Le pétrole retombe à son niveau d’avant l’attaque de l’Iran sur Israël

AWP/AFP

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Le Brent termine sur une perte de 4,14% à 74,25 dollars et le WTI finit sur une chute de 4,40% à 70,58 dollars.

Les cours du pétrole sont revenus mardi à leur niveau d’avant l’attaque iranienne de missiles sur Israël, le marché ne croyant plus à une escalade majeure entre les deux pays.

Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en décembre a lâché 4,14%, pour clôturer à 74,25 dollars.

Le West Texas Intermediate (WTI) américain avec échéance en novembre a lui abandonné 4,40%, à 70,58 dollars.

En séance, Brent et WTI ont atteint des niveaux qu’ils n’avaient plus connu depuis le 1er octobre, jour où l’Iran a lancé près de 200 missiles sur Israël.

Déjà mal orienté depuis la veille, le marché a plongé après la publication d’une information du Washington Post selon laquelle le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a indiqué au président américain Joe Biden que la riposte israélienne viserait des cibles militaires iraniennes.

L’Etat hébreu épargnerait ainsi les infrastructures énergétiques de la République islamique que les opérateurs estimaient jusqu’ici à risque.

«Cela réduirait significativement la possibilité de perturbations de l’offre», observe Carsten Fritsch, de Commerzbank.

«Netanyahu est connu pour annoncer quelque chose, puis ne pas le faire ou faire autrement», prévient Bill O’Grady, de Confluence Investment. «Mais aujourd’hui, la thèse dominante, c’est que rien ne va se passer» pour l’appareil pétrolier iranien.

Même si Robert Yawger, de Mizuho, l’estime encore à 3 à 5 dollars le baril de WTI, la prime géopolitique se dégonfle et la perception de menaces sur l’offre s’estompent.

Le WTI sous 60 dollars?

Dans le même temps, «la demande chinoise s’est évaporée», constate l’analyste, Carsten Fritsch rappelant que les importations de brut par la République populaire se sont contractées en septembre pour le cinquième mois d’affilée sur un an.

Cela explique, selon Robert Yawger, que l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) ait abaissé lundi ses prévisions d’évolution de la demande de brut.

Mardi l’Agence internationale de l’énergie (AIE) a légèrement augmenté sa projection de consommation pour 2025, mais continue d’anticiper une décélération par rapport aux années précédentes, particulièrement en Chine.

L’AIE s’attend aussi à ce que l’augmentation de production aux Etats-Unis, Brésil, Guyana et Canada, soit hors Opep, soit supérieure de 500.000 barils par jour à celle de la demande mondiale.

Les nouvelles mesures de relance annoncées par Pékin sont jugées insuffisantes par les opérateurs pour relancer la consommation en générale en Chine, et la demande d’énergie en particulier.

«La Chine est le moteur de la croissance mondiale depuis dix ans, et si cela disparaît, cela va rendre la tâche très compliquée pour l’Opep», avertit Robert Yawger.

En l’état, huit membres de l’Opep et de l’alliance Opep+ prévoient de revenir progressivement, à partir de décembre, sur des coupes de production de 2,2 millions de barils consenties depuis l’an dernier.

«Je ne crois pas qu’il y ait un bon moyen (pour l’Opep) de sortir de cette situation», considère Bill O’Grady. «La solution, c’est un baril (de WTI) en dessous de 60 dollars.»

«On s’approche d’une situation qui pourrait devenir mouvementée», estime Robert Yawger, avec un possible raidissement de l’Arabie saoudite face à ses partenaires de l’Opep+, dont certains ne respectent pas les quotas fixés par le cartel.

Une accélération des volumes saoudiens et une nouvelle chute des cours seraient seules susceptibles de remettre de l’ordre dans la maison Opep, selon Bill O’Grady.

«Cela fait partie de l’histoire du marché du pétrole», rappelle l’analyste. «De temps en temps, les Saoudiens doivent laisser les choses s’effondrer pour que tout le mondre reprenne ses esprits.»

Pour Daniel Ghali, de TD Securities, les opérateurs spéculatifs sentent le marché tourner après deux semaines d’ascension et se couvrent. Ce mouvement pourrait être accompagné, selon lui, par les algorithmes de marché, qui suivent une tendance et l’accentuent.

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