Banque du Japon: statu quo monétaire mais prévisions 2020/21 abaissées

AWP

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La BoJ s’attend désormais à une chute du PIB nippon comprise entre 5,3% et 5,6% sur l’exercice se terminant le 31 mars prochain.

La Banque du Japon (BoJ) a maintenu jeudi sa politique monétaire inchangée, mais a dégradé ses prévisions concernant le produit intérieur brut (PIB) et l’inflation du pays sur l’exercice en cours 2020/21, sur fond de crise sanitaire.

La BoJ s’attend désormais à une chute du PIB nippon comprise entre 5,3% et 5,6% (5,5% en valeur médiane) sur l’exercice se terminant le 31 mars prochain, contre un repli anticipé de 4,5% à 5,7% (4,7% en valeur médiane) lors de sa précédente prévision en juillet.

Dans un communiqué, l’institution monétaire a justifié la dégradation de cette prévision par «un retard dans la reprise de la demande dans les services».

Les ventes au détail au Japon ont d’ailleurs baissé par surprise en septembre sur un mois (-0,1%), alors qu’elles avaient nettement progressé en août, et leur déclin reste marqué sur un an (-8,7%), selon des données officielles publiées jeudi.

La révision des attentes de la BoJ sur la croissance en 2020/21 reflète probablement aussi la chute plus importante que prévu du PIB nippon entre avril et fin juin (-7,9%), a estimé Capital Economics dans une note, jugeant que cette prédiction tranche avec «le ton plus optimiste du rapport» de l’institution monétaire.

L’impact du nouveau coronavirus diminuant dans le pays, «l’économie japonaise devrait suivre une tendance à l’amélioration de l’activité», même si le rythme de la reprise devrait rester «modéré», a ainsi relevé la BoJ.

Elle a par conséquent relevé ses prévisions de croissance pour 2021/22, tablant désormais sur une croissance médiane du PIB nippon de 3,6% sur ce prochain exercice, contre 3,3% précédemment, et de 1,6% en 2022/23 (contre 1,5% lors de la précédente estimation en juillet).

S’agissant des prix à la consommation au Japon, la BoJ prévoit toujours une légère déflation en 2020/21, comprise entre 0,5% et 0,7%, contre une baisse des prix (hors produits frais) attendue précédemment entre 0,4% et 0,6%.

Les prix risquent d’être «affectés par le Covid-19, la baisse passée des cours du pétrole, et la campagne Go To Travel» lancée depuis cet été par le gouvernement pour soutenir le secteur touristique, selon l’institution.

En 2021/22 les prix devraient toutefois redevenir «positifs puis augmenter progressivement» avec la reprise de l’activité économique et des cours du pétrole, rappelle la BoJ.

Elle mise sur une inflation médiane de 0,4% en 2021/22, légèrement supérieure à sa prévision formulée en juillet (+0,3%), et de 0,7% en 2022/23, une perspective inchangée.

La BoJ a reconduit jeudi son taux d’intérêt négatif de 0,1% sur les dépôts des banques auprès d’elle et réaffirmé sa politique visant à racheter autant d’obligations publiques japonaises que nécessaire pour maintenir leurs rendements à dix ans autour de zéro.

«Nous sommes conscients que les perspectives économiques vont continuer à être hautement incertaines», a déclaré jeudi à la presse Haruhiko Kuroda, le gouverneur de la BoJ, évoquant la progression du coronavirus poussant plusieurs pays européens comme la France et l’Allemagne à intensifier sévèrement leurs restrictions.

«Si nécessaire nous introduirons des mesures supplémentaires (de soutien, NDLR) sans hésiter», a assuré M. Kuroda.

En plus de sa politique monétaire déjà ultra-accommodante, la BoJ a pris une série de mesures exceptionnelles depuis mars pour amortir le choc de la pandémie sur l’économie nippone, avec notamment des mécanismes de prêts à taux zéro aux entreprises et un renforcement de ses rachats d’actifs.

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