Wall Street réalise l’air de rien un quatrième mois consécutif de hausse. Le mois de mai est déjà terminé pour New York et Londres, qui ont congé ce lundi. Autant dire qu’en l’absence du cœur et du poumon, la journée va être fort calme. Le contexte du marché reste le même: l’optimisme prévaut grâce à une belle dynamique économique, aux Etats-Unis comme sur le vieux continent alors que les craintes d’une inflation durable semblent se dissiper. La forte volatilité observée un an durant, depuis mars 2020, a laissé la place à des mouvements moins exubérants mais à la hausse et les intervenants voient avec soulagement les valeurs technologiques revenir progressivement à des valorisations plus raisonnables. Et donc, pour l’instant l’adage «sell in May and go away» ne fonctionne pas, à suivre de près.

Revenons à la séance de vendredi. L’indice S&P500 (SPX) parvient à grappiller 0,1% à la cloche, malgré une jolie glissade dans les dix dernières minutes de trading. Pas de raison particulière à cette vague vendeuse de fin de séance/semaine/mois, probablement un ou plusieurs gros poissons qui prennent leurs profits, à l’approche d’un weekend de trois jours (trois jours = une éternité voire plus dans le monde de la finance). Notons ici que le SPX réalise sa première semaine de hausse après deux semaines consécutives de recul, alors que le Nasdaq progresse en mode hebdomadaire pour la deuxième fois de suite, intéressant. L’indice Russell2000 (RTY), des petites capitalisations boursières américaines, recule très légèrement sur la séance mais tout le monde s’en fiche et n’a d’yeux que pour la performance mensuelle du RTY, positive depuis 8 mois, on n’avait plus vu cela depuis 1995. À ce propos, l’activité des petits porteurs, les investisseurs dits «robinhooders» a clairement influencé cette performance historique. On observe que l’activité acheteuse de cette population d’investisseurs a augmenté de 273% la semaine passée, sachant que le RTY regorge de titres dont ils sont friands.

Et puis le marché semble avoir trouvé son Maître Yoda en la Fed. À force de marteler que l’inflation parmi nous que passer ne fait, Jerome Powell et ses collègues ont fini par convaincre le plus grand nombre. Prenez l’indice PCE (Personal Consumption Expenditures), un des indicateurs préférés de la Réserve Fédérale des Etats-Unis pour jauger l’inflation. Et bien ce dernier sort vendredi, au-dessus des attentes (3,6% d’année en année, contre 3,5% attendus). Réaction du rendement de l’emprunt US à 10 ans? Il recule à 1,59%. Le marché nous confirme donc qu’il croit désormais la Fed et pense que l’inflation ne fera pas long feu.

En termes de secteurs, mentionnons la technologie, qui bénéficie d’un retour d’intérêt acheteur, portée par Salesforce, dont les résultats et les perspectives sont excellents. Apple recule de 0,5% après que New Street l’a dégradée à «vendre». On recherche aussi les valeurs de l’immobilier et les utilitaires. Les volumes d’échanges reviennent à 10 milliards de titres traités sur le NYSE (New York Stock Exchange), portés par les investisseurs dits «retail». La volatilité fait du surplace, l’indice VIX (volatilité du SPX) reste à 16,76, un niveau vraiment bas, même si dans un contexte des plus normaux, 10 constitue mais plancher quasiment infranchissable. Mais 16,76 c’est déjà vraiment bas… et dans ce contexte, le dollar reste faible, le Dollar Index (DXY) fait tout ce qu’il peut pour ne pas couler en-dessous de 90, la paire eur/usd traite à 1,2185 ce matin. Les perspectives croissantes de redémarrage de l’économie mondiale poussent les investisseurs vers des monnaies plus spéculatives et l’aversion au risque est en actuellement en vacances. Le pétrole reste bien orienté, le baril de WTI Light Crude s’approche des 67 dollars alors que l’or est en embuscade autour de la barre des 1900 dollars l’once. Le métal jaune regarde sa prochaine résistance, qui se situe à 1959 dollars (son top du 6 janvier).

Le temps presse pour que les républicains parviennent à un accord sur les infrastructures avec l'administration Biden avant que les démocrates ne fassent cavalier seul, déclare le secrétaire aux transports Pete Buttigieg à CNN. Un élan se dessine vers un accord, mais les deux parties tentent toujours de s'entendre sur une «définition fondamentale et solide» de l'infrastructure, déclare la sénatrice républicaine Shelley Moore Capito sur la chaîne Fox.

Les opposants de Benjamin Netanyahu se rapprochent de l'éviction du Premier ministre israélien après qu'un allié clé a accepté de rejoindre le gouvernement de coalition alternatif qu'ils tentent de former. Naftali Bennett déclare qu'il a l'intention de «travailler de toutes ses forces» pour former un «gouvernement de changement» avec l'ancien ministre des finances Yair Lapid. Il y a deux semaines à peine, Bennett s'est retiré des pourparlers avec Lapid pendant les combats dans la bande de Gaza. Le revirement de dimanche intervient dans le cadre d'une campagne visant à remplacer Monsieur Netanyahou, qui fait l'objet de multiples accusations de corruption.

L'Afrique du Sud et le Nigeria annoncent de nouvelles règles de confinement et la Malaisie implémente de nouvelles restrictions alors que l'offre de lits de soins intensifs se resserre. La Chine confine un quartier de Guangzhou. Le Texas enregistre le moins de cas depuis mars 2020 et les hospitalisations sont en chute libre, alors que le nombre de cas est au plus bas depuis un an dans tout le pays.

Cette semaine, nous allons commencer par bien nous ennuyer aujourd’hui, orphelins que nous serons de Wall Street et de Londres. Tesla organise un grand événement pour présenter sa nouvelle Model S Plaid, tandis que le monde de la technologie suivra le salon COMPUTEX, la conférence des développeurs de Facebook et le symposium annuel de Taiwan Semiconductor Manufacturing. Les rapports économiques attendus comprennent une mise à jour des dépenses de construction, les impressions PMI et le rapport sur l'emploi de mai. Les investisseurs pourraient être inquiets si le rapport sur l'emploi de vendred déçoit pour un deuxième mois consécutif. Les PMIs seront aussi très importants, ces indicateurs de la confiance des directeurs d’achats sont d’excellents indicateurs avancés et permettent souvent de se faire une meilleure idée de où l’on se trouve sur le cycle économique.

La masse monétaire M3 d'avril en zone euro (10h00) précèdera l'indice préliminaire des prix à la consommation allemands en mai (14h00). Ce matin, le Japon a fait état d'une production industrielle d'avril en progression moins dynamique prévu, tandis que l'indice PMI manufacturier chinois s'établissait à 51 points en mai (51,1 pour le consensus).

Le CEO d'Intel pense toujours qu'il faudra plusieurs années pour résorber la pénurie de semiconducteurs. Un document interne de Nestlé révèle que 60% des produits vendus ne sont pas en phase avec la définition actuelle de produits sains, selon le Financial Times. Crédit Suisse veut mettre un terme aux relations avec Softbank. Novartis contraint de stopper plusieurs essais cliniques avec son médicament oculaire Beovu. Volkswagen veut nommer deux nouveaux directeurs d'exploitation pour superviser notamment ses marques haut de gamme et ses marques de volume, selon l'Automobilwoche. Neymar accuse Nike de «mensonge absurde» au sujet d'une enquête pour agression sexuelle. Goodyear accusé de violations du droit du travail en Malaisie.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en ordre dispersé. Tokyo recule de 0,99% à la cloche, Hong Kong rend 0,56%, Shanghai progresse de 0,14% et Séoul gagne 0,48%. Le future SPX traite autour de l’équilibre, rappelons encore que Wall Street n’ouvrira pas aujourd’hui, et l’Europe est indiquée en très légère baisse à l’ouverture.