Les marchés digèrent mal la hausse des taux de la BCE

AWP

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Les Bourses européennes ont terminé en nette baisse: Paris a cédé 1,40%, Francfort 1,71%, tandis que Londres a perdu 1,54%.

Les marchés mondiaux sont restés dans le rouge jeudi après que la Banque centrale européenne (BCE) a annoncé une hausse des taux à partir de juillet pour faire face à l'inflation et a révisé ses prévisions de croissance.

Après une ouverture en petite baisse, la Bourse de New York continuait à perdre du terrain vers 16H00 GMT: le Dow Jones lâchait 0,53%, le S&P 500 0,67% et le Nasdaq 0,77%.

Les investisseurs ont mal reçu les annonces de la BCE en début d'après-midi: l'institution a indiqué qu'elle relèverait ses taux directeurs de 25 points de base en juillet et qu'elle arrêterait au même moment ses achats nets d'actifs, ce qui était attendu. Mais elle aussi a prévenu qu'il y aurait une nouvelle série de hausse des taux à partir de septembre, dont le montant inquiète les investisseurs.

La présidente de la BCE Christine Lagarde a «laissé la porte très ouverte pour une nouvelle hausse à 50 points de base, c'est même presque un tapis rouge», commente auprès de l'AFP Patrice Gautry, chef économiste à l'Union bancaire privée (UBP).

«Les marchés prennent maintenant cette hausse de 50 points de base pour acquise», indique Craig Erlam, chez Oanda.

Ce changement historique dans la politique monétaire européenne a été accompagné d'une révision de ses prévisions macroéconomiques: la BCE table sur une inflation plus forte que ce qui était prévu en mars, à 6,8% pour 2022.

La BCE a aussi abaissé ses prévisions de croissance à 2,8 en 2022, au lieu de 3,7.

Le Fonds monétaire international a également annoncé jeudi qu'il allait revoir ses prévisions de croissance mondiale à la baisse.

Avec le resserrement monétaire de la BCE se profile également un nouveau risque: celui d'une fragmentation sur le marché de la dette souveraine en zone euro, qui ferait que les États européens emprunteraient à des niveaux très écartés.

Les rendements se sont d'ailleurs emballés dans l'après-midi: l'écart de coût d'emprunt entre l'Allemagne et l'Italie était par exemple de 215,5 points de base, en hausse de 14 points.

«Les conditions de financement s'éloignent de plus en plus. On se rappelle la crise de l'Euro, où cela est arrivé et les investisseurs ont commencé à réévaluer la solvabilité de certains pays de la zone euro. La BCE n'a pas aidé à contrer ces dangers», estime Jochen Stanzl pour CMC Markets.

L'euro plombé par la BCE, le pétrole indécis

L'euro reculait jeudi face au dollar américain après la réunion de la BCE: la hausse de ses taux avait déjà été signalée aux marchés et avait participé à sa remontée.

De leur côté, les prix du pétrole hésitaient entre gains et pertes, lestés par un nouveau confinement prévu à Shanghai, coeur économique de la Chine, mais portés par une demande toujours forte.

Vers 15H45 GMT, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en août cédait 0,10% à 123,45 dollars.

Le baril de West Texas Intermediate (WTI) américain pour livraison en juillet perdait 0,32% à 121,71 dollars.

Les banques à la peine

La hausse des taux directeurs de la BCE va renchérir le coût du crédit en Europe. Or, "les banques commerciales ont déjà resserré leurs conditions de crédit aux entreprises", ce qui risque d'avoir un impact sur l'activité de ces dernières, indique M.Gautry.

Les valeurs bancaires étaient ainsi en berne jeudi. A Zurich, Crédit Suisse a perdu 5,60% à 5,57 francs suisses et UBS 2,77% à 17,23 francs suisses.

L'espagnole Banco Santander a reculé de 2,65% tandis que Crédit agricole a cédé 1,75%.

La tech en difficulté

Le secteur de la tech, particulièrement exposé aux hausses de taux, perdait aussi du terrain jeudi.

A Francfort, le vendeur en ligne Zalando a perdu 8,46% à 31,59 euros, comme les livreurs HelloFresh (-7,65% à 33,68 euros) et Delivery Hero (-4,93% à 38,79 euros).

Le français Atos a cédé 7,75% à 23,09 euros et Dassault Systemes 2,19% à 37,74 euros.

 

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