La crise permanente, l’oligarchie financière et l’échec de la démocratie

Présélection prix Turgot 2018

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Marc Chesney, Editions Quanto.

L'avis du Club de présélection du prix Turgot
Philippe Alezard

Marc Chesney fait une critique acerbe du monde de la finance et de l’économie financiarisée coupable selon lui de toutes les dérives du monde actuel. Il tisse un parallèle risqué entre une jeunesse sacrifiée, perdue dans les tranchées de la première guerre mondiale et celle actuelle sacrifiée, perdue dans l’océan du chômage et de la pauvreté provoqués par la vénalité et l’absence de valeur morale de la finance.

L’hyper-financiarisation néo-libérale née dans les années 1980 met à mal le modèle libéral de Smith, Hayek et Friedman ainsi que les démocraties. Les flux monstrueux de liquidités déversés par les banques centrales ont permis la création de dettes colossales non productives et le développement d’une finance de gré-à-gré dont l’opacité est en contradiction directe avec une économie de marché transparente.

Les marchés financiers, système nerveux et poumons de l’économie, sont devenus défectueux. Les manipulations de taux, de devises par les grandes banques mondiales sont avérées. Les capitaux sont utilisés pour ce que l’auteur nomme la finance casino plutôt que pour l’investissement.

Les élites politiques, le monde académique, sont asservis par la dictature des marchés financiers. Leur manque de vision est criant et la faillite du système n’est pas leur centre d’intérêt. Ils préfèrent nier l’existence du problème afin d’éviter de se confronter à sa réalité.

Ce constat étant posé, Marc Chesney s’attache à esquisser quelques pistes pour réanimer la démocratie, en invitant plus directement les citoyens à trancher par voie référendaire, pour remettre la finance au service de la société et dépoussiérer une fiscalité à la complexité kafkaïenne mise en place pour accompagner la révolution industrielle du 19e siècle. Il milite pour un audit des dettes souveraines, la mise en place de taxes sur les transactions financières ainsi que l’instauration d’une d’autorité de certification qui superviserait le lancement de tout nouveau produit financier. Il juge bon, enfin, de repenser l’enseignement de l’économie, de revoir les programmes et contenus des masters et/ou MBA en finance ou économie afin de redonner aux étudiants leurs propres capacités d’analyse.