cette tendance se confirme également dans la question relative aux priorités des six prochains mois: la gestion des coûts est clairement une priorité majeure.

L’affaiblissement de la demande considéré comme le plus gros risque pour les entreprises

Trois risques arrivent en tête de la liste des craintes des CFO interrogés, avec seulement une légère évolution par rapport au printemps: désormais, c’est le risque de tassement conjoncturel qui arrive en première position (voir Illustration 2). Il n’y a aucun changement par rapport à la dernière enquête pour la pénurie de main-d’œuvre. Un marché du travail robuste, sur lequel les offres d’emploi sont très nombreuses, offre une protection sûre contre la récession économique.

Illustration 2: Les risques menaçant les entreprises du point de vue des CFO suisse

Un risque de récession économique accompagné d’une pénurie de main-d’œuvre est donc une combinaison plutôt inhabituelle. Les craintes de persistance de l’inflation restent en troisième position, même si les hausses de prix se sont récemment infléchies. Les prévisions en matière d’inflation des CFO sont elles aussi à la baisse: pour les deux années à venir, ceux-ci tablent sur 1,7%, alors que cette valeur était encore de 2,2% au printemps. L’évolution actuelle caractérisée par un renchérissement, notamment des loyers et des coûts de l’énergie, montre que le risque n’est pas encore écarté et que la situation économique reste instable. Il est également intéressant de noter que les CFO interrogés accordent aux risques géopolitiques une importance nettement moindre qu’au printemps (10e place actuellement contre 1ère place au printemps). Les dernières évolutions géopolitiques indiquent cependant qu’aucune stabilisation ne devrait se produire à court et à moyen terme, ce qui continuera à placer les entreprises face à défis et à des risques.

«Affaiblissement de la demande, pénurie de main-d’œuvre et inflation, voilà une combinaison inhabituelle qui pèse sur le moral des entreprises», analyse Jean-François Lagassé, responsable du secteur des services financiers et membre de la direction de Deloitte Suisse. «Même si le marché suisse s’est montré stable et résistant à la crise en comparaison internationale, nous ne pouvons pas nous reposer sur nos lauriers. Les incertitudes économiques dans le monde et le franc fort nous placent devant de gros défis que nous devons relever si nous voulons garantir la croissance économique future, la stabilité de notre marché et la prospérité de la Suisse sur le long terme.»

Prise de conscience accrue de l’importance de la cybersécurité

La cybersécurité effectue une très forte remontée dans les préoccupations des entreprises. Pour la première fois depuis 2021, elle se classe à nouveau dans le top 10 des risques pour les entreprises. Cette évolution s’explique par le nombre sans cesse croissant de cyberattaques subies par les entreprises, qui ont souvent des conséquences catastrophiques pour l’activité opérationnelle et donnent lieu à des demandes de rançons et à des tentatives de chantage. L’enquête swissVR-Monitor menée par Deloitte auprès des conseils d’administration au printemps et à l’été a montré que 45% des entreprises employant plus de 250 salariés ont déjà été victimes au moins une fois d’une cyberattaque. Le pourcentage plus élevé obtenu indique donc un renforcement de la prise de conscience concernant cette grave problématique.

«La cybersécurité est revenue dans le top 10 des risques, principalement en raison des menaces croissantes. Qui plus est, les entreprises et CFO s’inquiètent des coûts potentiels des cyberattaques, en particulier en cas d’interruption de l’activité. Ce thème doit actuellement faire partie de l’évaluation des risques par les entreprises. Heureusement, beaucoup d’entreprises l’ont déjà compris», déclare Jean-François Lagassé.

IA générative: grande pertinence pour les prévisions financières et la prévention

Outre les perspectives économiques générales et les risques, les CFO ont également été interrogés sur l’utilisation de l’intelligence artificielle générative (IA). Seule une petite partie des entreprises (8%) l’utilise de façon catégorique. L’enquête a montré que la plupart d’entre elles n’en étaient qu’au début de l’intégration de l’IA: 23% des CFO interrogés ont indiqué réaliser actuellement des expérimentations. La majeure partie adopte encore une position attentiste ou observe au moins ce que fait la concurrence.

Le principal frein cité pour l’introduction de l’IA générative dans les processus de travail existants est le manque de capacités en personnel. L’activité opérationnelle quotidienne ou les adaptations aux conditions en mutation sur les marchés absorbent en effet déjà toutes les capacités en personnel. Les CFO interrogés ont cependant confié attribuer un grand potentiel à l’IA générative. Ainsi, plus de 60% des personnes interrogées ont dit que l’intelligence artificielle générative aurait une grande pertinence pour établir des prévisions financières ou pour prévenir les fraudes et les abus. L’enquête révèle également que, pour l’analyse des rapports financiers ou l’optimisation des coûts, les CFO prévoyaient un haut niveau d’implémentation de l’IA.

«L’IA générative recèle un énorme potentiel que très peu d’entreprises exploitent jusqu’à présent. Cet écart entre haut potentiel et faible exploitation constitue une opportunité indéniable face à la concurrence. Les entreprises ne devraient pas hésiter et ne pas se contenter d’observer la concurrence. Elles devraient au contraire se lancer dès à présent dans l’implémentation et les tests des applications d’IA générative. Ce faisant, elles ne doivent pas sous-estimer les risques, comme la protection et la sécurité des données, les droits de propriété intellectuelle et la qualité des résultats obtenus avec l’IA», précise Jean-François Lagassé. «En réussissant l’implémentation de l’IA, les entreprises passeront de l’état ‹ne pas se faire distancer› à celui d’‹avoir une longueur d’avance par rapport à la concurrence›.»

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