Gonet: l'actualité des marchés au 15 décembre

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow +0,43%, S&P 500 +0,26%, Nasdaq +0,19%, Russell +2,72%, SOX +2,67%, Eurostoxx +0,2%, SMI +0,19%.

Un vent d’euphorie se lève imperceptiblement sur les places financières américaines, qui souffle lentement notamment en direction de la vieille Europe, voyez par exemple les performances de Sika et Geberit hier (+7,32% respectivement +6,25%).

Jerome Powell, le patron de la finance mondiale, a allumé la mèche mercredi soir en ouvrant la voie à des baisses de taux par la Fed l’an prochain. Hier la Banque Nationale Suisse (BNS) se range à ses côtés en maintenant son taux directeur inchangé à 1,75% et surtout en annonçant que les pressions inflationnistes ont légèrement reculé en Suisse et que la BNS est prête à intervenir dans le marché des changes en cas de besoin. Je note par ailleurs que les mots «hausses de taux possibles dans le futur» disparaissent du communiqué de la BNS. Voilà donc Thomas Jordan et ses amis redevenus colombes, ce qui est tout sauf anecdotique. Il y a peu encore, la BNS nous disait vendre des euros contre franc afin de mettre dame inflation à genou. Cette dernière ayant obtempéré (1,4%, c’est dans la fourchette tolérée par la BNS), Thomas Jordan & Co songent désormais probablement à ne plus laisser le franc grimper comme il l’a récemment fait. Ce d’autant plus que le 7 décembre la paire EUR/CHF a tenté de casser son support de 0,9410 (0,9403 durant la séance), ce qui a dû déclencher une bonne centaine d’alarmes à la BNS, si ce niveau est franchi, ensuite techniquement le spectre du 15 janvier 2015 redevient d’actualité. Et puis peut-être bien que Thomas Jordan a reçu quelques coups de fils plutôt «pêchus» de quelques CEOs de sociétés exportatrices helvétiques lui ordonnant demandant de les aider à respirer quelque peu. Résultat des courses, un EUR/CHF de retour à 0,9520 ce matin et mon petit doigt qui se demande si notre chère monnaie helvétique ne pourrait pas souffrir quelque peu à son tour l’an prochain. Et donc Sika et Geberit en mode Space-X, le puzzle prend forme.

La Fed et la BNS sont donc les meilleures amies des taureaux en cette fin d’année 2023, mais alors que dire de la bande d’empêcheuses de monter en rond que sont la BCE et la Banque d’Angleterre? Ces deux-là admettent que l’inflation recule mais refusent de rejoindre les rangs des colombes. Christine Lagarde affirme même plutôt brutalement: «nous n’avons pas discuté de baisses de taux». Cela explique le retour de la paire EUR/USD à 1,0970, résistance à 1,10, si ça casse il n’y pas grand-chose pour stopper cette paire avant 1,1276. Du coup, les bourses européennes boudent la fête américaine, elles progressent sur la journée pour la plupart mais clôturent nettement plus bas que leur haut du jour.

À Wall Street en revanche, on sabre le champagne sans vergogne. Les principaux indices poursuivent leur marche forcée vers de nouveaux sommets, le Dow consolide le sien, le Nasdaq100 (NDX) recule un chouia mais qui donc s’en soucie? Les petites capitalisations sont encore et toujours recherchées, le Russell2000 gagne près de 3% et a progressé de 7% rien que cette semaine. On recherche plutôt les actions cycliques / de valeur, les titres de croissance sont au second plan hier. La volatilité récupère 2,3%, le VIX clôture à 12,48, il est si bas que l’on peut aisément comprendre que des intervenants achètent de la protection en l’état. À ce propos, le marché obligataire reste demandé, le rendement du 2 ans US se maintient à 4.39%, le 10 ans à 3,92%, les investisseurs restent acheteurs de cette classe d’actifs, ils anticipent encore et toujours le début de baisses de taux l’an prochain. Les obligations investment grade à moyen/long terme offrent encore des rendements intéressants et constituent une protection naturelle gratuite face à un marché des actions qui flirte avec ses plus hauts historiques.

Le pétrole se maintient au-dessus de 70 dollars le baril de WTI Light Crude (71,64 dollars ce matin), l’or traite à 2037 dollars par once.

En Chine, la banque centrale (PBoC) injecte un montant net de 800 milliards de yuans (112 milliards de dollars) par le biais de prêts à un an, soit le montant le plus élevé jamais atteint. Les données publiées aujourd'hui apportent de nouvelles preuves des difficultés économiques du pays: la production industrielle de novembre a dépassé les attentes, mais l'investissement dans le développement immobilier est resté un frein important, chutant de 9,4%.

Les dirigeants européens ne parviennent pas à se mettre d'accord sur un nouveau programme d'aide financière de 50 milliards d'euros pour l'Ukraine, renvoyant le débat au début de l'année prochaine. Kiev avait remporté une victoire politique importante lorsque l'Union européenne avait accepté, contre toute attente, d'entamer des négociations d'adhésion. La Moldavie entame également des pourparlers d'adhésion.

Joe Biden exhorte Israël à «être plus prudent» dans sa campagne militaire dans la bande de Gaza. «Je veux qu'ils se concentrent sur la manière de sauver des vies civiles, et non pas qu'ils arrêtent de s'en prendre au Hamas».

Au menu macro-économique du jour, l'attention se portera sur l'indice des prix à la consommation harmonisé en France (sortis légèrement au-dessus des attentes) et les PMI de la France (09h15), de l'Allemagne (09h30) et de la zone euro (10h00). Au Royaume-Uni, les PMI seront publiés à 10h30, suivis par les données sur les coûts de la main-d'œuvre et la balance commerciale dans la zone euro (11h00). L'après-midi sera consacrée aux Etats-Unis avec l'Empire Manufacturing (14h30), l'utilisation des capacités et la production industrielle (15h15), et les PMI (15h45).

Costco gagne 1,3% après la publication de ses trimestriels. Davide Campari rachète la maison de cognac Courvoisier à Beam Suntory pour 1,2 milliard de dollars. Unilever en pourparlers avancés pour vendre Elida Beauty à Yellow Wood. Implenia remporte en Suisse et en Allemagne des marchés dans le bâtiment d’une valeur totale de plus de 220 millions de francs. Cruise (General Motors) supprime 24% de ses effectifs.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en hausse hormis Shanghai qui perd 0,56%. Tokyo progresse de 0,87% à la cloche, Hong Kong gagne 2,38%, Séoul avance de 0,76% et le Nifty 50 monte de 0,66%. Le future SPX grimpe de 10 points supplémentaires et l’Europe ouvre en progression de 0,4%.

L’indice Russell2000 (RTY) des 2'000 plus petites capitalisations de la bourse américaine clôture pile à 2000 points, en territoire suracheté et, comme indiqué plus haut, en hausse de 7% sur la semaine. On sait pourquoi les petites et moyennes capitalisations sont recherchées à nouveau, le violent repli des rendements obligataires implique des coûts de financement en baisse pour ces firmes fort demandeuses en la matière. En Suisse aussi ce phénomène est observé, depuis le 26 octobre l’indice SMIM des moyennes capitalisations a rebondi de 12,6% et teste en ce moment-même sa moyenne mobile à 200 jours. Cette fin d’année sent le FOMO (Fear Of Missing Out) à plein nez.

 

L’actualité des marchés revient lundi 8 janvier, très belles fêtes de fin d’année à toutes et tous.

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