Chine-USA: report des nouvelles taxes américaines

AWP

2 minutes de lecture

Donald Trump relâche la pression commerciale sur la Chine et le consommateur américain en repoussant à la mi-décembre l’entrée en vigueur de tarifs douaniers supplémentaires.

Donald Trump a relâché la pression mardi contre Pékin en retardant l’imposition de tarifs douaniers punitifs sur une série de produits de grande consommation, un geste aussi adressé au consommateur américain avant les achats de fin d’année. 

Cette initiative saluée avec enthousiasme par les marchés et des importateurs apparaît en effet comme un cadeau aux consommateurs américains qui craignaient des hausses de prix autour des fêtes à cause des tarifs douaniers.

«Nous faisons ça pour Noël juste au cas où cela aurait un impact sur le consommateur américain», a reconnu Donald Trump, ajoutant: «nous les avons reportés (les tarifs) pour qu’ils n’aient pas d’influence sur les fêtes de fin d’année».

C’est la première fois que le président reconnaît aussi clairement que l’économie américaine --dont le consommateur est le principal pilier-- pourrait pâtir de la guerre commerciale qu’il a déclenchée contre la Chine il y a un peu plus d’un an.

Il s’est d’ailleurs empressé de souligner que «pour l’instant» les taxes qu’il a imposées aux importations chinoises n’avaient eu «aucun effet». Une majorité d’économistes et le FMI insistent au contraire sur l’effet funeste de la guerre qui oppose les deux premières puissances économiques du monde sur la croissance mondiale. 

Pour tenter de sortir de l’impasse, Américains et Chinois ont repris langue. Les responsables des négociations ont eu un entretien téléphonique mardi qualifié par le président américain de «très productif». 

Le gouvernement américain a donc annoncé reporter au 15 décembre l’instauration de tarifs douaniers supplémentaires de 10% sur les produits électroniques chinois qui était prévue pour le 1er septembre.

Cette décision, qui retarde de deux mois et demi la taxation plus ou moins élevée de la quasi-totalité des quelques 550 milliards de dollars de biens chinois importés chaque année aux Etats-Unis, a été fêtée par les marchés.

Donald Trump veut forcer Pékin non seulement à réduire son excédent commercial avec les Etats-Unis mais aussi à mettre fin à des pratiques qu’il juge déloyales, comme le vol de propriété intellectuelle par exemple.

Wall Street qui avait démarré dans le rouge mardi, inquiète de la crise politique à Hong Kong, est repartie dans le vert, le Dow Jones gagnant 1,5% vers 18H15 GMT, tandis que les cours du pétrole grimpaient à Londres et New York.

Dans un communiqué, les services de l’ambassadeur américain au Commerce USTR précisent que le report touche les téléphones portables, les ordinateurs portables et autres consoles de jeux made in China.

Il va soulager importateurs et distributeurs américains qui voyaient d’un mauvais oeil un renchérissement du prix de leurs importations dès septembre, à l’entame de la saison des achats de fin d’année. 

Plusieurs valeurs d’entreprises qui s’approvisionnent largement en Chine ont bondi peu après la publication du communiqué de l’USTR: l’action du géant informatique Apple, qui joue gros avec son iPhone, prenait ainsi plus de 4,3% à la mi-journée.

Coups de téléphone

«On est certainement soulagés qu’une grande partie des marchandises ne soient pas affectées durant la saison des fêtes», a réagi pour l’AFP Rebecca Mond, vice-présidente de l’Association professionnelle du jouet. «Mais on aimerait que ces tarifs douaniers disparaissent complètement», a-t-elle ajouté.

La Fédération du commerce de détail s’est elle aussi réjouie, mais a exhorté le président à trouver un autre moyen que les tarifs «qui tuent des emplois Américains et affectent les consommateurs» pour faire plier la Chine. 

D’autres produits, qui sont liés à la santé ou à la sécurité notamment, seront en outre exemptés de tarifs, a indiqué l’USTR. Les bibles imprimées en Chine en font partie, a précisé l’administration.

Ce geste du gouvernement Trump intervient alors que les tensions commerciales entre Pékin et Washington s’étaient aggravées lorsque Washington a officiellement accusé la Chine de manipuler sa monnaie la semaine dernière pour en tirer un avantage compétitif sur le front des exportations. 

«Nous ne sommes pas prêts à signer un accord (...). On les a dénoncés pour manipulation (de monnaie). On va voir si on maintient notre rencontre en septembre. Si on le fait, c’est bien, si on ne le fait pas, c’est bien aussi», avait affirmé vendredi le président américain Donald Trump.

Même si l’initiative de la Maison Blanche de retarder les nouveaux tarifs offre un répit dans l’escalade des tensions, il n’est pas clair si la session de discussion commerciale du mois prochain est maintenue.

L’USTR a précisé mardi que l’ambassadeur Robert Lighthizer avait eu une conversation téléphonique avec le vice-premier ministre chinois Liu He qui mène les négociations pour Pékin. Le secrétaire au Trésor Steven Mnuchin a participé à ces entretiens, a-t-on indiqué de source informée.

Un autre contact téléphonique est également prévu dans deux semaines.

Pour sa part, le président Donald Trump a continué à reprocher dans un tweet à la Chine de ne toujours pas avoir acheté de produits agricoles américains comme promis.

A lire aussi...