Donald Trump a fait état de lettres envoyées à quatorze pays, essentiellement en Asie, pour les informer de surtaxes douanières pouvant grimper jusqu’à 40% au 1er août, de quoi les inciter à intensifier les négociations pour y échapper.
Sont notamment visés des pays ayant les échanges les plus déséquilibrés: Japon (68,5 milliards de dollars d’excédent commercial avec les Etats-Unis en 2024), Corée du Sud (66 milliards), Thaïlande (45,6 milliards), Indonésie (17,9 milliards)...
Corée du Sud: le pari des chantiers navals
Déjà plombé par les surtaxes sectorielles ciblant l’acier et l’automobile, Séoul est menacé d’une majoration de 25% sur le reste de ses exportations mais affiche un optimisme prudent.
«Les Etats-Unis ont convenu (...) qu’il restait encore du temps avant l’entrée en vigueur et espèrent que les deux parties pourraient parvenir à un accord d’ici là grâce à une communication étroite», a indiqué Séoul mardi dans un communiqué, suivant une réunion à Washington.
La Corée du Sud, champion de la construction navale après la Chine, promet sa coopération dans la construction navale: «Les deux pays se sont entendus pour collaborer étroitement» en vue de «résultats tangibles» dans ce secteur.
Japon: en période électorale, riz et automobiles bloquent
Proche allié de Washington et première source d’investissements étrangers aux Etats-Unis, pâtissant déjà de droits à 25% sur son industrie automobile, le Japon pourrait écoper de surtaxes «réciproques» relevées à 25% (contre 24% précédemment), loin des 35% dont M. Trump l’avait récemment menacé.
Donald Trump reproche au Japon de ne pas ouvrir assez son marché au riz et aux véhicules américains.
Or, gonfler les importations de riz est un tabou pour le gouvernement du Premier ministre Shigeru Ishiba, qui assure défendre les intérêts des agriculteurs locaux et adopte un ton intransigeant avant une élection à la chambre haute du Parlement le 20 juillet, périlleuse pour sa majorité.
«Le gouvernement japonais a évité les compromis faciles, exigeant fermement et protégeant ce qui devait l’être», a réagi mardi M. Ishiba devant la presse locale, jugeant «fondamentalement regrettable» l’ultimatum américain.
Indonésie: doper les importations de blé américain
L’Indonésie, menacée de droits de 32%, entend augmenter ses importations agricoles et énergétiques en provenance des Etats-Unis pour conclure un accord, a récemment indiqué à l’AFP son ministre de l’Economie, Airlangga Hartarto.
Déjà, Jakarta a annoncé lundi signer un accord pour importer au moins un million de tonnes de blé américain par an sur les cinq prochaines années, pour 1,25 milliard de dollars.
Cambodge, Birmanie, Laos: partenaires de Pékin lourdement taxés
Début avril, Donald Trump avait annoncé 49% de droits sur le Cambodge, un des taux les plus élevés décrétés. La lettre de lundi ramène ce taux à 36% pour le petit pays, qui compte de nombreuses usines à capitaux chinois.
Le Premier ministre Hun Manet avait assuré à la Maison Blanche de la «bonne foi» de Phnom Penh pour négocier, avec la réduction de droits de douane sur 19 catégories de produits américains... peu avant une visite en grande pompe du président chinois Xi Jinping dans le pays.
La Birmanie et le Laos, tous deux taxés à 40%, sont très dépendants des investissements chinois, avec des chaînes de production intriquées avec celles du géant asiatique.
Washington pointe avec insistance le risque de «transbordement» de produits chinois transitant par d’autres pays d’Asie du Sud-Est, inquiétude évoquée dans les courriers de M. Trump.
Thaïlande, Malaisie
La Thaïlande, menacée de droits à 36%, s’efforce de s’assurer un compromis en proposant un meilleur accès à son marché pour les produits agricoles et industriels américains, et en gonflant ses achats énergétiques ainsi que ses commandes d’avions Boeing.
La dernière proposition de Bangkok vise à accroître le volume des échanges bilatéraux et à réduire de 70% l’excédent commercial avec les Etats-Unis d’ici cinq ans, pour atteindre l’équilibre d’ici sept à huit ans, a récemment indiqué le ministre des Finances, Pichai Chunhavajira, à Bloomberg News.
La compagnie Thai Airways pourrait s’engager à acheter jusqu’à 80 avions Boeing, selon Bloomberg.
La Malaisie, économie tiraillée entre Chine et Etats-Unis et visée à 25%, a indiqué mardi «s’engager à poursuivre le dialogue en vue d’un accord commercial équilibré, mutuellement bénéfique et global».
«Bien que reconnaissant les préoccupations concernant les déséquilibres commerciaux et l’accès au marché, nous pensons qu’un dialogue constructif reste la meilleure voie à suivre», déplore Kuala Lumpur.
Bangladesh: le textile en péril
Le Bangladesh, deuxième fabricant mondial de textile, est menacé de droits prohibitifs de 35%.
Dacca espérait cependant début juillet signer un accord. «Nous avons finalisé les termes», avait assuré à l’AFP le secrétaire du ministère bangladais du Commerce, Mahbubur Rahman, précisant que les négociateurs des deux pays devaient se retrouver le 8 juillet pour conclure leurs travaux.
Autres pays visés
Kazakhstan (surtaxes de 25%), Afrique du Sud (30%), Tunisie (25%), Serbie (35%) et Bosnie (30%) figurent parmi les autres destinataires des lettres rendues publiques.