Brexit: la City salue la nouvelle approche de Londres avec prudence

AWP

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La démission du ministre David Davis constitue toutefois un «coup dur», selon Carolyn Fairbairn, directrice de la confédération patronale CBI.

Le patronat et les marchés britanniques saluaient lundi l’approche un peu plus souple du gouvernement de Theresa May sur le Brexit, tout en restant prudents face au manque de détail sur la question cruciale des services financiers.

Après une réunion de 12 heures vendredi, la Première ministre conservatrice Theresa May a obtenu l’assentiment de son gouvernement sur les grandes lignes de ses objectifs pour le Brexit prévu fin mars prochain.

Ces propositions, qui doivent être détaillées dans un «livre blanc» publié jeudi, prévoit de mettre en place une zone de libre échange pour les biens entre le Royaume-Uni et l’UE ainsi qu’un nouveau modèle douanier avec les 27, afin de maintenir un commerce «sans friction» avec le continent.

Carolyn Fairbairn, la directrice générale de la confédération patronale CBI, a vu dans ces propositions «un pas dans la bonne direction», lundi matin sur la BBC. Elle a toutefois jugé que la démission de M. Davis constituait un «coup dur» par Mme May, expliquant que ce départ rompait l’image d’un gouvernement enfin uni après des mois de dissensions.

Le départ de ce poids lourd du gouvernement ne semblait toutefois pas affoler le marché britannique. La livre sterling montait lundi matin face au dollar, à 1,3330 dollar vers 10H30 GMT contre 1,3283 dollar vendredi à 21H00 GMT, tout comme face à l’euro, à 88,25 pence pour un euro contre 88,43 pence vendredi soir.

Cette réponse «prudente» des marchés «reflète probablement les interprétations de ce que cette démission signifie exactement», a souligné Derek Halpenny, analyste pour MUFG. Selon lui, il s’agira ainsi d’observer si le départ de David Davis va créer d’autres remous au sein de la majorité ou s’il ne va rester qu’un événement isolé.

Mme May a rapidement nommé le successeur de M. Davis, Dominic Raab, dont les orientations eurosceptiques pourraient permettre à la Première ministre de conserver un équilibre au sein de son gouvernement entre partisans d’un Brexit sans concession et supporteurs d’une approche plus conciliante vis-à-vis de Bruxelles.

Investissements menacés

S’appuyant au sein du gouvernement sur des personnalités favorables à leurs arguments comme le ministre des Finances Philip Hammond, les milieux d’affaires ont vu avec un léger soulagement la position de l’exécutif bouger peu à peu ces derniers mois en direction d’une approche plus favorable au libre commerce.

Plusieurs grandes entreprises étaient montées au créneau avant l’importante réunion de vendredi pour mettre la pression sur Mme May. Airbus, BMW, Jaguar Land Rover ou encore Siemens avaient prévenu qu’elles pourraient réduire leurs investissements dans le pays si le Brexit devait conduire au rétablissement de contrôles douaniers avec l’UE.

Dimanche, une centaine d’entrepreneurs ont encore écrit une lettre ouverte pour demander au gouvernement d’aller plus loin que vendredi et de rester purement et simplement dans l’union douanière. Parmi les signataires figuraient des dirigeants des enseignes alimentaires Pret et Domino’s, Zoopla (immobilier) ou Net-a-porter (vêtements).

Les nouvelles propositions du gouvernement contiennent de surcroît peu d’éléments nouveaux sur l’avenir du secteur majeur des services, ce qui a inquiété Catherine McGuinness, une haute responsable de la City of London Corporation. Elle a déclaré que la «compétitivité de la City et du pays reposent sur l’accord final entre le gouvernement et l’UE. Un accord qui exclut les services aurait un impact négatif sur le secteur financier».

La Commission européenne s’est jusqu’à présent montrée très réticente à l’idée d’intégrer la question des services dans un accord de libre-échange entre Bruxelles et Londres, à partir du moment où le Royaume-Uni quitte le marché unique européen.

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