Gonet: l'actualité des marchés au 15 janvier

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Nasdaq -0,12%, Dow -0,22%, SPX -0,38%, Russell +2,05%, SOX +2,1%, Eurostoxx +0,69%, SMI +0,04%.

Wall Street cale sur les annonces de Joe Biden. Le président élu dévoile son projet de relance qui se monte à 1900 milliards de dollars, le but étant de compenser les dégâts économiques de la crise sanitaire et accélérer la lutte contre l’épidémie aux Etats-Unis, pays le plus touché au monde. De son côté, le président de la Fed, Jerome Powell, assure que la banque centrale américaine n’est pas près de réduire son soutien aux marchés. Sur le marché de l’emploi US, les inscriptions au chômage s’envolent la semaine dernière, frôlant le million sur fond de résurgence de l’épidémie de COVID-19.

Joe  Biden et son annonce, on s’y attendait, Jerome Powell et son soutien aussi et le marché ne peut que souffrir d’un changement d’optique de la Fed, aussi minime soit-il. Les demandes d’allocations chômage en forte hausses sont à prendre avec du recul, elle sont hebdomadaires, cela demande confirmation. Ceci dit, le marché semble à court d’idées pour aller franchement plus haut, en tout cas en l’état. La saison des résultats de sociétés débute, qui pourrait bien donner un peu d’inspiration à nouveau aux intervenants. Les indices clôturent proches de leur plus bas du jour, à l’exception notable du Russell2000 (RTY), qui fait l’objet de couvertures de positions shorts massives, les robinhooders sont au boulot. Les volumes d’échanges sont sains avec 14.3 milliards de titres traités sur le NYSE. 

Joe Biden annonce donc un plan de 1900 milliards de dollars.  Ce plan comprendra 415 milliards destinés à renforcer la lutte et la vaccination contre le covid, environ 1’000 milliards d’aides directes aux ménages et quelque 440 milliards d’aides aux petites entreprises et aux municipalités les plus gravement touchées par la crise sanitaire. Des chèques de 1’400 dollars seront versés aux Américains, bien plus que les 600 dollars versés au titre du dernier plan de relance voté par le Congrès. L’allocation chômage sera augmentée à 400 dollars par semaine, contre 300 actuellement, et prolongée jusqu’en septembre, précise l’entourage du président élu.

L’inflation accélère en décembre. Hier, le président de la Fed Jerome Powell se veut rassurant sur ce dernier point, assurant que la banque centrale américaine préviendrait ‘’très en avance’’ les marchés lorsqu’elle déciderait de réduire ses achats d’obligations d’Etat et de titres adossées à des prêts hypothécaires (MBS). La question du «tapering» n’est actuellement pas d’actualité, affirme Monsieur Powell, ajoutant que la Fed attendra d’avoir des «preuves claires» de progrès en matière d’emploi et d’objectifs d’inflation avant de réduire son soutien. L’indice des prix à la consommation a progressé de 0,4% en décembre sur un mois, après +0,2% en novembre. Sur un an, les prix ont augmenté de 1,4% en glissement annuel, ce qui reste très inférieur à l’objectif de 2% de la Réserve fédérale américaine. Les prix à l’importation en décembre ont augmenté de 0,9% sur un mois, après +0,1% en novembre, et reculent encore de 0,3% en glissement annuel. Les prix à l’export ont, de leur côté, progressé de 1,1% sur un mois et avancent de 0,2% sur un an.

Il est également probable que la BCE se tienne à carreau pendant un certain temps. Le conseil des gouverneurs devrait laisser les politiques ultra-accommodantes adoptées en décembre faire leur travail. La plupart des économistes s’attendent à ce que la banque utilise au maximum son programme d’achat d’obligations tout en maintenant le taux de dépôt à -0,5% au moins jusqu’à la fin de l’année 2022.

Au chapitre de l’emploi US, ça se détériore donc avec l’annonce de la suppression de 140’000 emplois en décembre, la première baisse après 5 mois de redressement. Les chiffres hebdomadaires, publié hier, confirment ces difficultés : les inscriptions au chômage sont reparties en forte hausse pour la semaine close au 9 janvier, à près d’un million (965’000), en hausse de 181’000 par rapport à la semaine antérieure. Les demandes sont ainsi remontées au plus haut depuis le mois d’août et sont nettement plus élevées qu’attendu, puisque le consensus était positionné à 789’000.

Le nombre de décès du coronavirus dépasse désormais 1,98 million dans le monde, dont plus de 386’000 aux Etats-Unis, le pays le plus endeuillé par la pandémie. Mardi a été la journée la plus meurtrière aux Etats-Unis avec 4’400 décès du Covid-19, puis 3’922 morts mercredi, selon le New York Times. Depuis le début de la campagne de vaccination, plus de 10,3 millions d’Américains ont reçu la première injection de vaccin, et 29,3 millions de doses ont été mises sur le marché, des chiffres impressionnants, mais qui sont inférieurs aux prévisions initiales des autorités américaines. Le Royaume-Uni vise à vacciner toutes les personnes de plus de 50 ans d’ici la fin mars, rapporte le Times. Le pays a suspendu les vols en provenance des pays d’Amérique du Sud et du Portugal en raison des inquiétudes concernant une nouvelle variante apparue au Brésil. La France étend à tout le pays un couvre-feu quotidien de 12 heures, et Angela Merkel envisage un verrouillage plus strict, car les hôpitaux de certains États allemands manquent de lits en soins intensifs. 

L’administration Trump ajoute 9 entreprises chinoises à une liste noire pour des liens militaires, dont le fabricant de smartphones Xiaomi et le fabricant d’avions Comac. Elles rejoignent ainsi plus de 60 autres entreprises nommées le mois dernier. Les investisseurs américains doivent liquider leurs participations dans ces entreprises d’ici novembre prochain. Cnooc, déjà sur la liste du Pentagone, a été mis sur la «liste des entités» du ministère du commerce pour son forage dans la mer de Chine méridionale. Les groupes américains ne pourront pas exporter de produits vers Cnooc sans une licence difficile à obtenir. Xiaomi s’effondre en bourse.

C’est aujourd’hui que débute réellement la saison des résultats d’entreprises américaines au quatrième trimestre. On s’attend dans les salles de marchés à ce que JP Morgan publie des résultats solides, qui devraient placer la barre très haut pour ses pairs. Les analystes s’attendent à de fortes recettes sur les marchés des capitaux dans un contexte de hausse des échanges. Les projecteurs seront aussi braqués sur les priorités du nouveau CEO de Citigroup. Attendez-vous à une pression potentielle sur les revenus et les intérêts nets de Wells Fargo, selon Bloomberg Intelligence.

Quelques données pour clôturer la semaine. En Europe, le PIB mensuel britannique précèdera la balance commerciale de l’UE. Aux Etats-Unis, l’attention se portera surtout sur les ventes de détail, l’Indice Empire Manufacturing et l’inflation (14h30), puis sur la production industrielle (15h15) et les l’indice de confiance des consommateurs de l’Université du Michigan.

Wells Fargo cherche preneur pour sa division de gestion d’actifs, selon Reuters. SAP attend des revenus 2021 stables voire en légère hausse, pour une légère contraction de son résultat opérationnel. Intéressant, la pénurie de semiconducteurs pour l’industrie automobile force Daimler à réduire sa production et le temps de travail dans deux usines, selon le Handelsblatt. Google conclut le rachat de Fitbit mais l’examen des régulateurs se poursuit. Gamestop s’envole à Wall Street, a priori poussé par le groupe de discussions WallStreetBets sur Reddit. Rio Tinto entre sur le marché du scandium avec la construction d’une nouvelle usine au Canada.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en ordre dispersé. Tokyo recule de 0.62% à la cloche, Hong Kong progresse de 0.31%, Shanghai traite à l’équilibre et Séoul rend 2.03%. Le future SPX recule de 15 points, mais récupère déjà du terrain, et l’Europe est indiquée en repli de 0.6%. Le rendement de l’emprunt US à 10 ans reste stable, à 1.10%, le dollar semble se plaire à se balader au bord d’un précipice, le Dollar Index (DXY) traite juste au-dessus de 90 et la paire eur/usd évolue à 1.2137, support en vue à 1.2131. L’or traite à 1850 dollars par once et le pétrole se maintient légèrement au-dessus des 53 dollars par baril de WTI Light Crude. 

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