Gonet: l'actualité des marchés au 26 avril

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Nasdaq +1,44%, Dow +0,67%, SPX +1,09%, Russell +1,8%, SOX +2,04%, Eurostoxx -0,04%, SMI -0,22%.

Wall Street se met en mode quasi euphorique et endort encore un peu plus les ours (bears). L’indice S&P500 (SPX) teste son record historique sans raison particulière. Alors oui, on lit de ci de là dans la presse que le projet de taxation de Joe Biden ne serait pas si agressif que ça, ce qui semble un peu léger pour justifier les mouvements de vendredi. Les statistiques macro-économiques du jour sont bonnes (US Markit PMI manufacturier et des services à leur plus haut de tous les temps, ventes de maisons neuves au mieux depuis 2006, sachant que le marché immobilier US est cher, à son niveau de 2007…). Donc, de vagues bonnes nouvelles dans les journaux et une économie américaine qui semble se porter de mieux en mieux. Ajoutez à cela des résultats de sociétés excellents, 83% des firmes ayant rapporté ont battu les attentes, et vous y êtes, le marché des actions se lâche. Ceci dit, il se lâche en toute discrétion, les volumes d’échanges sont vraiment faibles et, si l’on décortique la hausse de vendredi, on réalise que ce sont surtout les valeurs spéculatives et dites «leveraged» qui sont en feu, accompagnées par les financières, les materials et les valeurs technologiques.

Malgré les excellentes statistiques économiques du jour, les intervenants viennent acheter les bons du trésor, le rendement du 10 ans US reculant à 1,53% vendredi, pour revenir à 1,57% ce matin. Le dollar n’y arrive plus, le Dollar Index (DXY) casse les 91, traite à 90,75 ce matin et regarde désormais le niveau de 90, puis 89,20 si cassure il y aura. La paire eur/usd évolue à 1,2103. Le marché semble considérer que les fondamentaux économiques traditionnels favorisent les autres devises, tout comme les projets du président Joe Biden de dépenses budgétaires massives. La volatilité recule à nouveau, le VIX perd 7,3% à 17,33. La faiblesse du billet vert ne permet pas à l’or de décoller, l’once traite à 1779 dollars. Du côté de l’or noir, on fait grise mine, les stocks hebdomadaires sont passés par là et le marché indien inquiète, qui est le troisième plus gros consommateur de pétrole au monde, la pandémie de coronavirus est en train d’y faire un véritable carnage.

Petit détour par les indicateurs internes de marché avec l’indice AAIIBEAR, qui indique dans quel état d’esprit les investisseurs individuels américains (AAII = American Association of Individual Investors) se trouvent. Et bien cet indice est à son plus bas niveau depuis 2019, ce qui nous indique que les petits porteurs baissiers (les ours) sont dans un état de quasi hibernation. En parallèle, je note que le SPX n’a pas vécu une séance baissière de plus de 1% depuis le début du mois de mars, sacrée hibernation que traversent ces pauvre ours…

Cette semaine marquera la fin du mois, on pourrait assister à un regain de volatilité dans les indices à cette occasion. Hormis cette mise en bouche, les marchés auront fort à faire avec la réunion de la Fed et un déluge de résultats de sociétés et pas des moindres, j’y reviens. La Fed tout d’abord: les investisseurs suivront surtout la conférence de presse de Jerome Powell, qui suivra la réunion du FOMC, mercredi, afin d'obtenir des indications sur la façon dont la Fed envisage la montée imminente de la pression inflationniste, qui pourrait l'obliger à réduire son programme mensuel d'achat d'actifs de 120 milliards de dollars. Sur la partie des résultats de sociétés, on peut affirmer sans hésiter que cette semaine sera la mère de toutes les semaines de cette saison des résultats du premier trimestre. 179 firmes du SPX vont se plier au délicat exercice. Rien que dans le secteur de la technologie, nous aurons notamment droit à Apple, Microsoft, Amazon, Alphabet, Facebook et Tesla. Attachez vos ceintures donc…

Les chiffres de la publicité de Google seront sous les feux de la rampe lorsque Alphabet, sa société mère, publiera ses résultats. Un afflux inattendu de publicités au cours des derniers mois de l'année dernière a permis à Google d'augmenter ses revenus bien au-delà des prévisions de Wall Street. Le chiffre d'affaires d'Alphabet a augmenté de 13% sur l'ensemble de l'année, alors même que les secteurs non numériques du secteur mondial de la publicité se sont contractés d'environ 20%. Le boom des ventes de PC, la forte demande de jeux vidéo et l'utilisation accrue des services en nuage devraient faire grimper les revenus de Microsoft. Le trimestre dernier, la société a enregistré une hausse de 17% de ses revenus, qui ont atteint 43,1 milliards de dollars. Ce bond a démenti les attentes de Wall Street, qui prévoyait un ralentissement du taux de croissance de l'éditeur américain de logiciels à moins de 10%. Chez Apple, les ventes d'iPads et de son unité «wearables», qui comprend les AirPods et l'Apple Watch, devraient stimuler les bénéfices. Les ventes des cinq catégories de produits de l'entreprise de 2,3 trillions de dollars ont connu une croissance à deux chiffres en janvier, l'iPhone étant la catégorie du groupe qui connaît la plus faible croissance en raison de contraintes d'approvisionnement et du lancement retardé de ses premiers smartphones compatibles 5G. La poussée vers le commerce électronique pendant les périodes de confinements dues au coronavirus a porté ses fruits pour Facebook, qui a affiché un chiffre d'affaires trimestriel record en janvier. Mais les prévisions pourraient être incertaines pour ce trimestre après que le directeur général Mark Zuckerberg a mis en garde contre la menace concurrentielle croissante d'Apple. L'initiative d'Amazon visant à renforcer son infrastructure pour offrir une expédition en un jour, la croissance d'autres parties de l'entreprise et les chiffres en hausse des abonnements Prime devraient stimuler les bénéfices du géant du commerce électronique. Les bénéfices d'Amazon pendant la période des fêtes ont largement dépassé les attentes des analystes au trimestre dernier. Le détaillant a dépassé les estimations de revenus, mais c'est le fort revenu net qui a le plus surpris les investisseurs: 3,3 milliards de dollars contre un consensus de 1,97 milliard de dollars.

Attention aux puces! On reparle à nouveau de la pénurie de semi-conducteurs autour du globe, qui se propage aux smartphones, aux télévisions et aux équipements de domotique. Samsung et LG font partie des entreprises touchées.

Qui dit weekend dit Barron’s. Le célèbre et très respecté hebdomadaire financier conduit son grand sondage auprès d’investisseurs professionnels aux Etats-Unis, le fameux «Big Money Poll». Ces derniers restent très optimistes quant à la hausse des indices d’actions, 67% des sondés se disant bullish (haussiers) contre 54% lors du dernier sondage. Barron's est par ailleurs positif sur les géants de l'alimentation emballée que sont Hershey (HSY), Mondelez International (MDLZ), Conagra Brands (CAG), J.M. Smucker (SJM), Hostess Brands (TWNK), Kraft Heinz (KHC), General Mills (GIS), Kellogg (K) et Campbell Soup (CPB), en raison de leurs valorisations bon marché, de leurs rendements en dividendes généreux qui peuvent servir d'alternative aux obligations et de leurs perspectives de croissance plus intéressantes qu'il n'y paraît (ceci est donc l’avis de Barron’s).

L'indice Ifo du climat des affaires d'avril en Allemagne sera dévoilé à 10h00. Aux Etats-Unis, les commandes de biens durables de mars seront publiées à 14h30.

Le résultat opérationnel de Philips a dépassé les attentes au premier trimestre. Le groupe a relevé sa prévision de chiffre d'affaires annuel. Chez Kuehne+Nagel,  les résultats du premier trimestre sont largement supérieurs aux attentes du consensus. Les prévisions sont prudemment optimistes. Nestlé négocie officiellement le rachat du fabricant de compléments alimentaires Bountiful à KKR. Les discussions pourraient porter sur 5 milliards de dollars, selon le Wall Street Journal. Des actionnaires du Crédit Suisse réclament la tête du patron du risque de la banque après les scandales Greensill et Archegos. Apple va appliquer sa nouvelle règle sur la confidentialité des données. 3D Investment Partners, le second actionnaire de Toshiba, demande au groupe de se mettre officiellement à la recherche d'un acquéreur. Crédit Suisse effectue un double downgrade sur AMS (inquiétudes vis-à-vis d’Apple).

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices sont divisés. Tokyo progresse de 0,36% à la cloche, Hong Kong recule de 0,16%, Shanghai abandonne 0,52% et Séoul s’adjuge 1%. Le future SPX et son compère de l’Eurostoxx évoluent de concert, à l’équilibre. Bienvenue dans la semaine de tous les earnings!

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