Les marchés européens applaudissent la Fed

AWP

2 minutes de lecture

Les Bourses européennes ont clôturé sur une bonne note. La palme à Amsterdam (+1,48%), Bruxelles (+1,47%) et Zurich (+1,37%). 

Après leur spectaculaire correction de la semaine dernière, les marchés boursiers européens ont salué mardi la baisse surprise des taux américains par la Fed pour contrecarrer les effets de l’épidémie de nouveau coronavirus sur la croissance, mais Wall Street restait plutôt déboussolée.

Les Bourses européennes ont clôturé sur une bonne note à Paris (+1,12%), Francfort (+1,08%), Londres (+0,95%), Madrid (+0,80%), Milan (+0,43%), Amsterdam (+1,48%), Bruxelles (+1,47%) ou Zurich (SMI +1,37%). En revanche Wall Street déchantait après s’être envolée au moment de l’annonce de la Fed: le Dow Jones cédait 1,29%, le Nasdaq 0,81% vers 17h30 GMT, peu après une conférence de presse du président de la Fed.

«L’ampleur et la persistance des effets» du coronavirus demeurent «très incertaines» et «personne ne sait combien de temps» les effets se feront sentir sur l’économie, a reconnu Jerome Powell.

«La baisse des taux de la Fed va-t-elle m’inciter à partir en vacances en Italie? Va-t-elle conduire à la réouverture du lycée fermé à New York pour cause de coronavirus? Non», a déclaré Patrick O’Hare, analyste de Briefing, pour résumer le scepticisme américain.

Les marchés, qui tablaient sur une baisse des taux à l’issue de la prochaine réunion du Comité monétaire de la Réserve fédérale américaine, les 17 et 18 mars, ont été surpris par la baisse des taux de 0,5 point de pourcentage annoncée mardi par la Banque centrale américaine, mais ils ont réagi nettement mieux en Europe qu’aux Etats-Unis.

Le président américain Donald Trump a estimé derechef mardi que la Fed devait aller encore plus loin.

«C’est quand même une bonne nouvelle à court terme car cela permet d’avoir plus d’espoir par rapport à une reprise économique qui est sérieusement entachée par la crise du coronavirus», même si «cela ne résout rien et que le marché va donc rester nerveux», a estimé auprès de l’AFP Alexandre Neuvy, responsable de la gestion privée chez Amplegest.

Alexandre Baradez, analyste chez IG France, rappelle lui que c’est «la première fois depuis 2008, juste après l’effondrement de Lehman Brothers», que la Fed agit ainsi.

Avant cette décision, les marchés avaient d’abord été déçus par un communiqué commun du G7 sans aucune mesure concrète. Les grands argentiers des sept pays les plus industrialisés de la planète se sont dits «prêts à agir, y compris à prendre des mesures budgétaires si c’est approprié, pour (...) soutenir l’économie», mais n’ont pris aucun engagement de politique monétaire: ils se contentent de «soutenir la stabilité des prix et la croissance économique tout en maintenant la résilience du système financier».

Or pour les marchés, il est urgent de remettre la machine en route après que l’OCDE a prévu que la croissance mondiale ne devrait pas dépasser 2,4% cette année, et que l’économie planétaire pourrait même connaître une récession au premier trimestre à cause de l’épidémie de Covid-19, dont le bilan dépasse les 3.000 morts avec 77 pays touchés dans le monde.

Efficace?

La baisse de taux américains décidée en urgence en 2008 «n’avait pas stoppé la baisse des marchés, c’était plutôt l’inverse, elle l’avait même accélérée car la baisse de taux actait une situation dangereuse», a rappelé M. Baradez.

Beaucoup estiment aussi qu’une baisse des taux n’aura qu’un effet limité sur une offre essoufflée par des perturbations dans la chaîne d’approvisionnement à cause de l’activité au ralenti en Chine.

«La panique est telle qu’il n’est même plus certain, à ce stade, qu’une baisse des taux de la Fed soit réellement en mesure de l’endiguer», affirme Christopher Dembik, responsable de la recherche économique à Saxo Banque, dans une note.

Mais «même si personne ne croit que les banques centrales peuvent résoudre la crise, elles peuvent aider les entreprises endettées à affronter la tempête et éviter un resserrement des conditions de financement», souligne Neil Wilson, analyste pour markets.com.

Pour lui, «le vrai espoir réside dans une réponse budgétaire (...). Etant donné que les banques centrales n’ont plus beaucoup de munitions, particulièrement la BCE, il reste l’espoir que l’Allemagne fléchisse sa position budgétaire».

Première à franchir le Rubicon, la banque centrale australienne a annoncé mardi une baisse de son taux d’intérêt à 0,5%, contre 0,75%, son plus bas historique. La Banque du Japon et la Banque d’Angleterre se tiennent prêtes.

Quant à la Banque centrale européenne, elle a donné rendez-vous au marché le «12 mars», date de sa prochaine réunion, pour apporter d’éventuelles réponses aux risques que l’épidémie fait courir à l’économie.

A lire aussi...