Satanée inflation, elle se replie certes mais quand même, quand on pense qu’à Wall Street il faut débourser 193,42 dollars pour une pomme… et si l’envie vous prend de vous payer le pommier tout entier, cela vous coûtera désormais plus de 3'000 milliards de dollars. À Cupertino California, on est tout sourire, un rapport de type «je vais bien tout va bien» émis par l’assembleur d’iPhone Hon Hai Precision propulse l’action Apple 2,1% plus haut et la capitalisation boursière de la firme de Tim Cook de repasser donc au-dessus des trois billions. Rappelons au passage qu’Apple contribue à raison de 50% des revenus de Hon Hai. Et dire que la firme à la pomme n’insiste pas trop lourdement sur le sujet de l’intelligence artificielle, je me demande ce qui se produira le jour où elle s’y mettra, Isaac Newton doit déjà en faire des cauchemars…

On redescend de l’arbre pour retrouver un joyeux royaume des actions qui passe une journée plutôt calme. Le faux départ de lundi n’a guère perturbé les taureaux, le breadth du jour (l’écart entre les titres clôturant en hausse par rapport à ceux en baisse) est mauvais mais la journée est sauvée par les 7 magnifiques, à l’exception de Meta qui recule de 0,5%. Nvidia mène la danse avec une hausse de 2,3%, bien accompagnée par Apple. Dans un tel contexte, il devient ardu pour les ours de faire sérieusement tanguer les indices. Le podium du jour de l’indice S&P500 (SPX) se compose de la tech, la consommation discrétionnaire et les services de communication. Notons que l’énergie n’y arrive pas, elle recule de 1,7%, pénalisée par un pétrole sous pression, le baril de WTI Light Crude recule à 72,37 dollars, il regarde son prochain support dans le blanc des yeux, à 72,16 dollars. La statistique macro du jour permet aux intervenants de se remettre à espérer une Fed colombe et fissa s’il-vous plaît. La publication de l’enquête JOLTS sur les ouvertures de postes de travail aux Etats-Unis ressort nettement en-dessous des attentes et les Fed Funds de prédire désormais que la première baisse de taux de la Fed interviendra peut-être déjà en mars (60%). Pour mai les prévisions augmentent de 55% à 70%, puis 77% en juin.

Dans un tel contexte, personne n’est étonné de voir les rendements obligataires repartir vers le sud. Le 2 ans US traite ce matin à 4,58%, sa 200 jours évolue à 4,66%. Le 10 ans se situe à 4,17%, son prochain support approche à grand pas, à 4,15%, ensuite ce sera 4,02% (200 jours). Tout cela est très joli, ne nous laissons ceci dit pas trop aller à un optimisme démesuré, le rapport JOLTS doit être confirmé par le très important rapport mensuel sur l’emploi américain, qui sera publié ce vendredi en début de notre après-midi. Puis ce sera le tour de la dernière réunion de la Fed pour 2023, le 13 décembre.

La politique monétaire de la Fed n’est pas la seule à être revue par la communauté des investisseurs. Sur le vieux continent les lignes bougent également et plutôt vite. Isabel Schnabel, réputée faucon, indique hier que l'inflation a enregistré un ralentissement «remarquable» en Europe, rendant de nouvelles hausses de taux «improbables». Et le marché de parier désormais sur une première baisse de taux par la BCE à la fin du prochain trimestre. Dire qu’il y a un mois on se demandait encore si une coupe interviendrait l’an prochain. On comprend mieux du coup que le dollar rebondisse de cette manière contre l’euro, qui intègre les nouvelles donnes, la paire EUR/USD évolue ce matin à 1,0785, elle a cassé sa 200 jours à 1,0822 et regarde 1,0771 (100 jours).

Le SPX semble quasiment en lévitation depuis le 22 novembre. Il ne monte plus guère mais ne rend  pas de terrain non plus. Il faut traverse l’Atlantique pour observer des configurations de plus en plus intéressantes. L’indice Stoxx Europe 600 se hisse à 2 petits points de sa résistance de 470 pts. En parallèle, il est en train de remettre en cause son canal baissier entamé en janvier 2022. Et ce n’est pas tout, regardez le DAX allemand, qui se paie un record historique à la cloche hier, rien que ça… merci notamment à SAP qui s’est mise en mode Space X depuis quelques temps. Infineon, Siemens, Rheinmetall, Beiersdorf, Allianz et Munich Re ne sont pas en reste. En France, l’indice CAC40 version réinvestissement des dividendes est à moins de 2% de son plus haut de tous les temps. Petite escapade à Madrid, où l’indice IBEX s’est payé une hausse de 15% depuis le 26 octobre. Le plus haut historique est encore très loin (16040 pts le 9 novembre 2007 contre un niveau actuel de 10238 pts) mais la performance est à saluer. En Suisse, le SMI s’approche de sa résistance de 11'043 pts (10'964 pts hier soir à la cloche).

L’or est rentré dans le rang, cours actuel 2032 dollarspar once. Notons tout de même qu’une golden cross s’est produite il y a quelques jours, c’est à suivre.

Tout est relatif: Amazon s'attaque à Shein en réduisant les frais pour les commerçants qui vendent des vêtements à moins de 20 dollars. C'est un geste rare pour le géant de la vente en ligne et un signe qu'il se prépare à une bataille avec l'entreprise chinoise, qui prévoit une introduction en bourse l'année prochaine. On serait presque tenté de se dire qu’Amazon risque de perdre son titre envié de grand méchant de la cote, drôle de monde…

Joe Biden déclare qu'il ne briguerait peut-être pas un second mandat si Donald Trump n'essayait pas de revenir à la Maison-Blanche. «Si Trump ne se présentait pas, je ne suis pas sûr que je me présenterais», indique-t-il à des donateurs lors d'une collecte de fonds dans le Massachusetts. Qu’en penser? Bien ou pas bien? Kamala, any comment?

Les troupes israéliennes sont entrées dans la deuxième ville de Gaza alors que l'ONU avertit qu'il n'y a pas d'endroit sûr dans le territoire. Le Hamas annonce qu'environ 1’000 personnes ont été tuées depuis la fin de la trêve la semaine dernière. Les États-Unis refuseront de délivrer des visas aux colons israéliens qui ont attaqué des Palestiniens en Cisjordanie, tandis que M. Biden appelle à la condamnation du Hamas pour les violences sexuelles commises à l'encontre des femmes lors des attaques du 7 octobre.

Au menu macro-économique du jour, on commence avec les commandes d'usines en Allemagne (qui se prennent littéralement les pieds dans le tapis en octobre, maigre consolation, le chiffre de septembre est révisé à la hausse), suivies de la communication sur ventes de détail dans la zone euro (11h00). Plus tard aux Etats-Unis, suivront la variation de l'emploi ADP (14h15), la productivité hors agriculture et le coût unitaire de la main d'œuvre, puis la balance commerciale (14h30). Enfin, la journée se terminera avec les stocks de brut DOE (16h30).

Le Japon, la Grande-Bretagne et l'Italie vont développer un nouveau jet de combat via BAE Systems, Leonardo et Mitsubishi Heavy Industries. Mastercard met en place un nouveau programme de rachat d'actions de 11 milliards de dollars et augmente son dividende trimestriel de 16%. Telefonica n'a pas l'intention de retirer Telefonica Deutschland de la cote à la suite de l'offre publique d'achat en cours. Apple a demandé à ses fournisseurs de composants de s'approvisionner en Inde pour les batteries de l'iPhone 16. Rio Tinto va dépenser environ 6,2 milliards de dollars pour le projet de minerai de fer de Simandou. Diageo cherche à céder le reste de son portefeuille de bières, mais conserverait Guinness (ouf…). Nvidia développe de nouvelles puces conformes aux réglementations américaines en matière d'exportation. JPMorgan Chase estime que l'intégration de la First Republic Bank se déroule comme prévu. Airbnb nomme une nouvelle directrice financière.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent majoritairement dans le vert. Tokyo progresse de 2,04% à la cloche, Hong Kong gagne 0,9%, Shanghai égare 0,11%, Séoul grappille 0,04% et le Nifty Fifty (l’indice des blue chips indiennes) gagne 0,15%. Le future SPX prend 9 points et l’Europe ouvre en progression de 0,2%.

Au chapitre «les sanctions ça marche super bien tout le monde le sait», la Russie affiche des revenus mensuels dérivés du pétrole plus importants que ceux qu’elle encaissait avant le début de la guerre en Ukraine.
En Helvétie, on est heureux d’apprendre que les élèves suisses sont parmi les meilleurs en Europe et même au monde, même si leur bon classement reflète surtout une détérioration dans les autre pays. Chez nos voisins de l’Hexagone, cela va de mal en Pisa (elle n’est pas de moi! c’est Fabienne Sintes qui l’a faite hier soir sur France Inter…). Pas trop de blagues sur les petits suisses ce matin du coup…