Gonet: l'actualité des marchés au 25 janvier

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

4 minutes de lecture

Nasdaq +0,09%, Dow -0,57%, SPX -0,30%, Russell +1,3%, SOX -1,84%, Eurostoxx -0,44%, SMI +0,16%.

Wall Street clôture sa semaine en ordre dispersé. La performance hebdomadaire des principaux indices n’est pas mauvaise, le Dow Jones fait du surplace, le S&P500 (SPX) gagne 1,2% et le Nasdaq progresse de 3,3%. En décortiquant la séance de vendredi, on peut toutefois se poser des questions quant à l’état réel de ce marché. Tout d’abord les mauvaises nouvelles sont superbement ignorées. Par exemple, on fait fi dans les salles de marchés des multiples annonces autour du globe de confinements et autres restrictions sanitaires.

Mais ce qui retient l’attention, c’est surtout l’impact croissant des robinhooders sur les volumes d’échanges et les cours des actifs. En résumé, cette catégorie d’investisseurs discute de certaines actions dans des «chat rooms», des forums de discussion. Leur approche n’a absolument rien d’académique, ils s’amusent, se passionnent pour un sujet et agissent. Ils sont petits mais fort nombreux. Vendredi, le thème était principalement de s’attaquer aux shorts (les vendeurs à découvert). Prenez GameStop (GME +51%). Le titre est mentionné dans les chat rooms et atteint son plus haut niveau de tous les temps en séance, avant d’être stoppé. Petit détail, GameStop est censé faire faillite, ça laisse songeur. Et ce n’est pas tout, Express Inc (EXPR +53%) et AMC Entertainment (AMC +17,8%) reçoivent le même traitement et poussent le Russell2000 (RTY) vers le haut, le RTY terminant sa journée en progression de 1,3% après avoir reculé de 3% en séance…Voici maintenant les noms (ou plutôt les codes) des firmes mentionnées sur les chat rooms vendredi: EXPR +53,0%, GME +51,1%, CCIHY +37,0%, PLTR +25,4%, JMIA +25,0%, NCTY +22,9%, TELL +22,2%, IBIO +20,5%, BNGO +18,5%, SFIX +18,1%, KC +17,9%, GSX +17,8%, AMC +17,8%, SOL +15,2%, GEVO +13,0%, BBBY +12,4%, CBAT +12,0%, BB +9,3%, BEAM +7,4%, FUBO +6,3%, NIO +6,2%. Toutes ces firmes ne sont pas forcément à jeter à la poubelle mais il faut garder en tête que ces hausses se sont faites sur la base de zéro nouvelle, sur du vent, de la pure spéculation. Voyez d’ailleurs la disparité entre le SPX, le Dow  Jones, le Nasdaq100 d’un côté et le RTY de l’autre. Et puis les robinhooders ont la facheuse tendance à se précipiter. Ces deux derniers jours, la firme Forward Industries a été l’objet de nombreuses discussions, fort positives au demeurant, qui ont propulsé le titre à la hausse. Le hic, c’est que le code, le ticker de Forward Industries, c’est FORD. Et devinez donc qui en a profité? Je vous le donne en mille, notre bon vieux constructeur automobile, ticker F, a gagné 15% sur les trois dernières séances, scary…

La volatilité remonte légèrement, l’indice VIX à 21,91, le rendement de l’emprunt US revient à 1,10%, le dollar reprend ses bonnes vieilles habitudes et s’affaiblit légèrement, le Dollar Index (DXY) à 90,10, la paire eur/usd à 1,2175. Le pétrole est stable, à 52,40 dollars le baril de WTI Light Crude, l’or se pose à 1850 dollars par once, c’est une ambiance assez neutre qui anime le marché ce matin, même si les futures des indices d’actions pointent vers le nord. C’est une grosse semaine qui débute pour les marchés, qui devront digérer une quasi tonne de résultats de sociétés. 13 membres du Dow Jones et 111 firmes du S&P500 (SPX) publient leurs chiffres, dont notamment Apple, Microsft, Tesla, McDonald’s, Honeywell, Caterpillar et Boeing. La saison du quatrième trimestre a bien débuté, 73% des firmes s’étant déjà prêtées à l’exercice ont battu les attentes des analystes, autant au niveau des ventes que des bénéfices.

Les marchés semblent être en train de caler, la question taraude plus d’un dans les salles de marché: qui sera le plus fort? le plan de relance de Joe Biden, associé aux banques centrales et au vaccin, ou le virus, qui n’a jamais été autant en forme? Et on doute de plus en plus car la course vaccinale semble mal engagée. Les statistiques sont implacables: le gouvernement Johnson au Royaume-Uni, souvent raillé pour son amateurisme, a déjà traité 10% de la population britannique. Aux Etats-Unis, où l’administration Trump est toujours passée pour avoir traité à minima les questions sanitaires, le taux de vaccination est quatre fois supérieur à celui de la France et trois fois au-dessus de celui de la Suisse. Ce manque d’efficacité, indépendamment des indéniables problématiques industrielles liées à la production des vaccins, est en train de remonter à la surface. Dans ce contexte, la saison des résultats de sociétés au quatrième trimestre revêt probablement encore plus d’importance que d’habitude.

L’indice d’activité «flash» PMI composite américain est ressorti à 58 en janvier, contre un consensus de marché de 55,5 et après 55,7 en décembre. L’indicateur manufacturier s’est établi à 59,1, contre 56,5 de consensus. L’indicateur des services est ressorti à 57,5 contre un consensus de 53,8. Les deux composantes de l’indice signalent donc une accélération de la croissance en janvier. Par ailleurs, les reventes de logements existants ont atteint 6,76 millions en décembre, pour un consensus de 6,55 millions et après 6,69 millions en novembre.

Le Wall Street Journal publie un article plutôt inquiétant, indiquant que les investisseurs accumulent des paris qui deviendront rentables si les actions continuent de battre des records. Selon le WSJ, L’activité sur les options se poursuit à un rythme effréné en janvier, dans la lignée des volumes records de 2020. C’est le dernier signe d’optimisme qui se manifeste sur les marchés, les investisseurs individuels et institutionnels prenant des options haussières pour profiter des gains boursiers et abandonner les paris baissiers. Plus de 500 milliards de dollars d’options sur des actions individuelles ont été échangés rien que le 8 janvier, le plus haut niveau jamais atteint en une seule journée, selon Goldman Sachs. 500 milliards…ça fait combien de vaccins ça? Il faut surveiller cela, en boxe, on appelle ça baisser sa garde et on sait ce que cela implique…

Le World Economic Forum (WEF) démarre, virtuellement. Le président chinois Xi est la vedette du premier jour. Au cours des prochains jours, nous entendrons également des dirigeants tels qu’Emmanuel Macron, Angela Merkel, Yoshihide Suga et Narendra Modi, ainsi que les banquiers centraux Christine Lagarde et Andrew Bailey. L’économie mondiale étant en plein bouleversement, les sujets abordés iront des systèmes économiques et sociaux équitables à la numérisation et à la crise climatique.

Les cas de Covid-19 dans le monde approchent les 100 millions, alors que les infections aux États-Unis ont dépassé les 25 millions. Le Royaume-Uni envisage de renforcer les contrôles aux frontières, tandis que la France pourrait confiner ses citoyens à nouveau dans les jours à venir. Hong Kong indique qu’il faudra davantage de confinement à l’avenir. L’Australie est en bonne voie pour ses premières vaccinations à la fin du mois de février. La Nouvelle-Zélande envisage de durcir ses règles de voyage après avoir signalé son premier cas en deux mois.

Taïwan a toujours un ami aux Etats-Unis. Samedi, le département d’État américain a exhorté Pékin à engager un dialogue avec les dirigeants démocratiquement élus de l’île et à cesser d’exercer des pressions militaires, diplomatiques et économiques sur Taipei. Il a qualifié l’engagement des États-Unis envers Taïwan de «solide comme un roc». La Chine avait auparavant envoyé une flotte de 13 avions militaires - dont des bombardiers - dans la zone d’identification de la défense aérienne de l’île.

C’est tout sauf anecdotique, la Chine a dépassé les États-Unis comme première destination mondiale pour les nouveaux investissements étrangers directs l’année dernière, alors que la pandémie de Covid-19 amplifie un déplacement vers l’est du centre de gravité de l’économie mondiale. Les nouveaux investissements des entreprises étrangères aux États-Unis, qui ont occupé la première place pendant des décennies, ont chuté de 49 % en 2020, selon les chiffres des Nations unies publiés dimanche, alors que le pays luttait pour freiner la propagation du nouveau coronavirus et que la production économique s’effondrait.

Deux indicateurs d’activité aujourd’hui, l’Ifo des confiance des milieux d’affaires allemands (10h00) et l’indice d’activité de la Fed de Chicago (14h30). Cette semaine, le Forum économique mondial de Davos sera en ligne toute la semaine. La Réserve fédérale tient sa première réunion de 2021 et les États-Unis publient leur première lecture du produit intérieur brut du quatrième trimestre. Les chiffres du chômage au Royaume-Uni et en Allemagne sont publiés, ainsi que les chiffres clés du PIB en Europe et en Asie.

Volkswagen discute avec ses fournisseurs de pénalités à cause des arrêts de ligne de production dus à des ruptures de stocks de puces électroniques. Deutsche Bank a ouvert une enquête sur de présumées ventes illégales par ses salariés de produits d’investissement à des clients, après des révélations du Financial Times. L’Allemagne a commandé 200’000 doses pour 400 millions d’euros du traitement expérimental de Regeneron à base d’anticorps administré à Donald Trump. 7-Eleven mandate des banques pour une émission obligataire géante de près de 11 milliards de dollars (7-Eleven…11 milliards…). Toshiba flambe avant son retour vendredi dans le première section de la Bourse de Tokyo. Intel (INTC -9,3%) Les marchés sont pris à contre-pied par les premières déclarations de son nouveau CEO, Pat Gelsinger, qui s’engage à maintenir une stratégie intégrée, et à fabriquer en interne l’essentiel des microprocesseurs conçus par le groupe. Les analystes tablaient au contraire sur une stratégie d’externalisation massive de sa production de puces.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en hausse, Tokyo progresse de 0,67% à la cloche, Hong Kong avance de 2,15%, Shanghai gagne 0,49% et Séoul prend 2,18%.Le future SPX gagne 16 points et l’Europe est indiquée en progression d’un demi pourcent à l’ouverture de 9 heures.

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