La chronique des marchés de Vontobel au 27 septembre

Jean Frédéric Nussbaumer, Vontobel

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Nasdaq -0,21%, SPX -0,33%, Dow -0,40%, Russell -1,01%, SOX -1%, Eurostoxx +0,39%, SMI +0,65%.

 

Wall-Street en mode SELL the news! Après avoir passé l’essentiel de la séance dans le vert, les marchés US inversent la tendance après la décision, pourtant sans grande surprise, de la Fed de relever ses taux directeurs pour la troisième fois cette année. Les valeurs bancaires boudent, les commentaires de Jerome Powell paraissant plus modérés que prévu. Même si la banque centrale a décidé de ne plus qualifier sa politique monétaire d’«accommodante», elle n’a pas adopté pour autant un ton plus «faucon» et ne prévoit pas d’accélérer le rythme de ses hausses de taux par rapport à ses précédentes projections faites en juin. Le rendement de l’emprunt US à 10 ans revient à 3,03%, le dollar hésite pour finalement repartir vers le nord le Dollar Index DXY à 94,62 ce matin. Contre euro, le billet vert revient juste au-dessus de 1,17, il traitait une figure plus haut hier. La volatilité regagne quelque peu de terrain, le VIX proche des 13 à nouveau, cela dit c’est encore et toujours un niveau vraiment faible.

La Réserve fédérale a donc relevé mercredi ses taux directeurs pour la troisième fois cette année, pour les porter entre 2% et 2,5%. Son président Jerome Powell, a souligné que la croissance et le marché de l’emploi était «forts» aux Etats-Unis, tandis que l’inflation demeurait proche de l’objectif de 2% que s’est fixé la banque centrale américaine. Une quatrième hausse de 0,25 du taux des «fed funds» semble se profiler pour la réunion de décembre, 12 des 16 membres de la Fed y étant désormais favorables, selon le communiqué de la Fed. Fait notable: la Fed a également supprimé le terme «accommodant» pour désigner sa politique monétaire, qui figurait dans ses communiqués depuis une dizaine d’années. Pour autant, dans ses projections économiques, qui vont jusqu’en 2021, la banque centrale ne s’est pas montrée plus «faucon» que lors de sa dernière réunion de juin. Elle a certes relevé sa prévision de croissance pour 2018 et 2019 mais ses projections pour les taux directeurs, l’inflation et l’emploi sont quasi-inchangés, ne traduisant pas de changement d’orientation vers une politique monétaire plus restrictive.

L’abandon de la formule «la politique monétaire reste accommodante» «ne signifie pas un changement dans le rythme de hausse de taux», a ainsi assuré Jerome Powell. «Il s’agit plutôt de la reconnaissance du fait que l’économie évolue en ligne avec nos attentes», a-t-il précisé. Le patron de la Fed a par ailleurs indiqué que les tensions commerciales actuelles ne se sont pas traduites dans les données macro-économiques, même si un nombre croissant d’entrepreneurs avaient indiqué à la Fed leur inquiétude. M. Powell a admis qu’il s’inquiétait de savoir «où cela va mener». «Si cela débouche sur une baisse des barrières douanières, ce serait une bonne chose». Si ça débouche sur davantage de protectionnisme, «ce serait mauvais pour l’économie des Etats-Unis, pour les travailleurs américains et leurs familles, ainsi que pour les économies d’autres pays», a-t-il ajouté.

Les stocks commerciaux de pétrole brut, hors réserve stratégique, ont progressé la semaine dernière pour la première fois depuis 6 semaines. Ils ont augmenté de 1,9 Mb à 396 Mb, alors que consensus tablait sur une sixième baisse d’affilée (-1,3 mb). Ces chiffres ont entraîné des prises de bénéfices sur le pétrole, qui évolue cependant proche de son plus haut niveau depuis la fin 2014 sur fond de limitation de l’offre mondiale (Iran, Venezuela...).

La Fed a donc fait son travail et confirme la bonne santé actuelle de l’économie américaine. Il est compréhensible que les marchés actions aient besoin de digérer cela. Ailleurs dans le monde, la situation macro-économique est également bonne, on note certes un ralentissement des indicateurs d’achats, les PMIs, mais ceux-ci restent en territoire d’expansion. La guerre commerciale suit son  cours, il est ardu de chiffrer ses conséquences en l’état. Pour en revenir à la Fed, on peut se demander si elle est sur le point de devenir neutre, elle a retiré le mot «accommodante» en parlant de sa politique monétaire, cela interpelle plus d’un et peu probablement expliquer une partie de la baisse de fin de séance hier. En parallèle, de plus en plus de stratégistes suggèrent de favoriser les actions européennes, au détriment de leurs consoeurs américaines. J’entends de mes contacts en Asie que les investisseurs de ce continent commencent à faire de même.

Quoi qu’il en soit, les actions européennes font grise mine à l’ouverture ce matin et abandonnent 0,7% en moyenne. Ce sont les valeurs industrielles et technologiques qui pèsent sur la cote. Mais en Europe, c’est l’Italie qui retient à nouveau l’attention, Milan abandonnant 1,8% sur des craintes que le parti populiste souhaite encore plus de dépenses alors que le pays a besoin de maîtriser son budget.

Au-delà des tribulations romaines, aujourd’hui nous suivrons le PIB, les commandes de biens durables et les demandes hebdomadaires d’allocations chômage aux Etats-Unis.

Italie, guerre commerciale, Fed, quel que soit votre sujet du jour, n’oubliez pas que dès lundi nous entrerons dans la meilleure période de l’année pour détenir des actions. Le marché suisse gagne en moyenne 4,7% de octobre à décembre, les autres places financières c’est environ 6%.

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