La chronique des marchés de Vontobel au 28 février

Jean Frédéric Nussbaumer, Vontobel

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Nasdaq -1.23%, SPX -1.27%, Dow -1.16%, Russell -1.47%, SOX -0.40%, Eurostoxx -0.15%, SMI -0.37%.

Wall-Street rend les gains enregistrés lundi après le discours du nouveau patron de la Fed, Jerome (Jay) Powell. Ce dernier passe son premier oral devant une commission du Congrès et semble ouvrir la porte à 4 hausses de taux en 2018 contre 3 espérées par tout un chacun dans le marché. le nouveau président dresse un tableau très optimiste de l'économie des États-Unis, affirmant que ses propres projections d'inflation et de croissance se sont améliorées depuis décembre, grâce notamment à la réforme fiscale adoptée par l'administration Trump. Corolaire: les Fed Funds indiquent désormais 100% de probabilités d’une hausse de taux en mars, 80% d’une supplémentaire au deuxième trimestre et 70% d’une hausse additionnelle au troisième. Le rendement de l’emprunt US à 10 ans passe rapidement de 2.85% à 2.92% hier et traite à 2.90% ce matin. Le dollar index (DXY) en profite et repasse au-dessus de 90. La paire euro/dollar s’approche des 1.22 (1.2201) alors que le billet vert remonte au-dessus de 0.94 contre franc suisse. L’or se fait tacler par la force du greenback, l’once revenant à 1319$. Le pétrole (WTI Light Crude) souffre également et perd plus d’un dollar à 62.74$ le baril ce matin.

Et les actions? Et bien elles n’apprécient pas du tout la teneur du discours de Jay Powell. L’indice S&P500 (SPX) termine au plus bas de sa séance, impacté surtout par les secteurs liés aux taux d’intérêts tels que l’immobilier et les utilities. Les volumes d’échanges restent faibles cela dit, il n’a y pas capitulation en la demeure. L’indice des transports (TRAN) semble lourd et pèse également sur la cote alors que les media souffrent de la faiblesse de Comcast après son offre de racheter Sky. La volatilité retrouve de l’allant, l’indice VIX gagnant 18% à 18.59. On observe même de nouvelles positions à découvert (shorts) dans les secteurs industriel et de l’énergie, les ours (bears) sortent timidement de leurs grottes.

Ce matin les bourses asiatiques souffrent également mais pas seulement à cause de la piètre performance de New-York. En effet, l’indice PMI chinois en février est publié et déçoit. C’est le plus mauvais chiffre en 19 mois. Les PMIs (Purchasing Manager Index) sont très importants, contrairement au PIB qui montre le passé, ils nous donnent une bonne idée des perspectives d’activité future. Suite à cette statistique, la presse chinoise dans son ensemble s’attend à une croissance supérieure à 6.5%. Et en Europe, les principaux indices ouvrent légèrement dans le rouge. Les bourses du vieux continent vont certainement être tiraillées entre leur «devoir de loyauté» à Wall-Street et la joie de voir l’euro s’affaiblir quelque peu.

Rien n’a changé depuis lundi, autant au niveau macro que micro-économique. Si l’on relit le discours de Jay Powell, on se dit que la psyché des marchés est bien étrange. Le patron de la Fed nous dit en résumé que tout va bien et qu’il va faire son travail, soit assurer la stabilité des prix (lire: empêcher un décollage de l’inflation en remontant les taux d’intérêts) tout en favorisant la croissance autant que faire se peut. C’est un métier d’équilibriste / prévisionniste que celui de banquier central et on ne peut que se réjouir du contexte actuel. La réaction de Wall-Street hier soir nous indique cependant que le patient, même s’il va mieux, reste fort nerveux. On l’a dit, la croissance est là et les entreprises parviennent encore à faire croître leurs bénéfices. En parallèle, de nombreuses valorisations d’actions sont riches. Il convient dès lors de bien sélectionner ses investissements tout en gardant en tête que la volatilité ambiante offre de belles opportunités.

Rappelons enfin que la clé des actions, à court terme, réside dans le comportement des taux d’intérêts obligataires. Ces derniers vont monter plus encore, c’est le contexte économique qui veut cela. En revanche il serait bon pour les indices que la hausse se fasse graduellement. Enfin, le mois de mars débute demain et est historiquement un bon mois pour les actions, le troisième meilleur de l’année.

En Suisse, l’institut zurichois d’études conjoncturelles KOF vient de publier son indicateur avancé en février qui ressort à 108 contre 106 attendu et un chiffre de janvier revu à la hausse à 107.60. On prend…

 

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