Le géant jaune a notamment évalué trop positivement son engagement en France avec CarPostal, estime le Contrôle fédéral des finances. Rapport positif de l’OFCOM.
La stratégie en matière de risque appliquée par la Poste n’est pas assez explicite. Le géant jaune a notamment évalué trop positivement son engagement en France avec CarPostal, estime le Contrôle fédéral des finances.
La Poste a réglé en juin 2018 le litige l’opposant à trois transporteurs français en versant 6,2 millions d’euros (7,1 millions de francs) d’indemnités. Elle a aussi annoncé un retrait programmé de ses activités françaises. La justice française l’avait auparavant reconnue coupable de fausser la concurrence.
La rentabilité de CarPostal France était négative dès le départ, relève le Contrôle fédéral des finances (CDF) dans un audit publié mercredi. Il sera impossible de réaliser un retour sur investissement en raison d’une augmentation de capital de 19 millions de francs et de 57 millions de francs de dettes contractées auprès de la maison-mère.
Malgré cette situation financière, jusqu’à fin 2017, la filiale française du géant jaune était évaluée comme une chance plutôt que comme un risque. Et l’avenir ne s’annonce pas plus calme. La sortie programme du marché français, incluant la vente potentielle de la filiale, implique de nouveaux risques qui ne sont pas encore répercutés dans la gestion des risques de la Poste, selon le CDF.
Les clients pourraient ne pas renouveler leurs contrats. La valeur du portefeuille s’effondrerait alors. De plus, jusqu’ici, aucune provision n’a été constituée pour couvrir les coûts du retrait en France. Des coûts supplémentaires peuvent survenir, par exemple liés à une réduction des effectifs si un acheteur potentiel ne souhaite pas reprendre les parties opérationnelles.
La Poste part du principe que les actifs équivalant à 124 millions de francs ont de la valeur et dépassent le montant des dettes. Elle ne veut vendre sa filiale française que comme un tout.
Dans ce contexte, on peut se demander si l’objectif stratégique du Conseil fédéral, qui veut que les coopérations et prises de participation à l’étranger soient suivies de près, est vraiment atteint, remarque le CDF. Le contrôleur reconnaît toutefois que du point de vue formel, la gestion des risques de la Poste est correcte. Sa façon d’évaluer les demandes d’investissement importantes et de grands projets est jugée positive.
En revanche, depuis le 1er février, la gestion des risques dépend directement du directeur financier qui cumule ainsi les mandats. Cette nouvelle organisation peut compromettre l’indépendance nécessaire à cette fonction.
La Poste a maintenu cette structure. Mais elle indique dans une lettre datant d’avril d’avoir avoir effectué de nombreuses adaptations suite aux recommandations du CDF. Un nouveau modèle devrait permettre de mieux déterminer la fréquence des risques et l’étendue des dégâts. Le catalogue des risques a été entièrement revu.
Le CDF pointe aussi du doigt l’administration. Le Département fédéral de la communication (DETEC) ne dirige pas la Poste comme une entité de risque autonome, selon lui. En outre, ni le DETEC ni l’Administration fédérale des finances n’ont critiqué la pertinence limitée du chapitre sur la gestion des risques dans le rapport sur les objectifs stratégiques du géant jaune pour la période 2017-2020.
Le CDF recommande aux deux instances de procéder ou de faire procéder à un examen périodique de l’efficacité de la gestion des risques de la Poste. Dans une prise de position, toutes deux indiquent ne pas être d’accord avec cette recommandation. Le CDF en prend acte. Il abordera la question à un autre niveau, indique-t-il.
En 2018, 96,4% de la population résidente permanente pouvait accéder en 30 minutes au plus, à pied ou en transports publics, à un office de poste où il est possible d’effectuer des paiements en espèces. Cette moyenne nationale dépassait la valeur seuil de 90% fixée dans l’ordonnance sur la poste.
La population a recours à l’ensemble des services de paiement de PostFinance. Le remplacement des ordres de paiement physiques par les ordres de paiement électroniques s’est encore accéléré, avec une diminution de 10% pour les premiers et une augmentation de 12,5% pour les seconds.
Tant le nombre que le volume des versements en espèces diminuent. Les retraits en espèces dans les offices postaux, aux postomats et chez les partenaires (CFF, Migros, etc.) sont également en baisse. Les clients utilisent de plus en plus d’autres moyens de paiement que l’argent liquide.
Depuis le 1er janvier 2019, des dispositions plus sévères s’appliquent en matière d’accessibilité. Désormais, celle-ci n’est plus mesurée sur une moyenne nationale mais au niveau cantonal. La Poste doit garantir l’accès à 90% de la population dans chaque canton.
En outre, les services postaux et de paiement doivent dorénavant être accessibles en 20 minutes. Dans les régions où la population ne dispose pas d’un office de poste, mais d’une agence, la Poste est tenue de proposer le service de paiement en espèces au domicile.
En outre, dans les régions urbaines, elle doit exploiter au moins un point d’accès desservi pour 15’000 habitants. Quand ce seuil est dépassé, La Poste doit aménager un point d’accès supplémentaire. Dans son rapport pour 2019, le géant jaune devra prouver pour la première fois qu’elle respecte ces nouvelles dispositions.